[PORT REAL] (fb) Un jour funèbre ✧ pv Edmund

Un Jour funèbre

An 300 - Lune 9 - Semaine 4 - Jour 4
Feat  @Arianne Sand

Tout celà devait être un simple cauchemar et Edmund finirait bien par se réveiller un jour. Il était tout bonnement impossible que le cours des événements soient aussi chaotiques. Un chaos rempli d’échecs dans le cas du Gargalen, échecs qu’il avait dû coucher sur le papier quelques heures auparavant afin de prévenir son Prince et le reste de Dorne par simple extension. Son frère, Oberyn Martell, était mort. Tué par la Montagne et le fourbe venin de la vengeance. Suite à l’annonce de sa participation en tant que champion de Tyrion, beaucoup de voix s’étaient élevées dans les rangs dorniens pour prendre sa place, mais la Vipère Rouge n’avait fait que de les rejeter. La situation d’Edmund était particulière, il faisait partie des rares chevaliers aux ordres de Doran à être présent à la capitale. Et même s'il a été effectivement mis au service d’Oberyn, ses ordres premiers venaient de son frère et étaient très clairs. Préserver la paix de Dorne et préserver Oberyn de lui-même, le cadavre du Prince devant lui et ceux de deux de ces hommes étaient des preuves irréfutables de son échec. Lui qui avait tant à cœur de suivre les idées de paix de Doran n’avait même pas réussi à tenir ses propres hommes rentrés alors en rixe avec les Tyrell, allant même jusqu'à la mort de l’un des soldats du Bief. Pour s’assurer que cette histoire en resterait là, les deux coupables ont été jugés et ébouillantés sous les yeux des deux régions comme avertissement pour tous ceux tentés de récidive. Il craignait la réaction de Doran bien évidemment, mais celle de son père s'inquiétait aussi. Il était ici pour le représenter après tout, bien trop affaibli pour faire le voyage.

Edmund respectait religieusement les tours de garde pour veiller sur la dépouille. En plus des gardes dorniens à l’extérieur du septuaire royal, deux soldats étaient postés en permanence à l’intérieur de l’édifice. Celà faisait plusieurs heures qu’il était là debout, se tenant le plus droit qu’il le pouvait. Son cousin Daemon de l’autre côté de l’autel faisait de même mais les hommes n’avaient pas échangé un seul mot. Le silence ne fut interrompu que par l’arrivée d’Arianne qui venait prendre la place de son frère. Mais celà ne donna pas plus envie au Gargalen de prononcer le moindre mot, si bien que la Sand ne l’avait pas remarqué. Il l’observait scruter la vision d’horreur en face d’elle, toujours dans le silence. Ce fut la bâtarde de la Gracedieu qui le brisa, lui demandant comment il allait. Il était perdu, la tête pleine de brouillard, ne sachant pas où aller.

- As-tu déjà fait un cauchemar ? Tu sais, ceux où tu sais qu’il ne sont pas vrais et pourtant rien à faire, impossible de te réveiller… C’est ca… Je n’arrive pas à me reveiller, je n’arrive pas à accepter ces dernières semaines. Comment tout ca a pu autant foiré ? Doran m’avait prévenu, mais je n’ai rien vu… Dit-il avec une voix emplie de remords. Et toi ?

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Effectivement, personne n’avait pu empêcher Oberyn de rentrer dans cette arène. Il s’était battu comme un diable, dominant très largement la Montagne. Peu d’hommes en étaient capables, même Edmund qui était à n’en point douter l’un des meilleurs combattant de Dorne avait revu à la baisse ses chances de l’emporter face à la montagne en le voyant combattre de ses yeux. Si son prince avait accepté sa requête, il était tout à fait probable que ce soit sur son corps que l’on soit en train de veiller à cette heure. Une mort qui aurait été bien moins tragique pour la région des sables et qui aurait fait des heureux à n’en point douter. Damion par exemple ne verrait aucun problème à devenir l’héritier de Salrivage, même si la vie de son frère était peut-être un prix trop élevé. La relation entre les deux frères était tendue, mais loin de désirer la mort de l’autre.

- Espérons qu’il l’ait au moins eu cette vengeance. Souffla Edmund.

Le sujet des Aspics était forcément sensible, Oberyn laissait derrière lui huit filles avec pour certaines un caractère bien trempé. L’ambiance à Lancehélion allait être explosive ces prochaines semaines, car après la tristesse, viendrait la colère. Et les prochaines actions de Doran seront scrutées par Dorne, mais aussi très certainement par le continent tout entier. Edmund pensait qu’il continuerait dans sa lancée et prônerait l'apaisement, malgré les demandes de réparation et de vengeances qui vont affluer de tous les côtés. L’héritier de Salrivage n’avait décidément pas fini d’entendre son Prince s’en plaindre, pour peu qu’il ne le renvoie pas chez lui pour avoir manqué à son devoir. Cette pensée mit intensément la boule au ventre d’Edmund et il resserra sa poigne autour de sa lance.

- Ses filles vont évidemment souffrir de cette nouvelle. J’ai d’ailleurs envoyé ce corbeau de malheur ce matin. Mais je ne me fais pas tant de soucis pour elles, elles se soutiendront mutuellement, certaines auront en plus Ellaria et Ulwyck pour les aider à passer ce moment difficile… Edmund marqua une pause. Je m’inquiète plus pour la jeune Myrcella. Sa situation n’était déjà pas des plus simples, du sang Lannister au milieu du désert. Mais dorénavant, il faut rajouter que c’est le champion de sa mère qui a tué Oberyn qui défendait son oncle, elle est une cible toute trouvée… Quel dommage, la petite commençait à bien s’intégrer…

Edmund connaissait très bien la fillette et avait pu observer le traitement que certains lui réservaient à Lancehélion et aux Jardins Aquatiques. Heureusement que sa position la mettait directement sous la protection de Doran, même Edmund était traité différemment lorsqu’il était affecté à sa garde rapprochée. La rancœur avait la peau dure et très peu ne pouvaient voir l’innocence sous ses cheveux blonds. Et il y avait fort à parier qu’après ce qui venait de se passer, tout était à refaire.

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Effectivement, c’est bien de la colère des Aspics qu’aurait dû se méfier Edmund. Il ne le savait pas encore, mais avec la mort d’Oberyn, Drone avait entamé sa descente aux enfers. Descente que la région mettra beaucoup de temps à remonter. La remarque de sa cousine était peut-être vraie et Edmund n’était pas un homme qui portait les Lannister dans son cœur, mais il devait tempérer ses mots.

- -être qu’elle est faite du même bois que le reste, mais les ordres sont les ordres. C’est leur respect qui fait de nous de bons soldats… Edmund posa ses yeux sur la dépouille d’Oberyn. Même si je t’accorde le fait qu’on aurait peut-être dû se jeter dans l’arène avant qu’il ne le fasse.

Pour le bien de tous, il fallait que le sujet de la conversation change. La scène était déjà assez glauque comme ça, penser à autre chose ne pourrait pas leur faire de mal. Arianne était très certainement la personne à laquelle Edmund avait le plus raconté ses aventures à Essos. Ulwyck n’était évidemment pas en reste.

- Dis Arianne. Tu te souviens de la Braavienne dont je t’avais parlé ? Il marqua une pause pour regarder sa cousine avec un franc sourire. Elle est venue à Dorne. Je ne sais pas comment elle a fait, ni pourquoi, mais elle est à Salrivage actuellement.

Edmund avait reçu une missive de Damion quelques lunes auparavant, et il était formel, une femme se faisant appeler Imeah avait débarqué devant leur forteresse. Tout cela était trop gros pour n’être qu’une simple coïncidence.

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La rage d’Arianne était parfaitement perceptible dans sa voix. Et si Edmund était honnête, il pourrait lui dire qu’elle était tout à fait justifiée, mais il devait être meilleur que ça. Il ne serait pas celui qui soufflerait sur les braises et ferait démarrer un incendie qu’il ne serait pas en mesure de contrôler. Oberyn était mort, de son propre chef. Il s’était lui-même proposé pour être le champion du nain de la même manière que bon nombre de ses chevaliers s’étaient proposé pour prendre sa place. Le prince avait joué et il avait perdu.

Oui, il est mort ! Répondit Edmund légèrement agacé. Et qu’est-ce que tu veux faire ? Retrouver le Clegane et finir le travail ? Prendre le risque de mourir toi aussi ? D’autant plus que c’est Daemon qui a préparé la lance d’Oberyn, la vipère rouge aurait pour la première fois de sa vie refusé d’utiliser du poison ? La montagne n’est rien de plus qu’un cadavre s’accrochant à la vie à l’heure qui l’est, Oberyn a eu sa justice, elle aura juste eu le malheur d’intervenir après sa mort. Restons à notre place et faisons preuve de patience, pour une fois.

Le sujet avait dévié sur Imeah, mais Ariane s'était montrée réceptive à cette annonce au départ, mais c’était renfermé avant même la fin de sa phrase. Fin de phrase qu’il espérant bien arracher à sa cousine.

Est-ce que je vais quoi ? Demanda l'héritier de Salrivage. Tu sais que tu peux me parler librement Arianne ?

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À la question de sa cousine, Edmund n’eut comme réponses que des toussotements qui lui parurent interminables. Voilà qu’elle aussi se mettait à lui parler de mariage. Tremond et Damion était suffisamment versés sur le sujet à son goût, il n’avait pas besoin qu’une personne d’en plus s’en mêle. Il est certainement vrai qu’il vieillissait et que son heure était largement venue, mais le dornien était résolu à résister le plus possible.

Le Gargalen aurait pu se dire que l’arrivée d’Imeah changerait quelque chose, mais il n’était pas dupe. Bien que des mariages avec des femmes venant de l’autre côté du détroit n'étaient pas inédits, Edmund ne se rappelait d’aucune occurrence où la dite femme était une bâtarde. Et le mariage de Robb Stark avait agi comme un rappel à toute la noblesse qu’en épouser une était une terrible idée. Le brun ne se faisait aucune illusion, il ne pouvait pas l’épouser. Il n’avait cependant pas l’intention de la laisser repartir non plus.

Non, je ne pense pas l’épouser. Je l’aimerai, mais je ne peux pas. Bien que j’aimerais vraiment voir la tête de mon père si je lui annonce que je vais me marier pour lui annoncer ensuite que c’est avec une bâtarde de Braavos. Je ne serai même pas étonné qu’il tente de me frapper ou de me lancer la première chose qui lui tombera sous la main. Dit-il en frottant la joue sur laquelle Tremond l’avait frappé lors de son retour, il y a désormais des années.

Alors qu’il s'apprêtait à prendre une nouvelle fois la parole, Daemon fit son entrée dans la pièce au grand étonnement des deux responsables de la garde qui le regardaient avec un air interrogateur.

Edmund, Ellaria te demande. Je n’en connais pas la raison. Indiqua-t-il d’un ton solennel.

Levant un sourcil, Edmund échangea un regard avec Arianne avant de prendre la direction de la sortie et le chemin de l’amante de son prince qui n’était plus.