[LANCEHELION] Quand le monde s’écroule | Jonas - Terminé

Oui. Jonas Caron était là pour Aelinor Hightower. Encore. Le risque était bien moins grand que lorsqu’il l’avait extirpée d’une rue pleine de cendre de morts et de gens paniqués à Port-Réal. Pourtant la situation était presque aussi angoissante pour elle. Son avenir s’assombrissait à vue d’oeil. Mais la brune n’était pas une ingrate, et bien que l’Orageois ne faisait pas ça pour en tirer une quelconque gloire, comme il l’avait dit à Baelor, ni pour obtenir des faveurs en retour, elle lui devait bien des remerciements. En attendant de pouvoir faire quelque chose de vraiment important pour lui, c’était mieux que rien.


Elle regarda les mains du Sire de Séréna autour des siennes un instant avant de tout lui avouer. Et à mesure qu’elle lui dévoilait la vérité, elle se mit à regretter de l’avoir ainsi impliqué dans cette sombre histoire. Mais elle ne pouvait plus lui mentir et continuer de faire semblant que tout allait bien alors que l’ombre de La Nera planait sur sa tête. Lorsqu’elle eut terminé, elle sut donc immédiatement ce qu’elle devait faire pour que tout cela cesse sans autre dommage que ceux que Bronn lui infligerait.


Peut-être que si elle acceptait de l’épouser, le Gouverneur du Bief arrêterait de tourmenter son père, son allié de Prince et qu’il ne tourmenterait jamais Jonas. Quant à ce qu’elle ferait, elle, le plan pour qu’il ne soit jamais en mesure de la toucher était déjà bien établi, elle y pensait depuis plusieurs semaines à présent, elle en connaissait les risques, les approximations et les conséquences. Mais si elle pouvait consentir au mariage, elle ne pouvait pas se résoudre à lui donner sa vertu, ni à porter son enfant. Jamais.


Cherchant dans les yeux de son ami le courage d’aller annoncer sa décision en haut lieu, elle n’y trouva qu’une ferme opposition à cette décision. Opposition qu’il formula clairement. Mais ne savait-il pas que le fait de s’entendre ou non ne déterminait pas le bien fondé d’un mariage. C’était de la pure stratégie, en agissant ainsi, elle laissait le temps aux seigneurs du Bief de préparer l’offensive qui éliminerait Bronn. Elle sourit devant tant de naïveté et se tourna vers lui pour répondre.

__ Croyez-vous que Cersei s’entendait avec Robert quand son père l’a donnée en mariage au Roi ? Croyez-vous qu’Alicent Hightower avait des sentiments pour Aerys Targaryen quand elle l’a épousé ? Il n’y a pas de place pour les sentiments dans les mariages politiques Jonas, et je suis prête à ce sacrifice pour qu’il laisse mon père et nos alliés en paix.


Il se leva et continua. La brune aux yeux céruléens hocha la tête, baissant les yeux pour réfléchir aux tenants et aboutissants d’un tel plan. Mais elle ne fut pas longue à conclure que quelque soit l’homme qu’elle épouserait, il subirait les affronts de Bronn et ce sans que ce dernier n’en subisse la moindre conséquence. Il agissait en toute impunité depuis des années sous la protection des Lannister, et il continuerait tant que ce dernier était en vie. Aelinor soupira et releva la tête, plongeant son regard humide dans celui de Jonas.

__ Il a volé deux fiefs à la Maison Hightower, il a emprisonné mon père, il a forcé Talla Tarly à épouser l’un de ses reîtres, il s’est opposé au Prince de Dorne. La situation aurait déjà dû se retourner contre lui, mais ses soutiens sont puissants. Tyrion Lannister dirige le Royaume, le Roi Brann est trop faible et trop occupé pour gouverner. Croyez-vous vraiment qu’un mariage consommé l’arrêtera ? Qu’il ne cherchera pas à le faire annuler ou pire, à éliminer mon époux ? Je ne pensais pas qu’il serait assez fou pour s’attirer les foudres d’Edmund et pourtant il n’a pas hésité à le faire et ce, en plein milieu de son mariage avec toute l’irrévérence possible. Il est prêt à déclencher une guerre pour nous humilier, père et moi. Je ne lui ferait pas le plaisir de lui donner la moindre excuse pour mener des troupes contre nous ou contre Dorne.


Aelinor se tourna à nouveau pour se diriger vers le bureau du Prince.

Etait-ce Jonas qui n'avait plus la force de s'opposer à la Hightower, ou la brune aux yeux azur qui rendait les armes devant la dernière folie de Bronn ? Ce dernier ne se souciait en rien des conséquences de ses actes, mais oui, ce dernier caprice aurait des conséquences sur tous les Lord, tous les suzerains, sur tout Westeros et sur la paix du Roi très certainement. A moins que la brune ne fasse pas de vagues, encore que même ainsi, cela créait un précédent. Mais l’issue du Procès qui se préparait serait gravée dans le marbre et changerait la loi et avec elle le pouvoir que pouvaient exercer certains suzerains sur leurs sujets et au delà, sur les autres suzerains. Bien que personne n’en veuille, ce coup d'éclat faisait souffler sur Westeros un vent de guerre et Aelinor le savait parfaitement, mais à cet instant, elle préférait se résoudre à apaiser la situation plutôt qu’à l’envenimer. Après tout, des milliers d’autres femmes avaient épousé des hommes contre leur volonté et toutes n’en étaient pas mortes. Seulement certaines, sous la violence des coups de leur conjoint, mais cela pouvait arriver même quand elles étaient amoureuses et consentantes. Son calvaire ne durerait pas toute la vie, quelques années tout au plus et si elle se sentait trop en danger, elle trouverait bien un prétexte pour retourner à Villevieille et s’éloigner de lui. Ces pensées réconfortantes n'empêchaient pas la peur de la tenailler, mais avec cette décision, elle pouvait mettre un terme à tout ça. Avait-elle alors le droit de ne pas faire preuve du même courage que Jonas, Edmund ou encore Baelor ?


Un ami ne la ferait pas changer, d’avis, mais l’amour, qui sait. Lorent lui avait souhaité de connaître la même passion qui avait animé sa relation avec Olendra. Il était certain qu’avec Bronn elle ne la connaîtrait pas. Elle le méprisait avant qu’il ne s’en prenne à son père, désormais elle le haïssait de toutes les fibres de son corps. Mais elle aussi devait protéger sa famille, et elle pensait que cesser de lutter contre le suzerain du Bief en attendant de pouvoir l’éliminer était pour cela la meilleure solution. Aelinor était une femme déterminée, jusqu’à l’entêtement parfois. Elle avait déjà demandé au Prince de Dorne de l’aider à échapper à La Nera et il était désormais impliqué dans cette histoire. Alors, en dépit de l’admiration qu’elle avait pour le courage inébranlable de Jonas et de ce sentiment étrange qui la liait à lui depuis le premier regard qu’elle avait échangé et plus encore depuis qu’il lui avait sauvé la vie à Port-Real, elle ne pouvait pas lui demander de l’aider. Une fois de plus, le gouffre entre les deux jeunes gens les séparaient, certainement pour toujours ce coup ci. Alors, tandis que des larmes coulaient sur ses joues, elle prit la main du Caron dans les siennes et la porta à sa bouche. Fermant les yeux et embrassant ses doigts, elle les garda collés à ses lèvres pendant quelques instants avant de le lâcher doucement.

__ Merci pour tout.


Souffla-t-elle en ravalant ses larmes avant de murmurer :

__ Adieu.

Aelinor devait se sacrifier pour permettre à sa famille de continuer à prospérer sans être plus importunée par Bronn la Néra, elle devait se sacrifier pour que la paix perdure entre le Bief et Dorne et parce qu’elle voulait une alliance des trois Royaumes du Sud. Elle savait depuis sa plus tendre enfance qu’elle ne serait jamais libre, qu’elle appartenait à son père et qu’après lui elle appartiendrait à son époux. Sa liberté résidait dans la place acquise à force de manipulations familiales et politiques et de stratégie, celle qui devait lui permettre de choisir un époux digne de son ambition. Elle ne croyait pas en l’amour qui ne régissait les mariages que chez les roturiers, ou plutôt aurait-elle renoncé à l’idée d’aimer, n'apprécient en rien les romans à l’eau de rose que les petites filles lisaient et leur préférant des traités de politique ou des récits militaires. Pourtant au fil du temps elle avait appris à apprécier Jonas, elle l’avait tant observé avec son air un peu renfrogné, le brun ténébreux au sourire ravageur qu’elle connaissait chacun de ses traits. Mais de là à accepter de penser que son cœur s'emballait en sa présence pour une autre raison que le souvenir commun qu’ils avaient de l'explosion du grand septuaire, la politicienne ne pouvait s’y résoudre.


Jonas retint la main de la jouvencelle tandis que celle-ci le remerciait et lui disait Adieu. Elle allait se retourner et le quitter pour embrasser son destin, mais elle sentit les doigts du jeune homme entremêlés aux siens et elle fut incapable de les retirer. Sa raison lui disait de partir avant que leur séparation ne devienne trop douloureuse, mais son âme lui disait de rester. Alors sans qu’elle ne sache pourquoi, elle serra sa main à son tour et sans qu’elle ne comprenne pourquoi, elle sentit son cœur se mettre à battre comme s’il allait exploser et le rouge lui monter aux joues. Elle n’eut, bien heureusement, pas le temps de réfléchir trop longtemps avant que les lèvres du Caron ne rencontrent les siennes. Et son cœur, qui déjà s’emballait, se mit à battre encore plus fort. Plus fort qu’elle ne l’aurait jamais cru possible.


Leurs lèvres se séparèrent et elle resta figée face à lui, ces grands yeux azur ébailli plongés dans les siens, la bouche entrouverte et leurs mains toujours jointes. Cette fois, elle n’avait pas eu peur. Cette fois, elle avait apprécié ce contact. Etait-ce parce que c’était lui ? Ces pensées étaient tellement confuses. Si confuse qu’elle peinait à comprendre un traître mot de ce qu’il lui disait. Son esprit sautait de bribes de mots que ses oreilles daignaient entendre au souvenir étrange de ce qui venait de se passer et surtout à ce que cela avait éveillé en elle et qu’elle n’avait jamais ressenti avant. L’incompréhension se lisait sur son visage. Etait-ce là ce dont Lorent avait parlé ? La passion ? L’amour ? Tout ce qu’elle savait en cet instant suspendu dans le temps où rien n’existait plus que lui, Jonas Caron, c’est qu’elle avait envie de recommencer.


Cette pensée indécente au possible la fit rougir de plus belle, mais puisqu’elle allait devoir supporter Bronn, elle pouvait bien se permettre un tout petit écart de conduite. Un baiser, juste ses lèvres sur les siennes encore un peu. Elle se sentit une rebelle digne des romans d’aventure quand elle se hissa sur les pieds tirant sa main de celle de Jonas pour la poser sur son épaule avant de frôler sa bouche avec les siennes pour y déposer un baiser à son tour. Que diraient ses parents ! Et sa septa ! Elle prierait pour le salut de son âme mais pas tout de suite. C’était incroyablement agréable, elle comprenait mieux pourquoi c'était interdit.


Puissent les Sept me pardonner.


Elle redescendit sur la plante de ses pieds en laissant glisser sa main sur le torse de l’Orageois qu’elle fixait toujours avec un sourire niais sans penser un seul instant à la politique. Faire oublier, ne serait-ce que quelques instants, ses ambitions à la Hightower, relevait de l’exploit. Et elle n'avait pas envie d'y penser, parce qu'elle savait que c'était de la folie, qu'elle venait d'impliquer Jonas dans quelque chose qui le dépassait et que revenir à la réalité ne serait pas une partie de plaisir.

Aelinor n’avait strictement rien écouté, pas qu’elle ne veuille pas, mais au moment où Jonas avait pris la parole, les mots n’avaient plus aucun sens pour elle. Seule la douceur de ce premier baiser était digne des plus belle poésies et ce geste, au fond, valait tous les serments du monde, il était tellement plus qu’une promesse que le Caron ne lui avait pas faite. Assez fou pour se jeter corps et âme dans l’incertitude d’une relation impossible, mais pas assez pour imaginer pouvoir la protéger du Grand Argentier. Il faisait ce qu’il avait déjà fait, faire fi du danger pour elle, comme dans les cendres du Grand Septuaire de Baelor à Port-Real. Et faisant cela, il forçait l'admiration de la jouvencelle au-delà de tout ce qui pouvait les éloigner l’un de l’autre.


Poum, poum, faisait le cœur de marbre de la brune à la peau d'albâtre, comme la pierre blanche de Grand Tour dans laquelle la Hightower avait été façonnée. Et voici que la flamme de la connaissance et de la foi vacillait tandis qu’une autre s'allumait, d’un rouge aussi vif que celui du bougainvillier qui envahissait la porte des écuries de Villevieille. La flamme de la passion, la flamme de l’amour qui vous dévore et vous fait oublier, pour un instant ou pour une vie, ce que petite, vous vous étiez promis. “Un jour je serais Reine, un jour ,je serais LA Reine.” Cette flamme fissurait le pragmatisme de la jouvencelle et avec lui toutes les manigances auxquelles elle aimait s’adonner. Tout cela n’avait aucun sens, mais se laisser emporter par ce tourbillon de sentiments qu’elle ne comprenait pas était si bon qu’elle ne voulait en aucun cas y mettre un terme.


Dans ses bras, la tête posée sur son torse, elle soupira et ferma les yeux, espérant que le temps s’arrête pour de bon, espérant oublier le procès, Bronn, et tout le reste encore pour quelques instants. Même les draps de soie et les doux édredons de son immense lit à baldaquins ourlé de velours et paré de dorure n’étaient pas aussi confortable que l'étreinte de cet homme. C’était comme un câlin de son père ou de son oncle, aussi rassurant et doux, mais avec un petit quelque chose en plus de… chaud. Et ce feu qui remontait le long de son échine était à deux doigts de lui faire perdre la tête, il lui murmurait d’embrasser encore le Caron, au-delà de toute raison et de la décence. Elle sourit, mais n’en fit rien. L’envie ne manquait pas, mais elle pria la jouvencelle en silence pour se garder de toute nouvelle démonstration d’affection.


Le passage au tutoiement ne la surprit pas, elle sourit même à l’idée que leur relation à la fois si proche et si distante venait de prendre un nouveau tournant pour le moins inattendu. Elle enfouit son nez dans son cou, retrouvant cette réconfortante odeur qu’elle aurait reconnue entre mille et chuchota.

__ Je ne vais nulle part Jonas.

Soudain, Jonas la lâcha et recula. Aelinor posa ses grands yeux azur interdits et perdus dans les siens. Elle entendit ses mots, mais ne comprit pas où il voulait en venir. Pas tout de suite en tout cas. Pourquoi des excuses, pourquoi est-ce qu’il avait mis fin à leur étreinte. Certes ce n'était pas très prudent de faire ça au milieu du couloir de la demeure du frère de son fiancé. Oui c’était sûrement ça. Il ne fallait pas qu’on les voit. Quand il reprit ses mains, la brune jouvencelle retrouva espoir et l’espace d’un battement de cils, elle lui sourit et son regard refleta tout ce qu’elle ressentait pour lui. Mais lorsqu’il parla de sa force et de ses ambitions, elle commença à comprendre ce qu’il avait voulu dire, et surtout, ce qu’il était en train de faire. Elle secoua la tête. Elle devait se faire des idées, c’était sûr, elle se faisait des idées. Il ne pouvait pas faire ça, pas après ce baiser échangé. Il ne pouvait pas partir et l’abandonner. Non non, il n’est pas en train de faire ça. Son sourire s’effaça, sa gorge se noua et ses yeux s’emplirent de larmes.


Jonas embrassa la Hightower sur le front, elle baissa les yeux, tentant de retenir ses larmes, en vain. Elle ouvrit la bouche pour lui demander pourquoi il faisait ça, pourquoi il lui brisait le cœur. Ce baiser ne signifiait-il donc rien pour lui ? C’était tout, c’était fini ? Il avait dit qu’il serait là pour elle, il avait dit qu’il la protégerait. Non il n’avait rien promis, il n'avait pas voulu et s’il avait toujours été là pour elle, jusqu’à ce jour, cela semblait prendre fin. Le cœur de la jouvencelle rata un battement quand il se retourna et quitta le patio après lui avoir dit au revoir. Elle avait tout à la fois envie de hurler et de pleurer. Il faisait au moins quarante degrés et pourtant elle avait la chair de poule. Elle le regarda partir, impuissante à le retenir comme elle n'avait jamais été impuissante de toute sa vie. Elle ne savait même plus si elle était en colère ou infiniment triste. Les deux ? Probablement les deux, mais tout était si confus dans son esprit. Avant qu’il ne disparaisse, elle fit un pas vers lui, une part d’elle lui disait court, va le retrouver et une autre part lui disait que cela ne servirait à rien, que c’était déjà trop tard. N’était-ce pas déjà trop tard bien avant ce jour ? N'était-ce pas trop tard dès le jour où elle avait quitté Port-Real après l'explosion du septuaire de Baelor ?


Aelinor posa deux doigts sur ses lèvres pour essayer de se souvenir de cette sensation si douce. Elle adorait le goût de ses lèvres et un instant plus tôt cela lui semblait être une raison tout à fait valable pour abandonner toute velléité de devenir Reine ou à minima suzeraine. Maintenant, elle était perdue, elle ne savait plus ce qu’elle voulait et elle se sentait seulement infiniment seule. Alors, vidée de toutes ses forces, elle s’affala au sol et pleura. Elle ne pouvait pas épouser Bronn. Pas après ce baiser. Pas de son plein gré en tout cas. Lorent avait raison, il fallait le vivre pour le croire, mais ce sentiment était trop puissant pour l’ignorer. Seulement Jonas venait de lui refuser son amour. Elle n’arrivait pas encore à mettre le mot dessus, parce que l’amour était un sentiment qui n’existait pas à ses yeux. Cela ressemblait à ce qu’elle avait ressenti pour Aegon, mais leur rencontre remontait il y a si longtemps. Elle n’était alors qu’une jouvencelle à peine sortie de l’enfance, entre-temps, elle avait tellement changé, grandi, gagné en maturité. Mais surtout, elle avait tant et tant joué au Cyvosse sur le grand échiquier de Westeros, qu’elle doutait être en mesure de le remettre sur le trône. Et puis, était-il seulement encore vivant ? Une Hightower ne menait que les batailles qu’elle était en mesure de gagner et puis, elle ne connaissait pas le goût des lèvres du Targaryen.


Le dragon avait cessé de répondre à ses missives du jour au lendemain et depuis son dernier envoi, elle n’avait toujours pas de nouvelles. Elle se souvenait que le jour où son cœur s’était emballé pour lui, elle ignorait qui il était et elle avait longtemps réfréner ses sentiments jusqu’au moment où elle avait appris sa véritable identité. Alors cela avait pris tout son sens. Mais à présent, il l’avait abandonnée et même si elle ne parvenait pas à se défaire du pendentif qu’il lui avait offert, elle savait au fond d’elle que ses espoirs étaient vains. Elle était seule, infiniment seule et à peine touché du doigt ce sentiment nouveau que l’on nomme l’amour elle devait y renoncer, encore. Soit. Elle se releva et reprit le chemin du bureau du Prince en profitant d’un vitrail pour effacer ses larmes. Elle croisa quelques vases et des tableaux qu’elle s’imagina en train de balancer ou d’y mettre le feu, ce n’était pas aussi bien que de le faire en vrai, mais cela serait suffisant pour le moment. Pour le moment.