Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Mezzara Dim 23 Juil - 18:30
Promised to do more than stay |
An 305 ✧ Lune 11 ✧ Semaine 04 ✧ Jour 02
Les jours passaient et le sommeil manquait à l'appel, troublé par des relents de souvenirs, visages flous et impressions de déjà-vu sur lesquels Mezzara n'arrivait pas à mettre le doigt. Pourtant ses traits lui étaient familiers, presque chaleureux, et elle avait beau se tourner et se retourner dans son lit, elle ne finissait par s'endormir que tard, dépitée de n'avoir pas trouvé raison à ses troubles. Plus intriguant encore, cette petite breloque qu'elle l'avait parfois vu porter à la ceinture. Une babiole, un truc qu'elle avait tissé sur son temps libre et qu'elle avait offert à quelqu'un qui lui était cher, à Meereen. Elle n'arrivait pas à comprendre comment ce truc avait pu arriver jusque là. L'idée que la personne à qui elle l'avait donné et celle à qui ça appartenait maintenant lui paraissait tellement saugrenue qu'elle n'avait fait que lui traverser l'esprit, et en même temps elle se refusait à l'idée que Ed ait pu l'abandonner. Il n'était qu'un enfant, une douzaine d'années à l'époque si ses souvenirs étaient bons, rien ne laissait présager qu'il se souvienne encore d'elle. Ne restait que la breloque, l'espèce de petit pendant en tissu brodé de leurs initiales, qu'elle avait fabriqué pour "la chance" et qu'elle lui avait donné. Les mêmes couleurs, bien que fortement délavées, les mêmes formes, la même longueur. Un porte bonheur qui qu'on ne trouvait qu'à Meereen au coeur des croyances des esclaves, ou du moins elle n'en avait jamais vu ailleurs. Et plus elle y pensait, plus l'évidence écrasante s'amassait devant la porte de son esprit. Elle avait pris sur elle pendant des jours, tu ses questions, mais le procès approchait et si elle ne le faisait pas maintenant, sa conscience ne serait jamais tranquille.
Les couloirs ne lui avaient jamais paru aussi longs. A mesure qu'elle avançait, approchant de là où se trouvaient les appartements du prince, son coeur s'emballait. Elle imaginait déjà la honte du rejet, possiblement le rire moqueur de celui qui allait lui assurer qu'il n'avait jamais foutu un pied dans cette ville envahie d'esclaves, qu'un prince n'aurait jamais adressé la parole à une roturière. Et après ? Elle avait survécu à pire qu'au mauvais caractère d'un membre de la royauté, si tant est qu'il avait mauvais caractère. Elle ne lui avait jamais adressé la parole et n'avait fait que le croiser, peut-être était il agréable ? Elle devait se forcer à oublier ses appréhensions et se lancer à l'eau. Son coeur arrêta de battre en même temps que ses jambes arrêtèrent d'avancer. Quelques fractions de secondes tout au plus, lorsqu'elle croisa son regard bleu un peu plus loin. Elle n'avait pas eu besoin de venir frapper à ses appartements, et c'était déjà un soulagement. Ses jambes plièrent dans une forme de révérence polie et elle releva la tête une seconde vers le bouclier lige qui suivait Edmund avant de se reporter sur le principal intéressé. « Votre altesse. » Si la présence de Mezzara pouvait déjà paraître improbable, le fait qu'elle lui adresse la parole rendait évident qu'elle n'était pas là par hasard. Son regard se posa sur la breloque qu'il avait à la ceinture, dans un dernier besoin de s'assurer qu'elle n'avait pas rêvé, et elle se lança. « Je vous prie d'excuser mon indiscrétion mais il m'est un sujet que j'aimerais aborder avec vous. » La tête droite, le regard assuré, si au fond d'elle Mezzara sentait son estomac se retourner, de l'extérieur on y voyait que du feu. « Le porte-bonheur à votre ceinture... Je l'ai fabriqué et donné il y a plus de dix ans à quelqu'un qui m'était cher, bien loin des terres de Westeros. Pourriez-vous me dire comment il est entré en votre possession ? »
Re: Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Edmund Gargalen Lun 24 Juil - 2:07
Le procès devait se tenir le lendemain et Edmund ne pensait qu’à une seule chose, remonter sur son embarcation et naviguer en direction de Dorne. Ses séjours à la capitale étaient souvent peu appréciés et celui-ci ne dérogeait pas à la règle. Bien que la totalité de son énergie ne soit dirigée sur le litige avec le seigneur du Bief, son esprit lui était à bien des lieux d’ici. A Salrivage, plus précisément, où résidait Imeah qui ne devait pas tarder à accoucher alors qu’il lui avait fait la promesse d’être présent. Une promesse qui semblait de plus en plus difficile à honorer pour le Gargalen.
Parcourant les couloirs afin de rejoindre ses appartements, le prince était perdu dans ses pensées, bercé par les cliquetis de l’armure de son bouclier lige et de ses propres épées. C’est l’augmentation du rythme des pas de Daemon qui le fit revenir sur le moment présent.
Edmund posa alors les yeux sur une femme au teint qui détonnait en ces lieux. Il était dorénavant intrigué, d’autant plus que le “Votre altesse” avait été prononcé avec un léger accent qui la trahissait d’autant plus. Il posa sa main sur l’épaule de son protecteur, sans pour autant le voir se détendre à son grand désarroi. Le dornien ne se contenta que d’un signe de la tête pour indiquer à la jeune femme qu’elle avait toute son attention.
Plus le prince l’écoutait, plus son sourcil s’arquait. Il lança un rapide coup d'œil au porte-bonheur en question. Cela faisait des années qu’il le portrait par simple réflexe, bien qu’il lui prête une très grande valeur sentimentale. Il se surprenait de temps à autre à l’observer, ressassant un passé très lointain qui se faisait de plus en plus flou à chaque fois. Il avait encore beaucoup de souvenirs de sa créatrice, mais peu de ces derniers étaient visuels. Il se souvenait de sa voix, de son rire, son odeur ou encore de la sensation de sa main dans ses cheveux alors qu'il n’était qu’un enfant. Rien qui ne lui servirait au moment présent.
Et bien… Il m’a été donné, il y a plus de dix ans… Par quelqu’un qui m’était cher… Et bien loin de Westeros…
Visiblement interloqué par la question de la jeune femme, il n’avait pas osé donné plus de précision, répétant presque mot à mot ce qui lui avait été dit. En tant que prince, il avait plusieurs fois été approché par d'étranges personnages, mais tout cela était inédit. Persuadé qu’elle avait réussi à lire dans son esprit ou qu’elle avait simplement eu de la chance, Edmund fronça légèrement les sourcils.
Comment avez vous deviné cela ? Qui êtes-vous ?
Re: Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Mezzara Mar 25 Juil - 18:32
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An 305 ✧ Lune 11 ✧ Semaine 04 ✧ Jour 02
Plus elle parlait, plus le prince affichait une expression qui ne promettait rien de bon, et plus elle regrettait d'avoir sauté le pas. D'autant plus qu'il n'était pas d'une grande aide. Ne réfutant ni n'affirmant ce qu'elle venait de supposer, elle se sentit piégée. Elle ne pouvait plus faire marche arrière au risque de passer pour une idiote complète, et elle ne pouvait pas non plus mettre les deux pieds dans le plat au risque... De passer pour une idiote complète. Sans compter le risque de l'offenser. Certains petits seigneurs étaient capables de se montrer outrageusement procéduriers, elle imaginait sans mal quels remous pouvait provoquer un prince un peu capricieux. Et puisque ni les paroles ni les traits d'Edmund lui permettaient de traduire une autre émotion que celle de l'incompréhension, elle avait du mal à juger dans quel bourbier elle venait de s'enfoncer. « Mon nom est Mezzara, votre Altesse. Je suis camériste auprès de lady Megalis Farman. Uller. » se rattrapa-t-elle rapidement. « Lady Megalis Uller. » Une nouvelle petite pirouette de politesse tandis qu'elle se présentait, et son regard se reposa sur le bouclier lige qui la fixait. Dans un espèce de réflexe, elle eut un mouvement de recule, mettant un peu plus d'écart entre le corps royal et elle, tant pour "rassurer" le soldat qui le protégeait que pour se convaincre que si elle devait détaler, elle le pourrait. Le déni dans toute sa splendeur.
L'éclat de ses yeux bleus, la forme abattue de ses sourcils, et, peut-être, même un peu la forme de sa bouche. Plus elle observait Edmund et plus elle avait l'impression de devenir folle face à toutes ces similitudes. Bien sûr, la barbe et autres propriétés caractéristiques de la maturité avaient effacé ce dont elle se souvenait de l'enfant, mais elle en était pratiquement à se convaincre que ça pouvait être lui. Que c'était possible. Parce que tout, en passant du physique jusqu'à la coïncidence des mots, la ramenait à cette possibilité. « Je vous assure que la fabrication de cet objet me revient. Mon initiale y est brodée au verso. Je suis sincèrement désolée si je vous ai offensé, ce n'était nullement mon intention. Je n'ai même pas réfléchi à la suite de ma demande, mais... » Foutue pour foutue, encore. « Serait-il possible que vous soyez cette personne ? » Son coeur battait si fort dans sa poitrine qu'elle avait l'impression qu'il résonnait à travers tout le couloir. A ce stade, elle était sûre d'elle à 99%, mais c'était tout de même avec un prince qu'elle tirait à pile ou face.
Re: Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Edmund Gargalen Mer 26 Juil - 14:16
La mention du nom Mezzara leva instantanément tout doute de la part du prince qui tenta autant qu’il le pouvait de ne pas avoir l’air étonné. Cependant, la présence des noms Farman et Uller tempéra sa joie intérieure. Était-elle simplement venue pour l’espionner ? La possibilité n’était pas écartée, il utilisait son affinité avec la jeune Loreza pour obtenir différentes informations sur le maître des lois. Si ces retrouvailles étaient sincères, il devra tout de même être attentif à ce qu’il dira à cette vieille connaissance.
La mention de l’initiale derrière le porte-chance était le dernier coup de marteau pour enfoncer le clou. Il ne l’avait jamais retiré, personne sur ce continent ne pouvait être au fait de son existence, elle ne pouvait dire que la vérité.
Un sourire aux lèvres, il se décala pour dépasser Mezzara et arriver devant la porte de ses appartements, laissant la femme et son bouclier-lige en arrière. Il poussa la lourde porte donnant sur ses luxueux quartiers avant de plonger son regard dans les yeux de la camériste.
Māzigon Mezzara hen Mīrīn se jikagon rāenābagon ao ondos. Prononca Edmund dans un Meereenien approximatif non pratiqué depuis une plus d’une décennie. (Entre Mezzara de Meereen et pense à te laver les mains)
La seconde phrase ne semblait pas avoir sa place ici, mais étant donné que c’était l’une des phrases qu’il avait le plus entendu venant de la bouche de Mezzara, Edmund pensa qu’il arriverait peut-être à lui arracher un sourire. Il patienta que sa désormais invitée ne rentre dans la nouvelle pièce pour fermer légèrement la porte pour qu'il puisse s'adresser à son bouclier-lige.
Daemon, va prévenir les servantes. Qu’on nous apporte de quoi boire et se nourrir.
Entendu. C’était quoi ça ?
De ?
Māzigon machin… Du Braavien ?
Non du Meereenien.
Tu parles Meereenien maintenant ? C’est quoi la suite, tu vas parler le pentoshi ?
Qilōni gīmigon ? Répondit Edmund dans un pentoshi des plus horrible, avec un grand sourire tout en levant les épaules avant de rentrer à son tour dans ses appartements. (Qui sait ?)
Mezzara, je t’en prie, fais comme chez toi. Je pense que nous avons quelques histoires à nous raconter, non ?
Le Gargalen était fondamentalement ravi de la revoir et surtout de pouvoir remettre un si joli visage sur tous ces souvenirs anonyme.
Re: Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Mezzara Ven 4 Aoû - 23:05
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An 305 ✧ Lune 11 ✧ Semaine 04 ✧ Jour 02
Douce émotion que cette boule qui quittait le creux de son ventre après la révélation tant attendue. Bouleversée, touchée, agréablement surprise, et en même temps incapable de savoir comment réagir. S'il avait eu encore douze ans, elle l'aurait probablement enlacé avec tendresse avant de lui ébouriffer les cheveux, mais ce n'était plus le cas. Elle avait un prince devant elle. Pire, elle avait toujours eu un prince devant elle, sauf qu'avant elle ne le savait pas. Brides de souvenirs, paroles remises en question, gestes aux allures soudainement inappropriés, elle revoyait des flashs de leurs moments passés ensemble, assez pour savoir qu'elle ne l'avait clairement pas traité comme elle aurait dû, pas assez pour que ces découvertes la travaillent plus que nécessaire. Un sourire sur les lèvres, un poids retiré de ses épaules, même la masse de muscles à ses côtés paraissait soudainement moins impressionnante, comme un danger qui venait d'être écarté d'un revers de la main. « *Kesan gaomagon bona. » *je n'y manquerai pas - Pendant quelques secondes son regard resta figé dans le sien, avec l'impression que la confirmation de son identité rendait plus évidente l'éclat de son regard qu'elle s'en voulait de ne pas avoir reconnu. L'homme qui se tenait devant elle avait à la fois tout et plus rien à voir avec l'enfant qu'elle avait rencontré à Meereen.
Rendu à ce stade, il devenait difficile de savoir si le respect de l'étiquette était de mise ou si elle pouvait juste reprendre leur relation là où elle s'était arrêtée quelques années auparavant. Si ses calculs étaient exactes, il devait avoir dépassé les vingt-cinq ans, et en plus de dix ans les gens étaient capables de changer énormément, surtout lorsqu'ils prenaient en responsabilités. Alors Mezzara aurait pu céder à la fibre maternelle qui vibrait en elle et qui lui hurlait de se jeter à son cou en riant de joie, mais elle n'en fit rien. Au lieu de ça, elle se contenta d'un sourire -tout de même radieux de bonheur- et s'avança dans le grand salon qui constituait les appartements du prince, sans pour autant faire comme chez elle. Plantée au milieu de la pièce, elle gardait une posture droite et contrôlée, une certaine réserve qui l'empêchait de prendre ses aises. C'était plus fort qu'elle, elle avait conscience de la différence de leurs positions respectives. Elle se tourna à nouveau vers lui, les yeux brillants, l'expression réellement naïve de gaieté, et se permit enfin de le détailler du regard de la tête aux pieds. « C'est incroyable, j'ai fait mes adieux à un enfant à peine entré dans l'adolescence et je retrouve un adulte. Un adulte bien accompagné, d'ailleurs... » L'armoire à glace partie servir de livreur deliveroo aurait marqué les esprits de Mezzara si elle avait été présente à l'époque. « Par quel miracle un petit prince s'est donc retrouvé seul dans les rues de Meereen à pouvoir parler avec n'importe qui ? » Tout le reste était secondaire. Savoir comment un gamin de son rang livré à lui-même avait pu se lier d'amitié avec une roturière comme elle, ça, c'était fascinant.
Re: Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Edmund Gargalen Mar 8 Aoû - 19:16
Edmund observa pendant quelques instants le regard brillant de Mezzara et cela lui arracha un sourire. Le jeu du Gargalen était désormais fini et elle pouvait se détendre. Elle était ici son amie et invitée, il avait bien l’intention de la mettre à son aise. Les servantes pénètrent quelques minutes plus tard avec des rafraîchissements et de quoi se nourrir. Servant un verre de ce qu’ils désiraient le plus avant de s’éclipser aussi vite qu’elles n'étaient arrivées.
Une coupe de vin à la main, le prince se dirigea vers l’un des divans du salon pour s’y asseoir et invita son invitée à faire de même. Restant silencieux, il se laissait bercer par la voix altérée par cet accent qu’il n’avait pas entendu depuis des années. Il sourit à son évocation de son lui adolescent, il avait changé, c’était une certitude. Elle aussi, malgré tout, il était capable de mettre un visage sur tous ces souvenirs et tout était désormais d’une telle clarté.
Sa dernière question était légitime, bien que fausse en réalité.
C’est une longue histoire, mais je n’étais pas encore un prince à ce moment-là. Je n’étais qu’Edmund Gargalen, héritier de Salrivage. Un enfant bien loin de chez lui.
L’homme avait envie de tout lui raconter, mais était-ce réellement sage ? Elle était tout de même au service de Megalis Farman, enfin Megalis Uller. Edmund resta pensif, regardant le contenu de sa coupe. Après tout, Ulwyck était déjà au fait de tant de choses sur sa vie, si la blonde n’était pas encore au courant, elle finirait bien par l’être. Et si ce n’est pas par le biais de Mezzara, ce sera par celui de son époux.
J’ai un beau jour décidé que la vie de château n’était pas faite pour moi. Et je suis parti, me disant que l’autre côté du détroit avait bien plus à m’offrir. Et j’ai voyagé de Mereen à Braavos pour au final retrouver le chemin de ce qui était réellement mon foyer. J’y ai retrouvé la place que je n’aurai pas dû quitter. Puis la guerre est arrivée, et … voilà… Conclut-il en écartant les bras, présentant la pièce luxueuse dans laquelle il résidait.
Quelles successions d'événements improbables, Edmund avait parfois du mal à se les remémorer tant cela n’avait aucun sens. Au fond de lui, il savait pertinemment qu’il n’avait rien à faire là. Mais assez parlé de lui.
Tu sais ? Je suis resté un peu à Meereen après ton départ. Je ne sais pas trop pourquoi… Peut-être que j'espérais naïvement que tu avais changé d’avis et que tu étais finalement restée. Mais non, tu as bien fait la traversée et pour finir chez les Farman en plus. J’avoue être intrigué, comment cela est arrivé ? Demanda-t-il avec un sourire joueur.
Re: Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Mezzara Mar 8 Aoû - 20:49
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An 305 ✧ Lune 11 ✧ Semaine 04 ✧ Jour 02
L'ignorance des bas-fonds, moteur d'une continuelle emprise par les puissants sur ceux qui ne pouvaient qu'espérer souffrir le moins possible. Dans sa grande bonté, le maître de Mezzara avait mis un point d'honneur à donner une éducation à ses esclaves. Soucieux de leur bien être, de leur fierté, de leur loyauté sûrement, il lui avait appris à lire, écrire, compter, ils avaient même eu droit à de larges connaissances en Histoire et en littérature, et même avec ça Mezzara aurait été bien incapable de citer toutes les grandes familles des Cités Libres d'Essos. Elle connaissait celles de Meereen, ce qui était déjà pas mal, savoir inutile impossible à appliquer dans sa vie de servante. Alors celles de Westeros... Elle n'en avait jamais entendu parler avant d'arriver dans les terres de l'Ouest. Le nom des Gargalen ne lui disait absolument rien, tout comme Salrivage. Alors elle se contenta de le regarder sans aucune expression particulière sur le visage. Assise près de lui, elle faisait tourner doucement sa coupe de vin pour faire faire des petites vagues à sa boisson à l'intérieur de son contenant. « Prince ou non, vous aviez... Quoi ? 15 ans ? Vous avez décidé du jour au lendemain de quitter votre maison pour vous rendre dans des contrées éloignées et personne n'a rien dit ? » Elle avait bien compris que les rapports entre parents et enfants n'étaient pas les mêmes chez les nobles que chez les roturiers -quoi que les uns et les autres pouvaient se montrer aussi cruels- mais elle imaginait Willis à la place d'Edmund et son coeur se serrait dans sa poitrine rien qu'à cette idée. Il aurait pu arriver n'importe quoi. Ou alors il était déjà super bien protégé à l'époque et elle n'avait juste rien vu, ce qui n'était pas impossible. Epuisée et constamment en surveillance, sa vigilance avait été amoindrie durant ces quelques mois éprouvants.
Le nez baissé vers son verre, les joues de Mezzara avaient rosi sous la question du prince. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, réajustant légèrement son voile sur le dessus de son crâne dans un espèce de réflexe nerveux. « J'ai trouvé quelqu'un pour m'emmener gratuitement, je ne voulais pas rater cette chance. » Elle porta le verre à ses lèvres, prenant quelques secondes bien trop longues pour avaler une gorgée, le temps de remettre ses idées en place. Elle se sentait gênée de lui raconter ses déboires amoureux et elle ne comprenait pas pourquoi. Elle passa le bout de sa langue sur ses lèvres pour avaler le vin qui s'y était déposé et elle se lança, pas très assurée, mais avec la volonté d'être honnête. « Quand je suis arrivée dans les terres de l'Ouest, j'ai tout de suite commencé à chercher du travail. Feu Lord Sebaston Farman m'a repérée et m'a engagée pour servir lady Eddara. Je ne suis pas restée longtemps à son service, il m'a rapidement transférée auprès de lady Megalis, que j'ai eu la chance de voir grandir. Et puis... » Là, elle commençait un peu à rougir à nouveau, cherchant le bon ordre pour placer ses mots qui dévoilaient une certaine intimité. « ... Je suis tombée enceinte de Lord Criston, et mon fils a été mieux accueilli et traité que ce que j'avais espéré. Alors je suis restée. » Et maintenant Criston était parti pour rejoindre sa fer-née et Willis, petit con en puissance, faisait payer sa crise d'adolescence et le départ de son père à Mezzara, qui n'arrivait pas spécialement à le gérer. Elle leva son verre pour le terminer cul sec, tant pour se donner une certaine contenance que pour irriguer cette sensation de sécheresse dû à l'amertume dans sa gorge. Forcément, elle détourna rapidement la conversation. Un petit coup d'oeil rapide vers la porte, se demandant si on l'entendait de l'autre côté, et elle baissa un peu la voix, pas grand chose, juste assez pour être sûre que seul Edmund l'entende. « Je suis perturbée. Comment souhaitez vous que je vous appelle... ? » Passer du tirage d'oreille du gamin un peu taquin aux formules de politesse réservées aux princes s'avérait être un exercice plus difficile que prévu, et Mezzara se sentait aussi mal à l'aise que maladroite.
Re: Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Edmund Gargalen Mar 15 Aoû - 13:27
Edmund rassembla ses souvenirs des quelques semaines avant son départ pour l’autre continent. Il se souvenait d’une énième dispute avec son père et son frère. Les trois ne pouvaient pas être plus en désaccord, et depuis le temps le dornien avait compris qu’il réagissait par peur et non pas simple désinvolture. Son retour dans son foyer n’avait pas été de tout repos, mais désormais adulte, Edmund avait compris le comportement de son père et l’avait même trouvé plutôt… Doux. De toute manière, il avait eu un aperçu de ce qu’il leur avait infligé avec le départ d’Erena pour Braavos sans prévenir qui que ce soit.
Plutôt douze en réalité. Et pour être tout à fait franc, personne n’a pu dire la moindre chose, car j’ai disparu sans prévenir personne. Je le regrette amèrement aujourd’hui… Pas nécessairement d’être parti, mais de l’avoir fait de cette manière.
Le prince se contenta d’un sourire en écoutant les paroles de Mezzara lui contant son histoire. Du départ de Meereen jusqu'à sa vie avec les Farman en passant par son enfant avec Criston. D’ailleurs, le Gargalen manqua d’avaler son vin de travers avec cette annonce.
Non pas que la situation était particulièrement incongrue, les bâtards à Dorne étaient légion, il en avait d’ailleurs un en route lui-même. Mais principalement qu’il ne s’y attendait pas, Mezzara n’avait pas grandi dans sa tête, il lui faudrait encore quelque temps d’adaptation. Edmund leva un sourcil tandis qu’il observa son invitée vider son verre d’un seul coup. Ses bonnes manières lui imposaient de lui proposer de le remplir, un invité ne doit jamais avoir son verre vide, mais il se ravisa.
Pour mieux entendre les messes basses de Mezzara, le prince pencha légèrement la tête pour mieux l’entendre avant de rire légèrement.
Ne t’inquiète pas, tu peux parler librement ici. Dans l’intimité, tu peux m’appeler Edmund ou Ed comme tu préfères. Tu peux me tutoyer aussi, je pense qu’on a largement dépassé le stade du vouvoiement. Avec du monde autour, Votre Altesse est parfait, tu peux dire mon prince aussi, mais c’est généralement plus utilisé par mes compatriotes dorniens. Le prince prit une gorgée de vin tout en levant le doigt, car il avait omis un détail. Tant que tu ne ne poses pas de genoux au sol, j’ai ça en horreur.
Ayant fini sa propre coupe, il la posa sur la table en face de lui. Agrippant la cruche de vin qui y était elle aussi posée, il lança un regard en haussant les sourcils à Mezzara pour lui demander si elle souhaitait être resservie.
Un fils donc. Il est à Port-Réal ?
Re: Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Mezzara Dim 3 Sep - 18:02
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An 305 ✧ Lune 11 ✧ Semaine 04 ✧ Jour 02
Les grands yeux sombres de la servante observaient le prince en face d'eux, détaillaient son visage, qui n'était plus celui d'un enfant, la confiance qui dégoulinait de toute part, sourire léger sur une posture nonchalante. Elle imaginait sans mal Willis à sa place, surtout en ce moment, colérique qu'il était de voir son père être parti sans lui. Mezzara payait cher le prix de cette trahison dont elle n'était pourtant absolument pas responsable. Mais qu'importaient les raisons de cette colère, le garçon avait juste besoin de la décharger sur quelqu'un et sa mère était la seule avec qui il pouvait se permettre ce genre d'insolence sans risquer de réelle punition. Déjà parce qu'elle n'était pas supérieure à lui, mais surtout parce qu'en matière de discipline c'était toujours Criston qui s'était chargé des leçons. Criston parti, les barrières avaient explosé et les limites disparu. Alors elle voyait parfaitement Willis capable d'une chose pareille, prendre ses affaires un jour et partir, sans rien dire à personne, disparaître, se réjouir d'imaginer sa mère morte d'inquiétude. « Si j'avais été l'un de vos proches, je pense que je serais devenue folle. » Mais c'était à peu près tout ce qu'elle aurait pu faire, pour lui comme pour Willis. Devenir folle et attendre.
Le fond du verre vide, l'ancienne esclave n'osait pas se servir. Elle était pourtant à peu près sûre que le prince ne dirait rien, d'autant plus après l'avoir rassuré sur les formes d'usage à mettre de côté lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Un soulagement pour Mezzara qui avait beaucoup de difficulté à trouver sa place dans cette conversation. Le mal-être n'était pas un sentiment qu'elle avait été habituée à sentir en sa compagnie et se rappeler des quelques paroles ou des quelques gestes qu'elle avait eus envers lui quelques années auparavant et qui lui voudraient aujourd'hui probablement la peine de mort n'arrangeait rien. « Tu me verras contrainte de le faire si nous nous croisons ailleurs que dans tes appartements, j'en ai peur. » Un petit sourire taquin, masqueur d'une demi vérité. Elle devait se plier aux convenances. « Le temps passé auprès de la famille Farman m'octroie quelques privilèges mais pas celui de manquer de respect aux princes étrangers. » Depuis le temps, Mezzara avait appris à exceller en révérences et autres formes de politesse, mais à force de ne plus avoir à le faire, il n'était pas impossible que les prochaines soient maladroites. Le verre tendu vers Edmund, une fois n'est pas coutume elle se fit servir et attendit qu'il ait fait de même avec son verre pour prendre une gorgée, plus sagement cette fois. « Il y est, oui. Quelque part dans le donjon rouge. Je ne le vois plus beaucoup en ce moment, il est fâché contre moi et m'évite soigneusement. Tu sais... Le mauvais caractère habituel des adolescents. » Les raisons étaient plus lourdes qu'une simple crise d'adolescence mais rien de tout ça ne regardait Edmund. Ni les insultes, ni les gestes parfois plus violents, ni les reproches. « Et toi ? A ton âge, tu es marié, n'est-ce pas ? » Elle se mit à rire doucement en prononçant cette question qui paraissait complètement irréelle. « Excuse moi, je te revois jouer avec les autres gamins et ma question me parait soudainement ridicule. » Son visage s'adoucit quelque peu, elle le détailla à nouveau du regard, avec une tendresse qu'elle ne tenta pas de cacher. « J'ai du mal à réaliser et pourtant tu es là. Un adulte, un homme, avec une voix grave, de la barbe, et tout ce qui va avec. » Pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas, une boule d'angoisse s'était formée dans son ventre, et elle rabaissa les yeux vers son verre de vin dont elle but une nouvelle gorgée. Une tendance à l'alcool qui prenait de l'ampleur à mesure que les années passaient.
Re: Promised to do more than stay ☽ Edmund Gargalen
par Edmund Gargalen Mer 6 Sep - 22:59
Le prince souffla du nez dans son verre lors de la description du fameux Willis par Mezzara. Effectivement, il reconnaissait assez bien le caractère d’un adolescent. Edmund ne connaissait pas son âge, mais ne pouvait éviter le parallèle avec sa propre histoire. Bien qu’il ne doutait pas que son voyage à Essos l’eût fait grandir bien plus vite que ce garçon. Toute cette période n’était pas totalement noire et le temps faisant son œuvre, seuls les bons moments restaient. Mezzara… Imeah… Braavos… Le Gargalen avait bien senti la nostalgie progresser au fil des années, progression qui n’avait fait que s’accélérer lors de son élévation en tant que prince des sables.
La conversation dévia sur sa propre union encore toute jeune de quelques lunes, un sacré événement duquel Edmund avait mis quelques semaines à s’en remettre, notamment à cause de son ami Nymeros. La fin de la tirade de la meerienne était touchante.
Oui, je suis désormais marié. Un peu déçu que la nouvelle d’un mariage princier ne soit pas arrivée jusqu’à Belle-Ile. Répondit-il avec un sourire. Je n’avais jamais vu autant de monde à Lancehélion, je pense sincèrement que les dorniens avaient besoin d’un tel événement… Et d’une nouvelle princesse accessoirement.
La fameuse Elia Dayne était restée seule à Dorne, régnant pour la première fois seule sur ses terres. Bien qu’un peu inquiet comme à son habitude, sa femme avec montrée une certaine prédisposition en reprenant la gestion des Méteores ce qui permettait au Gargalen de relativiser.
On aurait dû s'y voir d’ailleurs. Mais Ulwyck a soigneusement bien choisi la date de son propre mariage pour ne pas avoir à venir à Dorne. Dit-il avant de laisser échapper un léger rire. Comment s’est passée leur union ? Un mariage insulaire… Cela doit avoir un charme particulier.
Edmund avala une gorgée de vin avant de se caler dans le coin du divan pour faire en quelque sorte face à son invitée.
Et toi pourtant, toi tu n’as pas changé ! Je ne sais pas pourquoi j’ai mis autant de temps à te reconnaître. Je mettrai ça sur le coup de la surprise, j’ai peu tendance à oublier ceux que j’aime.
Le prince soupira, se frottant le visage de ses mains. Le rôle de prince, le procès, tout ça lui pesait. En rouvrant les yeux, il put observer une jeune femme le regard plongé dans son verre.
Eh bien ! C’est toute la joie que ça t'inspire que l’on se retrouve ? Demanda-t-il avant de lui taper délicatement l’épaule pour la faire réagir.
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