L’origine du monde | Mayra Storm

La catin préférée de Bronn, désormais abandonnée par ce dernier, ne servait plus à rien et Aelinor n’obtiendrait plus aucune information de sa part puisque ce dernier avait décidé de renoncer aux putes et à la luxure pour sa promise. Cela n’arrangeait pas les affaires de la brune et il faudrait qu’elle trouve quelqu'un d’autre pour lui rapporter les faits et gestes du Grand Argentier. Dans le même temps, elle songeait à la manière de récompenser la femme qui avait écarté les cuisses pour elle durant quelques temps et surtout à la sortir du pécher. Elle avait bien compris que le sexe était un merveilleux moyen de récolter informations et faveurs en tout genre, de faire plier les plus recalcitrants et d’amadouer les plus méfiants, mais cela n’était pas bien pour autant. Cela dit, cette dernière accepterait-elle de renoncer à ses robes et à tout l’argent qu’elle se faisait en restant allongée sur le dos pour devenir servante ou lavandière, ce qui était autrement plus harassant ? Rien de moins sûr, mais la jouvencelle de Villevieille se devait d’essayer, pour les Sept, pour le bien de la pute, pour qu’il ne soit pas dit qu’elle laissait tomber ses employés.


Mais avant de trouver un autre informateur pour La Nera, elle devait se renseigner sur un autre Suzerain. En discutant avec lui à Lancehélion, elle s’était rendue compte qu’elle le connaissait bien trop mal et cela lui avait porté grand préjudice dans les négociations. Or, ces projets nécessitaient une connaissance approfondie de l’Orage et de Gendry Baratheon, elle se serait bien, également informée sur Jonas Caron, mais à quoi bon puisque celui-ci avait préféré fuir tout engagement et qu’elle était à présent certaine qu’Aegon Targaryen était encore en vie.

La prostitution, qu’elle soit pratiquée par les catins malprpres et pleines de syphilis de culpucier pour quelques pièces de cuivre ou par des femmes plus belles qui prenait plus d’argent était un pêcher. Mais les clients étaient autant des pêcheurs que ces femmes, alors Aelinor méprisait certes les courtisanes, mais les maris adultères plus encore. Quant aux célibataires qui profitaient des faveurs de ces dames, ils feraient mieux de trouver une épouse quand de s’adonner à la luxure. Cela dit, elle n’était pas naïve au point de croire que, parmi ses propres hommes, et même dans sa famille, aucun n’avait jamais fait appel à de tels services. On disait que les mâles avaient des besoins à assouvir et étant donné les regards lubriques que certains pouvaient poser sur elle, elle voulait bien le croire. Or elle préférait largement qu’ils assouvissent ces fameux besoins sur des prostituées que sur des jouvencelles, dont elle même. De plus, les nuits de noces pourraient s’avérer compliquées si les deux partis étaient puceau et sans aucune expérience. Alors elle faisait avec, et comme le sexe semblait être un moyen de convaincre bien des hommes et d’obteir bien des informations, elle avait quelque peu mit ses principes de côté depuis un bon moment déja. En payant les prostituées pour obtenir des informations et en offrant sa suivante ou sa servante, contre un service. Si Gladys savait y faire, elle n'était certainement pas au niveau de Mayra Storm.


Pour finir, elle usait elle-même de ses charmes s’il le fallait, mais bien évidemment sans jamais aller jusqu'à écarter ses propres cuisses pour arriver à ses fins. Cela, elle le réservait pour son futur époux et le seul homme qui en était digne était pour le moment hors de portée, alors elle n’était pas prête de s’adonner au péché de chair. D’ailleurs elle ne comprenait pas tellement l’engouement que les jeunes gens semblaient entretenir pour cet acte qu’elle pensait ignoble et bien peu agréable. Sa seule expérience de la chose étaient les saillies de chevaux auxquelles elle avait pu assister, et cela n’avait rien de beau ni de plaisant, sans compter que la taille du membre d’un étalon en érection avait de quoi effrayer n’importe quelle pucelle et n”importe quelle femme d’ailleurs. Les hommes n’étaient certes pas des chevaux, mais Aelinor s’imaginait la bagatelle assez proche de ce que les équidés faisaient et craignait la nuit de noces comme personne. Ainsi, coucher en dehors des liens sacrés du mariage, pour autre chose que de pondre un héritier lui semblait bien peu attrayant et en vérité, le sexe en général la dégoutait quelque peu. Mais elle ferait son devoir pour son époux, surtout s’il était roi des Sept Couronnes, surtout s’il était Aegon Targaryen, surtout si elle l’aimait de tout son coeur.


Mais ça n'était pas la question du jour, non, la question était Gendry. L’autre question étant, comment attirer l’attention d’un courtisane de la renommée de Mayra afin de la rencontrer en secret ? L’argent bien sûr, c’était le nerf de la guerre. Et le nom des Hightower, qui pouvait laisser miroiter un certain nombre d’avantages. C’est ainsi qu’Aelinor avait eu l’idée de ce piège et cette chambre préserverait le secret de cette entrevue. Car oui, tout ceci n’était qu'un piège, enfin pas vraiment, juste un stratagème pour tromper les espions et brouiller les pistes. Car depuis sa propre chambre, Aelinor avait accès à celle de son épée lige et elle comptait bien se servir de ce passage dérobé à la vue de tous pour rentrer en contact discrètement avec la Storm. L’anniversaire de Creighton n’était qu’une excuse et ce dernier couchait déjà avec suffisamment de femmes pour que sa maîtresse n’en rajoute pas une à son tableau de chasse. Pas très chaste l’épée lige, mais jamais il ne se serait permis de toucher sa maîtresse.


C’est ainsi que, lorsque la servante quitta la petite chambre de Creighton et rejoignit la brune aux yeux azur dans la sienne, elle lui fit signe d’ouvrir la porte qui reliait les deux pièces et d’inviter Mayra à entrer dans sa propre chambre. La camériste s'exécuta et apparut donc par la porte dissimulée dans les moulures de la petite chambre.

__ Mayra, si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer. Lady Aelinor Hightower souhaite s’entretenir avec vous.


Aelinor désigna un confortable fauteuil en face du sien, un feu crépitait dans l’âtre et la servante rapporta le plateau avec l’hypocras, les coupes et les entremets. Elle les posa sur la table basse entre la cheminée et les deux fauteuils derrière lesquels on trouvait le large lit à baldaquin aux lourds rideaux de velours, aux draps de soie confortables et aux chauds edredons encadré par deux tables de chevet marquetées dont une portait un chandelier et l’Etoile à Sept Blanches. Il y avait plusieurs armoires, penderies, commodes et autres membres de rangement. La décoration était nettement moins spartiate que celle de la chambre de Creighton, fleurs, tableaux, tapis, meubles, tout y était luxueux. Sur le côté, près de la fenêtre, se trouvait un bureau parfaitement rangé, pas un parchemin ne traînait, visiblement la Hightower avait soigneusement fait place nette. En effet, cela contrastait quelque peu avec le reste de la chambre qui, sans être en désordre, respirait la vie, notamment le paravent en noyer et satin où était encore pendue la robe que la brune portait au procès ainsi que sa chemise de nuit, un corset, des bas…

__ Asseyez-vous, je vous en prie.


La pucelle de Grand Tour portait une robe de brocart grise et argentée avec un col de fourrure au décolleté plongeant. Comme elle était avec une femme, elle n’avait pas pris la peine de dissimuler sa poitrine largement découverte par le col en V par son habituel bandeau de mousseline blanche translucide. Les manches évasées ourlées de fourrure tombaient jusqu’à ses mollets et une ceinture ornée d’une tour argentée était serrée sous la poitrine.

__ Comme vous le comprendrez aisément, je souhaite que notre rencontre reste confidentielle. Le procès a généré beaucoup d'agitation et je crains que le moindre de mes faits et geste soit scruté à la loupe.


La camériste servit l’hypocras et sa maîtresse but une petite gorgée de liquide sirupeux parfaitement épicé avant de reprendre.

__ Il ne s’agit donc pas de fêter l’anniversaire de mon épée lige, mais de me dire ce que vous savez sur Lord Gendry Barathéon. Le tarif sera celui convenu.