[FB] Un voyage inoubliable [BRUNHILD NOIRMARÉES]

Brunhild avisa le capitaine du problème et lui dit de faire cap sur Villevieille pour faire réparer le bateau avant le passage des degrés de pierre, hors de question sinon de laisser la cargaison sur ce bateau. Il bougonna un peu, mais elle ne lui laissa pas vraiment le temps de refuser ni d’accepter au demeurant. Elle rejoignit son bord et fit prendre la direction du fief des Hightower à ses boutres. Que le rafiot suive ou non, il saurait où la retrouver. Mais évidemment l’idée de poser le pied sur les terres de ceux qui avaient perverti son fils la rendit exécrable. Alors pour ne pas trop gueuler sur ses hommes gratuitement, elle passa le plus clair de son temps à regarder l'horizon perchée sur la proue en s’accrochant aux cordages. Cela lui donna tout le loisir de réfléchir à la meilleure manière de traverser les degrés de pierre et d'éviter les pirates, et sa menace de changer la cargaison de bateau lui avait donné une idée.

En mettant le pied sur la terre ferme, elle cracha par terre, par principe. Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait escale ici, toujours contrainte et forcée parce qu’elle haïssait cet endroit et ceux qui l’habitaient. Même leur foutue tour regardait tout le monde d’un air hautain et suffisant. Elle le regardait d’un air de défi quand Aenar vint vers elle en lui faisant remarquer que le port avait de la gueule. Elle coula un regard mauvais vers le mercenaire et grogna en guise d'acquiescement. C’est sûr que c’était autre chose que les quais vermoulus de Noirmarées, infiniment plus grands que Lordsport et avec des bateaux venus du monde entier. Elle cracha à nouveau avant de répondre à sa question.

__ Deux jours je pense, peut-être une semaine s’ils doivent tailler une pièce de renfort. Changer la traverse prendrait trop de temps, donc on va faire en sorte qu’elle puisse tenir, sauf si Olig me dit que c’est pas suffisant. On en saura plus dans deux heures.

Vu que le Serpent était un adepte des discours, Brunhild avait eu le temps d’envoyer ses plus habiles négociateurs auprès des charpentiers du port, quand à son propre charpentier il monta sur la cogue pour aller constater le problème et surveiller le boulot des gars de Villevieille. Elle, moins elle se frite aux habitants de cette putain de ville, mieux elle se portait. Fallait juste qu’elle trouve un coin pour picoler. Elle commença à marcher dans ses maudites rues qui lui rappelaient douloureusement son fils à la recherche d’une taverne où se saouler la gueule. Erik descendit précipitamment de la Marée Sanglante pour l'accompagner. Il la rattrapa bientôt.

__ Tu sais Brunhild, je peux aller faire le plein de bière en ville et te la ramener sur la Marée Sanglante.

La guerrière cracha par terre une fois de plus. Erik soupira et jeta un coup d'œil inquiet à Aenar.

Brunhild allait rentrer dans une taverne pour picoler jusqu’à trouver quelqu'un à tabasser pour se détendre dans cette foutue ville de merde maudite entre toutes qui avait vu son fils devenir un adorateur des Sept mollasson. Mais Aenar fit une nouvelle plaisanterie sur… Pardon ? Elle se retourna vivement, mais n’eut pas le temps de voir le coup partir qu’il arriva en plein dans son nez.

__ Putain !

Ça faisait mal ! Elle était un peu sonnée. Erik fut d’ailleurs tout aussi surpris et hésita un moment à sauter sur le mercenaire pour l'empêcher de frapper sa Capitaine. Sauf qu’il la connaissait et clairement, c’était peut-être mieux comme ça, qu’elle se batte avec lui dans la rue plutôt que de finir dans les geôles de Grand Tour pour avoir tué un pauvre type à coups de poings. La blonde pissait le sang, mais elle n’avait pas le temps de se tenir le pif. Par souci d’efficacité, elle glissa sa main vers la garde de son épée, mais se ravisa avec un sourire.

__ Ah tu veux jouer !

La Noirmarées monta sa garde et s’approcha d’un bon pas, armant son poing pour lui rendre son direct. Il l’avait prise par surprise, mais là, elle était prête à encaisser. La feinte du Serpent fonctionna très bien, ainsi, elle parra les coups au visage et lui envoya son poing dans la tronche. Mais elle ne put rien faire pour protéger son foie à temps. Le souffle coupé, elle recula, mais en profita pour tenter d’accrocher les bras d’Aenar pour se rattraper avant d’être trop loin avant de lui mettre un coup de tête. Ça lui rappelait des souvenirs foutrement rafraîchissants, du temps où elle s'entraînait avec son frère, puis avec son mari adoré. Il y avait aussi des ombres, celle de son fils et celle d’Euron, mais il n'était pas temps de penser, plutôt de laisser parler l’instinct et la violence.

Front contre front, les deux combattants devaient avoir perdu quelques neurones dans la manœuvre et tandis qu’Aenar grognait, Brunhild ricana. La douleur n’avait plus de secret pour elle et elle avait enduré bien pire durant sa captivité, ce n’était pas quelques coups qui allaient la décontenancer. Par le Dieu noyé c’était dans ses moments là, ceux où elle souffrait juste assez pour se sentir vivante qu’elle parvenait à se souvenir pourquoi elle était encore en vie.

Mais la blonde n’eut pas le temps de rire bien longtemps qu’Aenar lui accrochait le bras et la faisait reculer jusqu’à un mur pour l’y plaquer. Elle tenta de se dégager, mais manqua de tomber en s’y essayant, aussi elle se contenta de lui accrocher le dos avec sa main pour préserver l’angle de son bras et la courte distance. Elle lui rendit également son coup dans le foie, mais évidemment, vue leur proximité, nettement moins puissant que celui qu’elle avait reçu.

Le souffle coupé par le contact avec le mur elle se prit le premier coup dans le flanc de plein fouet étouffant un grognement et une fois de plus lui coupant le souffle. Elle lâcha même sa prise dans le dos de son adversaire. Pour le coup d’après et les suivant elle se protégeait et tentait de lui rendre la pareille, sans grand succès. Mais quand elle sentit la pression qui la maintenait contre le mur s'alléger, elle saisit l'opportunité de reprendre le dessus.

Brunhild découvrit ses côtés et si le coup d’Aenar lui décrocha un nouveau grognement, elle put lui envoyer un cpup dans le plexus pour le décoller. Pendant ce temps, avec son autre main, elle saisit le poignet du mercenaire, se dégagea sur le côté, tourna sur elle-même et le plaqua face contre le mur, hélas, la clé de bras était loin d'être aussi bien verrouillée qu’elle l’aurait voulu.

Aenar frappa en signe de reddition et malgré sa déception de ne pas pouvoir se battre jusqu’à finir en sang et si possible inconsciente, elle le lâcha.

__ J’ai gagné kedal. Mais je m’en voudrais de te priver de branlette.

Fit-elle en riant, effectivement nettement plus détendue que quelques instants plus tôt. Il se retourna et elle lui assena un claque sur l'épaule.

__ On a bien rigolé. Par contre, je crois que tu m’as pété le nez.

Elle se moucha du sang et tâcha de remettre le dit nez droit tant bien que mal en grimaçant et en grognant de douleur. Mais quand elle lâcha son nez qui était probablement encore plus de travers qu’avant, elle reprit immédiatement son large sourire, les dents pleines de sang également.

__ Vendu ! On va picoler !

Répondit-elle avec enthousiasme tandis qu’Erik prit une mine soulagée. Soulagé de ne pas avoir à traîner ces deux tarés jusqu’au boutre, soulagé que le guet ne leur soit pas tombé dessus et soulagé d’aller enfin boire un coup. La tronche du râleur de la fenêtre devant le glaviot du Serpent fut une réjouissance supplémentaire. La blonde suivit Aenar dans la taverne, un vieux rade merdique comme on les aime, et Erik ferma la marche. Personne n’osa faire la moindre réflexion à la Fer-Née qui avançait fièrement avec la gueule en sang et les poings visiblement usagers, jusqu’à la table collante à souhait choisie par le mercenaire.

__ On s’en fout complètement.

Répondit la Noirmarées avant de beugler.

__ Taverniste ! Une tournée de bière par ici.

A l’arrivée des trois choppes de bière le problème de la bière sur la table ne s’arrangea pas. Pas plus que quand Brunhild décida de trinquer avec ses comparses et d’en boire une bonne moitié cul sec.

__ Je sais bien que t’es un mercenaire et que la vie de Fer-Né c’est loin de t’attirer, mais mon gars, je te prends quand tu veux sur mon boutre. Ça faisait longtemps que je m’étais pas battue comme ça, pi mes hommes ils osent plus trop me mettre des pains tu vois.

Fit-elle en comptant ses chicots avec sa langue pour vérifier qu’ils étaient tous là. Erik leva les yeux au ciel. La Sirène sanglante avait toujours été coriace, mais à présent elle était donc totalement dingue. Bien sûr que ses hommes n’allaient pas la tabasser, il arrivait qu’ils se mettent sur la gueule sévèrement à l'entraînement, mais le souci c’est que la plupart du temps, c'était elle qui gagnait, elle était tellement têtue qu’elle ne lâchait jamais l’affaire, tant qu’elle avait la moindre once d'énergie pour se battre. La seule manière de l’arrêter était de la tuer, et elle n’était pas facile à tuer. Et puis, tous savaient aussi ce qu’elle avait subi et peut-être avaient-ils tendance à retenir leurs coups. En même temps, elle était leur Lady, même si ce titre ne lui allait pas comme un gant. Il fallait un type qui n’en avait rien à foutre d’elle et qui ne connaisse pas son passé pour la calmer. Le Dieu Noyé soit loué, cela avait fonctionné et elle était, à présent, de très bonne humeur. La soirée promettait d’être longue.

Brunhild fut légèrement secouée par la main lancée contre son épaule, mais elle rit de bon cœur et ne se donna même pas la peine de lever les yeux au ciel quand il l’appela trésor. Elle n’en pensait pas moins, mais c’était peine perdue, elle allait devoir s’y faire.

__ D’or ?

Suggéra Erik en se faisant secouer à son tour. Mais non, ce n’était pas ça, bien que peut-être était-ce lié. Brunhild vivait confortablement, comme ses hommes et ses guerrières, notamment parce qu’elle acceptait ce genre de combat, mais il fallait l’avouer, la plupart de Fer-Nés n’avaient pas grand chose à se mettre sous la dent, et les guerres avaient sacrément ravagées l’archipel. Cela dit, la vie avait toujours été rude sur les Îles de Fer, ils étaient donc habitués à se contenter de peu, même une noble comme la Noirmarées. D’ailleurs, elle n’avait que faire de posséder plus que ce dont elle avait besoin, sauf peut-être pour ce qui était des bateaux, mais c’était une obsession toute Fer-Née, ça, de vouloir en avoir toujours plus et de les décorer plus richement que sa propre chambre.

__ On avait bien l’ambition de péter la gueule de Westeros en 89, mais ça n'a pas super bien fini.

Elle se leva et souleva sa chemise pour montrer sur son flanc l’une de ses cicatrices les plus marquées, issue d’une blessure profonde qui avait failli lui coûter la vie.

__ Faut croire que se manger la contre attaque de Robert nous a calmé…

Elle souleva un sourcil, but une gorgée de bière et laissa un rictus se dessiner sur ses lèvres.

__ Ou pas.

Erik la regarda d’un air désapprobateur ce à quoi elle répondit par un large sourire.

__ Mais dis m’en plus sur ce que tu ferais avec cinq navires.

Le plan était intéressant, mais le gros problèmes s'étaient les couleurs de ses navires, tout le monde saurai assez rapidement qui contrôlait l’axe, et, en dehors du fait que si elle coulait des navires de Westeros, elle risquait de finir à la potence, il ne serait pas difficile pour ceux qui voulaient récupérer l’axe de réunir les bateaux nécessaires pour venir l’écrabouiller sur son île. Les commerçants avaient les moyens de payer bateaux et mercenaires en nombre pour récupérer leur gagne pain.

Quand il parla de doigts, Erik eut un moment de stupeur, son visage se figea, quand à Brunhild, elle leva sa choppe et la termina d’une traite. Elle mit du temps à relever la tête.

__ Rentrer chez moi, boire et manger tout ce qu’on aura gagné avec mes gars, puis repartir pour une nouvelle aventure.

Aucune ambition effectivement, à part celle de mener une vie de combat, de voyages et d’aventure, de s’amuser tout en gardant les siens à l’abri du besoin et en sécurité autant que possible. Son fils mort, elle n’avait que ses guerriers et ses amazones sur qui veiller. Elle faisait ça aussi bien qu’une mère Fer-Née veille sur ses enfants, mais elle ne se faisait pas d’illusion quand à sa capacité à combler le vide familial.

Brunhild soupira en regardant Aenar d’un air blasé à l’appellation de Trésor une fois de plus utilisée par le mercenaire. Erik ne trouvera rien de mieux que de pincer un sourire entre ses lèvres pour ne pas montrer trop explicitement à quel point il trouvait drôle qu’un homme appelle la Sirène Sanglante trésor. Elle n’était pourtant pas un cadeau, mais surtout, elle avait probablement tué plus d’hommes que l’autre blondinet et l’ironie de la situation n’échappait pas au second de la Capitaine. Mais cette dernière hocha la tête,

__ J’ai déjà un château moi, c’est vrai que j’ai coupé pas mal de tête, mais je l’avais déjà. Il m’a fallu en couper quelques-unes pour le garder, mais pas tant que ça.

Entre ses dents, elle ajouta.

_ Et pas celle que j’aurais vraiment voulu couper.

Aenar était un roturier, il n’avait donc pas la même vie qu’une femme née Harloi, mariée à un Noirmarées et désormais à la tête d’un fief et d’une flotte. Même une noble des Îles de Fer était mieux lotie qu’un mercenaire du continent. Même veuve et sans descendance, elle s’en sortait bien. Malgré les horreurs vécues et les deuils endossés, malgré le chagrin de ses pertes et le vide abyssal de sa vie sentimentale, elle mangeait à sa fin et une fois l’aventure terminée elle rentrait chez-elle pour festoyer avec les hommes et les femmes qui la suivaient. Certains étaient même ses amis, d’autres avaient été ses amants, mais ils restaient cependant ses subalternes.

__ A l’aventure.

Fit-elle en trinquant, essayant de retrouver son enthousiasme. Elle but pour essayer de chasser le visage d’Euron qui hantait son esprit. Elle écouta d’une oreille distraite la tirade du jeune homme. Elle se mit à rire doucement. Il lui faisait un peu penser à elle, elle et Jansen, quand ils étaient jeunes. Deux fous prêts à braver le monde entier. Ils étaient tellement amoureux. Au moins avait-elle connu ça avant que tout ne s’effondre peu à peu. Ils avaient déjà tous deux un titre et une armée, mais c’était l’esprit qui les animaient à l’époque de leurs plus grands raids. L’image de Jansen lui serra le cœur, mais elle chassa celle de l’Œil de Choucas et c’était heureux. Elle gardait de ses folles années de jeunesse avec son époux, des tas de souvenirs merveilleux.
La Noirmarées était toute à ses pensées qui auraient pu être romantiques si le couple n’avait pas fait plusieurs carnages sur leur passage quand elle vit Aenar pointer son doigt sur elle. Elle haussa un sourcil amusé quand il fit le cheval. Elle détestait ses bestioles, ne jurant que par le pont de bois d’un navire et l’odeur du sel, mais c’était drôle de voir crin blond se mettre à hennir pour obtenir le château tant désiré. Elle était veuve depuis près de quinze ans, alors des demandes en mariage elle en avait refusé quelques-unes, d’autant qu’à l’époque, elle n’était pas encore vieille.

Elle le regarda un petit moment, le déshabillant même du regard. C’était vrai qu’il était tout à fait à son gout le petiot et que, quelques années plus tôt, elle en aurait bien fait son quatre-heure. Elle n’avait nullement besoin d’une paire de couille en plus pour faire autre chose que du transport par contre. Mais il était bien trop jeune pour connaitre le surnom qu’elle avait tracé à la pointe de son épée et que cet enfoiré d’Euron lui avait gravé au couteau sur la cuisse. Sans nul doute le blondinet ferait-il un excellent géniteur pour un héritier, mais un bon époux, ça, elle en doutait fort. Cela dit, ça ne choquerait personne qu’elle le foute dans son lit et l’éjecte à coup de pieds ou à coups de lame ensuite. Pas ses hommes en tout cas. Mais elle préférait l’éconduire plutôt que de risquer de se retrouver parmi les têtes à couper pour qu’il obtienne son château. Pas tant qu’elle avait peur de sa lame, non. Ça elle pouvait y faire face. Mais la dernière fois qu’elle avait essayé de baiser, ça avait été un fiasco monumental et elle ne voulait pour rien au monde montrer cette faiblesse à un inconnu.

__ C’est vrai que t’es plutôt bien gaulé, et fut un temps je t’aurais baisé toute la nuit. Mais vaut mieux que t’épouses quelqu’un d’autre, il y a des tas de trésors plus faciles à prendre que Noirmarées. Si tu veux je peux même t’aider, contre une part du butin bien sûr.

Répondit-elle enfin avec un sourie accompagné d’un clin d’œil.

Le type n’avait vraiment aucune limite pour violer une vieille dame. Franchement si Brunhild n’avait pas haï autant les Bieffois elle lui aurait probablement mis un pain, mais elle préféra l’écouter d’une oreille distraite, elle n’avait plus le cœur à se foutre en rogne. Ce petit con avait touché un point sensible avec ces conneries de mariage. L’héritage de Noirmarées était en danger depuis la mort de Baelor et la blonde était incapable de faire ce qu’il fallait pour avoir un fils. Chaque année qui s’écoulait était une année de trop, chaque lune une lune de trop. Alors elle but elle aussi bien plus que de raison, une bière après l’autre, elle laissa l’ivresse s’emparer d’elle et l'oubli la gagner, morne oubli, morne Fer-Née incapable de baiser le premier venu comme elle l’aurait fait quelques années plus tôt. En plus, il était totalement con et totalement saoul, mais il était quand même pas mal foutu ce con. Alors son récit de viol et ses mimiques finirent par nerver a capitaine de la Marée Sanglante et ils se retrouvèrent à grogner l’un contre l’autre en cognant leurs fronts.

__ La vieille a fait plus de guerres que toi et elle a plus de couilles que toi ! Alors va te faire foutre petit con ! 

Elle termina sa bière, parce qu’il ne fallait pas perdre le sens des priorités avant de retourner tête contre tête pour lui hurler dessus.

__ D’ailleurs, t’aleur, je t’ai battu ! Alors tu veux qu’on remette ça et que je te montre c’est quoi une vraie femme ! Pas comme les putains que tu baises !  

De nouvelles bières arrivèrent et ils trinquèrent tous les deux et furent réconciliés. Après ça, la Fer-Née eu besoin d’aller prendre l’air. Elle plongea sa tête dans la fameuse fontaine pour se rafraîchir, mais ça ne l'empêcha pas de vomir dans l’eau. Répondant au défi d’Aenar, elle baissa son pantalon et pissa elle aussi en visant la statue. C'était peine perdue, mais elle était morte de rire, pliée en deux en train de se rhabiller elle rétorqua.

__ Tu gagnes pour cette fois petit !  

Erik qui surveillait les deux zigotos dans un état pitoyable était dépité, il repoussa violemment le mercenaire qui l’embrassait. Mais Brunhild elle, pouffa. Elle le prit par le bras et geula avec lui dans la rue, entonnant une chanson de beuverie grivoise à souhait. Là ils tombèrent sur quelques types aussi bourrés qu’eux et qui n’étaient pas d’accord sur les paroles, alors ils se battirent un peu, mais il ne leur fallut pas bien longtemps pour tomber et cela mit fin à la bagarre.

Ils marchèrent et gueulèrent encore un peu, puis trouvèrent un autre endroit pour continuer à boire, manger un bout. Mais Brunhild trouva Erik tendu comme un bout de foc, alors elle le conduisit avec Aenar jusqu’à un bordel et lui paya une prostituée pour qu’il se détende. Comme elle était bourrée, elle en paya aussi une à Aenar et elle s’en paya une aussi. Mais comme il fallait payer chaque heure, et un supplément pour le vomi, une fois leur affaire terminée, Erik récupéra le mercenaire évanoui et la Fer-Née titubante pour les ramener au boutre.

Le lendemain, Brunhild était dans un sale état, mais Erik l’avait mise dans sa cabine et elle pourrait cuver tranquille aussi longtemps qu’elle le voudrait. Ces souvenirs étaient tout aussi vagues que ceux du Riverain et elle se demanda comment elle avait fini par atterrir dans ce lit qu’elle mit du temps à reconnaître. En réalisant qu’elle n’avait plus aucun vêtement, elle commença à s’inquiéter de ce qu’elle avait fait et avec qui la veille, oscillant entre la crainte et la fierté d’avoir réussi à niquer. Mais elle était seule et en vérité, Erik l’avait foutue à poil parce qu’elle s’était vomi dessus.

Aenar qui avait été posé sur le pont se prit un seau d’eau froide en guise de réveil par un Erik passablement énervé tant la soirée avait été éprouvante pour lui. Il n’aimait pas du tout voir Brunhild dans cet état.

__ Retourne sur ton bateau et à moins que t’aies un truc capital à lui dire, laisse ma Capitaine tranquille.

Lui dit-il sèchement.

Erik leva les yeux au ciel, les discours du mercenaire n’avait ni que ni tête, enfin il avait peut-être une queue mais certainement pas de tête, à son image en somme. Quant aux insultes, il n’en avait que faire, tout ce qu’il voulait, c’est que l'énergumène dégage du bateau. Il soupira. Le type était vraiment irrécupérable. Oh il lui aurait bien mit quelques baffes pour lui remettre les idées en place, mais il était d'avis que ça ne servirait à rien. Et puis finalement Le Serpent finit par rejoindre son bord et Brunhild par ressortir de sa cabine après avoir décuvé. Elle avait une sale tronche mais on se garda bien de le lui dire. Cela dit, elle le savait bien, elle savait qu'elle avait abusé et que son second ne devait pas être ravie de l’avoir vu tomber dans les pires excès. Il la rassura cependant sur le fait de n’avoir couché avec personne ce soir-là et lui expliqua simplement pourquoi il l'avait foutue à poil. Ce n’était pas la première fois qu’il la voyait nue à une époque, ils couchaient régulièrement ensemble. Mais la Sirène Sanglante avait toujours fait ce qu’elle voulait avec son cul et il savait qu’elle ne lui appartiendrait jamais, il faisait avec. Elle n’avait jamais aimé qu’un homme et cet homme était mort près de quinze ans plus tôt.


Une fois les réparations faites, les boutres et la galère purent reprendre la mer et les deux alcooliques ne se parlèrent pas pendant plus de deux semaines. Mais avant de traverser les degrés de pierre où grouillaient les pirates, ils firent une escale à Lancehélion et Brunhild monta sur le bateau d’Aenar pour lui proposer un plan. Elle prit un tabouret et s’assit face à lui.

__ A quel point tu tiens à ton bateau et à quel point tu tiens à ton chargement ?

Demanda-t-elle avec un petit sourire.

__ Je t’explique, les boutres sont plus rapides que ton rafiot et j’me suis dit que si on chargeait les trucs précieux sur nos bateaux on pourrait prendre les pirates de vitesse et esquiver les emmerdes. Au lieu de ton trésor, on mettrait un max de guerrier dans ta cale et quand ils attaqueraient, bim, il se retrouveraient face à une armée sans rien d’autre à gagner que de se faire planter.

Elle écarta les mains quand elle eut terminé, pour accueillir sa réaction qu’elle attendait enthousiaste.