[BRAAVOS] Une jeune alliance (ft Orwen Verraz)

Cela faisait plusieurs années que cette silhouette grande et maigre se déplaçait au sein du palais du Seigneur de la Mer. Durant toutes ses années, Orwen avait rendu service à tout un tas d’Antaryon, qu’il soit chef de famille, frère et même fils. Ce fut donc avec plaisir que le chevalier accepta, au nom de sa maîtresse, l’invitation de Belicho Antaryon à venir dîner.

Le jour de la réception, le fils de Cornetruie fut tendu. Ce rôdeur n’avait jamais réellement été à l’aise durant les évènements mondains contrairement à l’enfant qui l’accompagnait. La lady de Fengué recevait depuis sa plus tendre enfance une éducation mêlant les deux continents : celui où elle était née et celui qui l’avait adopté.
Pour l’occasion, l’homme grand et maigre avait revêtu un vêtements trahissant une certaine austérité mais qui avait au moins le mérite d’avoir été réalisé dans de nobles étoffes. Ce décalage ne fit que confirmé une fois de plus ce que l’on murmurait au sujet du ouestrien depuis temps d’années déjà : le ser Faquin avait mauvais goût.

Orwen rendit hommage au maître de maison en s’inclinant humblement devant lui. Esmerande quant elle n’en fit rien au vu de son titre. L’enfant préféra offrir un sourire à la fille de Belicho avant de continuer, allant prendre place. L’homme grand et maigre, lui, accorda également son attention sur cette femme. Il l’avait déjà aperçu ici et là durant toute ses années mais il ne lui avait jamais vraiment parler. Il s’agissait apparemment de la petite sœur du capitaine Nymeros et elle était, tout comme ce dernier, capitaine de son propre navire et aventurière. Ce détail aurait pu surprendre Orwen au début mais il était à Braavos depuis tellement longtemps qu’une telle attitude ne l’étonnait plus réellement.
Lorsqu’elle s’inclina et se présenta, il en fit de même en baissant légèrement la tête.

-Je suis Ser Orwen Verraz de Cornetruie et je suis honoré de vous rencontrer, capitaine.

Le chevalier se dirigea vers la table à manger, effleurant de ses doigts fins le dossier des chaises. Quelque chose semblait le préoccupé. Tandis qu’un convive allait s’asseoir, il bloqua sa main sur le bois du dossier, volant la place de l’individu. Il prit place dans le plus grand calme et sans réellement relevé l’éventuel affront qu’il aurait pu faire. La réputation du Ser Faquin n’était plus à faire. Bon nombres d’homme à Braavos savait de quoi le guerrier était capable. Son geste passa pour une offense mais les yeux martiales pouvaient voir aisément clair dans ses intentions : la place qu’il avait choisi était celle qui offrait le plus d’opportunités de mouvements. Non pas que lui ou Esmérande étaient en danger aux Quintes Tours mais c’était lorsque l’on se reposait sur ses acquis que le malheur venait frapper. Orwen en était convaincu.

L’homme grand et maigre croisa les mains devant lui tout en observant chacun des convives tandis qu’Esmerande entamait la conversation en parlant d’art et de musique. Non, ce genre de lieu n’était pas pour le fils de Cornetruie.

L’homme grand et maigre écoutait les différentes conversation. Son regard allait et venait sur les convives puis sur l’enfant. Il était à l’affût tout en sachant pertinemment que rien n’allait arriver lors de ce repas. Puis la fille du maître de maison se fit remarquer d’une drôle de façon. Cette dernière n’avait pas les codes visiblement mais cela attira l’attention du fils de Cornetruie et de sa maitresse. La lady de Fengué se désintéressa même de son interlocutrice pour se concentrer pleinement sur le capitaine Myria, gratifiant cette dernière d’un sourire sincère.

-Nous retournons chez nous, Rina Myria. Les amis de Ser Orwen nous ont averti que le royaume est en plein changement. Un nouveau roi va être nommé et les ennemis de ma famille sont aux aboies.

L’enfant coula ensuite un regard vers son protecteur qui lui fit un léger signe de la tête. La signification de ce dernier pouvait être sujet à débat pour un individu extérieur mais lorsque l’on avait une relation similaire à la leur, on pouvait aisément comprendre : il n’y avait plus lieu de parler entre ces deux personnes. Aussi la lady se retourna vers la fille de Belicho avant d’annoncer d’un ton impératif.

-Vous aurez tous le loisir d’apprendre à me connaître Rina et de visiter nos contrées lors de notre voyage de retour.

L’enfant se retourna ensuite en direction du chef de la demeure, exigeant sur le même ton qu’elle venait d’employé avec Myria.

-Vala Bellicho, votre fille me reconduira à Westeros. Au vu des services qu’a rendu mon chevalier à votre fils, j’estime qu’il s’agit de la moindre des choses.

Lady Esmérande avait parlé. Le regard d’Orwen alterna entre Belicho et Myria, guettant la réaction à venir. Esmérande s’était montré quelque peu impoli en exigeant de la sorte. Toutefois, au vu de son rang, elle était en droit d’exiger cette petite faveur.

-J’ose espérer que votre navire est bien meilleure que celui de ce Vagnar, Capitaine Myria.

L’enfant parut satisfaite de la réponse à sa demande. Un sourire enfantin apparut même sur son visage lorsque l’on lui proposa de monter sur le navire avant le jour du départ. Elle coula un regard en direction de son protecteur, attendant visiblement une réponse. Malheureusement se dernier signala sa désapprobation en secouant doucement la tête.
Il restait trop de chose à préparer avant le départ et la rêverie allait devoir attendre. L’enfant se résigna et leva par la suite son verre, trinquant avec les Antaryon et avec son chevalier. Les Ouestriens se livrèrent au protocole en saluant à leur tour la famille de marchands.

Tandis que le repas s’entama et que les différents invités se livraient à toute sorte de conversation, la jeune Fengué tourna la tête en direction de son chevalier.

-Dites moi ser Orwen, à quoi ressemble Fengué et Cornetruie… ?

L’homme grand et maigre posa son regard sur l’enfant après avoir bu une gorgée de vin. Cette question, il y avait répondu un nombre incalculable de fois. L’héritière Fengué avait essentiellement connu la cité au Colosse durant sa courte existence. Aussi il n’était pas rare de la voir s’interroger sur ses terres d’origines. Aussi, quand ces questions étaient posées, Orwen y répondait toujours. Il savait qu’avec leur départ imminent, l’excitation se mêlait à la peur de l’inconnu dans l’esprit de la lady.

-Votre château est une robuste forteresse bâtit sur une colline ou passe non loin la route Royale. Votre place forte est essentiel à la défense de la capitale et des bourgades environnantes. Vos gens sont d’humble cultivateurs et éleveurs de bétails. Vous ne possédez pas les mines Lannister ou le pont Frey mais vos terres sont prospères et vos gens heureux. Quant à Cornetruie…

Le regard du chevalier se plongea dans la vide.

-La tour de ma maison veille sur ce village depuis des temps immémoriaux. Il n’est pas rare d’entendre les moutons lorsque l’on se promène dehors. Malgré l’absence de réel richesse, les gens y sont chaleureux et partage volontiers le peu qu’ils ont. L’après midi, l’on entend parfois les enfants de votre âge qui s’en vont s’encanailler en dérangeant le vieu Devon. Lorsque les feuilles mortes tombent des arbres, leur couleur ocre orange vient masquer les sentiers dessiner par les troupeaux. L’odeur qui s’en émane est…

Ce fut à ce moment là que le fils de Cornetruie se rendit compte qu’il s’était un peu trop aller à la rêverie. Cet humble village qu’il avait laissé derrière lui par loyauté envers sa suzeraine était l’une des rares choses qui pouvait briser le masque de froideur sur son visage.

-Ce n’est pas Braavos mais vous ne serez pas une étrangère là bas. Vous ne connaîtrez peut être personne mais tous vous connaîtrons. Ils attendent avec impatience votre retour.

Le chevalier se permit un bref sourire sincère avant de laisser réapparaître le masque d’austérité sur son visage. Son regard se reposa sur la fille de Belicho qu’il détailla avec attention.

-Nous partirons en suivant vos recommandations, capitaine. Toutefois, et je m’en excuse d’avance si je vous offense, je compte me livrai à la franchise. Nous n’avons que faire de la beauté du navire qui nous conduira à bon port. Je laisse le « beau » aux artistes et à ceux qui sont oisifs. Ce que j’aimerai savoir par contre, c’est si vos hommes seront prêt à mourir si jamais les fer-nés ou les pirates lysiens nous attaquent. Voilà bien trop longtemps que nous attendons cela et je veux être certains que chaque personne à bord sera quoi faire si le danger vient frapper la proue.

Instinctivement, le chevalier inclina la tête en signe d’excuse pour son audace à l’attention du maître de maison. Il en fit de même avec Myria.

L’enfant fronça brièvement les sourcils aux même titre que son chevalier. La lady, malgré une volonté de la fille Antaryon, vit les questions de cette dernière comme un affront. Le chevalier quant à lui ravala laissa son affreuse mine se faire encore plus sombre qu’elle ne l’était d’habitude. Son regard se posa sur sa suzeraine qui le regarda à son tour avant de lui accorder un signe de la tête et de prendre la parole. Il y a peu, Orwen aurait parlé en son nom mais avec leur départ, il voyait d’un bon œil le fait que l’enfant puisse s’affirmer.

-Rina Myria… On juge la valeur d’une personne à sa capacité à tenir les promesses données. Le premier instant vous promettez devant témoins de donner votre vie pour moi et l’instant d’après vous vous montrez réticente et vous parlez au nom des vôtres ? Votre oncle c’est engagé il y a six ans à nous accorder l’asile, mêlant sa famille à « nos histoires ».

La lady appuya sur ses deux derniers mots avant de se lever lentement. Elle alla pour parler à nouveau quand la main de son chevalier se leva doucement, l’incitant à reprendre place sur sa chaise. Un sourire apparut sur le visage de l’homme grand et maigre, bref mais sincère. La fierté l’avait empli de voir ainsi une si jeune enfant se tenir de la sorte devant ce qui pouvait être, un affront porter au nom. Esmerande en avait fait assez, aussi il prit la relève tandis que son sourire disparu.

-Capitaine… Lady Esmerande n’a peut être jamais vu la moindre acre de ses terres mais son sang suffit amplement quant à la légitimité de son règne. Quant à la pérennité de ses terres, voila six ans que mon père a prit la régence de Fengué et qu’il maintient les charognes hors de ces terres. Vous vous doutez bien que nous n’envisagerions pas un retour si tel était le contraire.

Le fils de Cornetruie leva à nouveau sa main comme pour empêcher à quiconque de lui couper la parole. Son attention se reposa sur le maître de la maison.

-Si votre fille refuse de nous conduire pour éviter tout désagrément à ses hommes, je ne peux que consentir à sa demande. Pensez vous que Nymeros pourra nous conduire à bon port ?

L’homme grand et maigre sourit intérieurement tout en maintenant son air austère. Il avait vu la joie que la perspective d’un tel voyage avait procuré à cette femme. Il n’était pas bien difficile de voir le besoin qu’elle avait de faire ses preuves. Le temps qu’il avait passé avec le Renard avait bien servi. Il avait appris que les mots pouvaient être aussi tranchant qu’une épée. Allait elle se confondre en excuse ou montrer les crocs ? Le chevalier attendait la suite avec une certaine impatience.

L’enfant de Cornetrtuie regarda la passe qui ce fit entre le maitre de maison, sa femme, puis sa fille. Il fut quelque peu surprit de voir les femmes avoir le dernier mot ici. A bien des égards, on se serait cru à Dorne.

Le repas retrouva un semblant de calme. L’homme grand et maigre se moquait en réalité bien de savoir qui les conduirait, du moment que cela se fasse dans les plus bref délais. Son regard se reposa sur la fille Antaryon puis sur sa protégée. Il lui fit signe de la tête de refuser la proposition.

Le repas se passa sans nouveau problème. Orwen échangea avec l’homme de la maison au sujet des techniques d’élevage, du prix de la laine et de chasse.

Au lendemain, dans la matinée, la lady de Fengué et l’héritier de Cornetruie se présentèrent sur les quais Antaryon devant le Nymeria. La lady redevint enfant à ce moment là, montant à bord du navire et courant de part et d’autres à la découverte du bâtiment.

L’homme au teint cadavérique, lui, se montra plus modéré et se contenta de donner les dernières directives aux domestiques pour charger les affaires de sa suzeraine.

Westeros leur tendait les bras. Bientôt, il foulerait la terre qui l’avait vu naître. Ce voyage sonnait les cloches pour une nouvelle ère. Un bruit attira l’attention du Verraz qui se retourna pour apercevoir la Rina Antaryon dans un curieux habit. On aurait dit un homme. Décidément, il n’y comprenait rien à la mode bravienne.

Il tendit un carnet qu’il avait sous le bras au dirigeant du navire.

Le chevalier garda un œil sur l’enfant qui courrait partout tout en attendant les directives du capitaine.

Le vent semblait leur être favorable. L’homme grand et maigre prit une longue inspiration tandis que l’effervescence était présente sur le navire. La jeune lady allait et venait un peu partout, questionnant les marins sur les notions de navigation.

Orwen, lui, se fit plus discret. Il n’avait jamais réellement aimer attirer l’attention. Ses yeux profonds se posèrent plutôt sur Braavos, espérant, malgré sa beauté, de ne jamais à avoir à y retourner. Ses yeux se levèrent lorsqu’ils passèrent sous l’imposant Colosse : gardien de la cité cachée.

Malgré l’immensité de Westeros, Orwen doutait fortement que pareil édifice était présent dans les Sept Couronnes.

Le chevalier visita la cabine du capitaine et fronça brièvement les sourcils. Parmi tous les navires de la flotte Antaryon, il avait fallu qu’ils aient le seul sans réel appartement pour sa protégée. L’homme grand et maigre tenta toutefois de chasser cette contrariété de son esprit en repensant au fait qu’il s’agissait d’un choix de sa suzeraine.

Après sa visite de la cabine, la silhouette au teint blafarde se mit à inspecter le navire et en particulier l’équipage. Il allait à la recherche du moindre signe suspect, de la moindre anomalie dans le comportement de ces hommes.

Lui et ses proches avaient bien choisi le moment du retour de l’enfant mais il était primordial de ne pas baisser la garde. Les vipères pouvaient être n’importe où.

Finalement, les pas du chevalier le reconduisit sur le pont principal où il observait un marin entrain d’expliquer à l’enfant l’importance d’un bon nœud. Ridicule. D’un pas lent, se mouvant tel une âme en peine, le fils de Cornetruie alla poser sa main sur l’épaule de la lady.

L’enfant alla pour dire quelque chose mais un regard sévère de la part de son protecteur suffit à éteindre toute volonté de protestation. Obéissante, la lady se retira dans la cabine. Orwen quant à lui offrit un regard dur au marin.