[Port-Réal] [EVENT] Le Tournoi du Donjon Rouge
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Le Tournoi du Donjon Rouge
305 – Lune 7 – Semaine 4 – Jour 7
Autour des pistes de sable, des tentes multicolores s’étaient dressées, jour après jour, portant les couleurs des nombreuses maisons qui avaient fait le déplacement. Certains, quoi qu’ils soient rares, étaient même venus du Nord, invités par le roi des Six Couronnes.
Les yeux révulsés, Brandon explorait un passé lointain, de ceux dont les Hommes ne pouvaient se souvenir. Il fut rappelé au présent par la voix de ser Podrick, qu’on avait chargé d’aller quérir le roi. Le jeune chevalier de sa Garde Royale poussa la chaise du Stark à travers le Donjon Rouge, jusqu’à la cour du château où l’attendait son coche et Tyrion Lannister.
Encerclé par les Manteaux Blancs, ser Brienne de Torth en tête, le cortège traversa la ville jusqu’à rejoindre le terrain du tournoi. Lorsqu’on le fit descendre, accompagné de sa Main, on l’amena jusqu’à la plus haute estrade. De là, il surplombait la piste. Son arrivée marquait le début des festivités. Sa Main fit le tour des nobles, les saluant et leur souhaitant la bienvenue, les invitant à se réunir autour du roi le plus vite possible. Qu’il pleuve ou qu’il vente, ce tournoi était l’occasion rêvée pour tous de resserrer les liens demeurés fragiles depuis la fin de la guerre.
KoalaVolant
La délégation dornienne venait d’arriver au tournoi du Donjon Rouge. Port-Real était en effervescence, ce qui rendait le prince encore plus nerveux qu’il ne l’était à son habitude dans la capitale. Les rues étaient bondées et le groupe avait du mal à se frayer un chemin. Deux gardes ouvraient la marche, suivis par tout le groupe composé des nobles dornien. Edmund était en tête, avec Elia à son bras. Leurs fiançailles étaient désormais officielles, aucun retour en arrière n'était possible. Ils étaient suivis de sa sœur Sara, qui semblait être la plus ravie de se trouver ici. L'aînée Gargalen pensait qu’ils ne quitteraient jamais leurs quartiers, tous avaient attendu Sara pendant de longues minutes en entendant hurler qu’elle était “bientôt prête”. Sa seconde sœur Erena contrastait à côté, Edmund lui avait demandé de faire un effort pour l’occasion et il n’était pas difficile d’imaginer son manque d'enthousiasme rien qu'à son absence totale de sourire. Le reste du cortège comprenait d'autres nobles dornier et la marche était fermée de nouveau par des gardes.
Ils arrivèrent à l’emplacement du tournoi sous une légère bruine, le sable était humide. Les chevaux auront plus de mal à prendre de la vitesse sur ce terrain, peut-être, aura-t-il l’occasion d’observer quelques bêtes dorniennes. La dame des Météores et les trois Gargalen pénétrèrent dans l’estrade réservée aux Surerains de Westeros et s’installèrent à leur emplacement indiqué par les quelques servants. Edmund en profita pour saluer les seigneurs déjà présents, ils n’en avaient pas vu la plupart depuis des années. Il se rassit à côté de sa promise à qui il adressa un sourire sincère. Il se retourna pour observer ses sœurs, Sara était déjà en train d’épier tous les hommes sur qui elle pouvait poser le regard. Elle avait spécialement révisé ses blasons pour être certaine de ne manquer aucune maison noble. Il continua pour tomber sur Erena qui le regardait droit dans les yeux, toujours aussi forte pour communiquer sa folle envie d’etre ici. Edmund lui adressa un timide sourire avant de refaire face à la piste pour attendre le début des festivités.
Port-Réal était en effervescence. Lors de sa dernière venue à la capitale, elle n’avait pas eu l’impression que la ville était aussi animée. Dans un sens, elle appréciait cela, le monde ne l’avait jamais dérangée, sauf que là, personne n’allait la calculer et ça, elle avait beaucoup de mal… Erena avait toujours aimé être quelque peu au centre de l’attention et cela n’allait pas être le cas aujourd’hui. Qui plus est, Edmund lui avait demandé de faire un effort, ce qui fait qu’elle allait devoir se comporter comme une véritable lady pour ne pas ternir l’image des Gargalen en faisant des siennes. Ceci avait complètement enterré le peu d’enthousiasme qu’elle avait.
Elle suivit donc le cortège sans dire un seul mot, allant jusqu’à s’installer à sa place qu’on lui avait attitrée. Elle tourna le regard pour observer sa sœur qui semblait déjà épier tous les hommes présents dans l’assemblée et ceci fit lever au ciel les yeux d’Erena qui était déjà fatiguée d’un tel comportement. Elle ne put s’empêcher de glisser quelques mots à sa sœur. « Tu comptes faire ça toute la journée ? » Cela témoignait de l’exaspération d’Erena d’être assise à côté de Sara, pour le coup, mais bon. On lui avait imposé cette place et, en croisant le regard d’Edmund, elle était presque sûr qu’il était quelque peu responsable de cela, se disant peut-être que les deux sœurs pourraient communiquer un peu. Alors, avec Erena, c’était toujours possible mais la discussion n’était pas toujours agréable…
Elle aurait clairement préféré une autre compagnie que Sara car les deux jeunes femmes ne partageaient que très peu de centres d’intérêt commun, pour ainsi dire aucun… La discussion risquait de vite tourner cours, surtout si Sara se comportait de la sorte en épiant chaque beau chevalier, sucrant le blason qu’il arborait pour imaginer ce que donnerait une vie avec ce dernier… Cela l’exaspérait déjà d’imaginer sa sœur imaginer une telle chose… Elle risquait certainement d’avoir quelques petites remarques cinglantes à son sujet. Au moins, ça pouvait lui donner le sourire, c’était déjà au moins une petite lueur d’espoir dans cette journée.
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« Dites à Ser Archibald Ferboy que je souhaite le voir. »
Le serviteur à l’entrée hocha la tête, entra, j’entendis quelques murmures et ressortis en m’écartant le pan de lin de la tente. Je fis signe à mes chevaliers de rester dehors avant de moi-même rentrer en offrant un sourire au jeune homme. J’ignorai si mon père l’avait rencontré lui-même, mais il fallait l’admettre : Archibald Ferboys était un bel homme bien fait de sa personne.
« Ser Archibald. C’est un plaisir de vous voir enfin. »
Deux ans que nous étions fiancés… Père et ses tractations dont il ne m’avait touché mot que bien trop tard. Dorne et Bief. La paix, il fallait la paix. Je fis malgré tout une petite révérence. J’étais seigneur. Pas lui. Pour l’instant. Je tirais un long ruban de mes cheveux roux qui j’avais fait remonter en un chignon complexe avec quelques épingles avec une tête faite d’éclat de grenat. Je savais que ce ruban ne servait à rien, une simple décoration. Mais ce ruban portait mes couleurs. Je lui tendis en soutenant son regard.
« Accepteriez-vous de porter mes couleurs lors de cette joute ? Si vous souhaitez le faire discrètement, cela ne sera pas un problème. »
En espérant qu’elles lui portent chance. J'espérais qu'il préfère les porter discrètement. J’échangeai encore quelques politesses avant d’incliner la tête et de prendre congé. Aucun mot de mes chevaliers sur le chemin du retour et je reviens aux côtés Hightowers en m’asseyant bien droite offrant un sourire aux gens présents, mais surtout à Aelinor. Je savais que bien des siens joutaient aujourd’hui. Machinalement, je portais une main à l’étoile à sept branches que je portais en priant silencieusement qu’aucun des siens ou que Archibald, ne soient trop gravement blessé…
Baelor saluait les seigneurs et dames avec qui il avait l’habitude de discuter aux abords du terrain et sa fille faisait courbettes et sourires quand elle vit la délégation dornienne arriver, Edmund en tête avec Elia Dayne à son bras. Sa décision, bien que compréhensible lui restait en travers de la gorge, à moins que ce ne soit que el fit de ne pas porter la couronne de Dorne qui la chagrinait et lui donnait des envies de meurtre. Elle resta presque impassible et après avoir inspiré longuement, elle s’avança en traînant Ser Humfrey, son oncle, derrière elle et salua les deux dorniens avec un hochement de tête qui, bien que respectueux, ne reflétait pas la différence de rang, mais plutôt une certaine proximité avec Edmund.
__ Prince Edmund, Lady Dayne Toutes mes félicitations pour vos fiançailles.
S’approchant du Prince, la jouvencelle ajouta avec un clin d’œil espiègle :
__ Tu as fort bien choisi.
Était-ce la première fois que la Hightower tutoyait Lord Gargalen, peut-être que oui, peut-être que non, mais avec tout le temps qu’ils avaient passé ensemble, cela n’avait cependant rien de surprenant. Elle salua ensuite les deux sœurs du jeune homme qu’elle rencontrait pour la première fois et Humfrey ne manqua pas de faire une démonstration de galanterie en vantant leur beauté, se bourreau des cœurs ne pouvait pas s’en empêcher, pourtant, il n’avait pas encore rencontré celle qui le ferait chavirer pour de bon.
Voir le jeune homme et sa promise monter sur la tribune réservée aux Suzerains alors qu’elle et sa famille étaient relégués sur la même tribune que les autres nobles termina de la faire rager intérieurement. Mais elle le cacha fort bien derrière un masque altier. Lorsque le Roi fit son entrée, le chevalier confia sa nièce aux gardes de la Maison et prit congé pour se rendre à la joute qui ne tarderait pas à commencer. Aelinor termina de saluer les personnes qu’elle connaissait, c’est alors qu’elle croisa la jeune Desmera sortant du tente aux couleurs des Ferboys. Malgré la surprise et le millier de questions que suscitait cette découverte, Aelinor reprit son chemin comme si elle n’avait rien vu et alla prendre place avec sa famille. A l’arrivée de la Desmera, la Hightower retrouva son sourire quelque peu entamé par sa rencontre avec Edmund.
__ Lady Redwyne ? Vous êtes très en beauté.
A l’arrivée de la Desmera, la Hightower retrouva son sourire quelque peu entamé par sa rencontre avec Edmund.
Eddara poussa sans ménagement la jeune camériste et lui arracha des mains les liens du corsage de Megalis. Elle tira dessus pour le serrer toujours plus, forçant la demoiselle à se tenir plus droite que jamais. Elle sentit son corps se comprimer, son souffle se ralentir, et expira quand sa grand-mère la lâcha enfin. Mais elle n’eut que peu de répit. Une main ferme agrippa son menton et elle fut forcée de regarder Eddara dans les yeux. Taillés dans la même glace que les siens, ceux de l’aïeule étaient néanmoins bien plus féroces. Après de longues secondes à la contempler, Eddara eut sourire acéré que lui rendit sa petite-fille.
— Rappelle-toi bien… Le Masque.
La vieille la lâcha enfin et elles rejoignirent le reste de leur famille. Ils n’attendaient qu’elles pour aller vers le terrain de tournoi. En contemplant sa maisonnée, Megalis eut un pincement au cœur. Son père manquait toujours à l’appel, et elle avait beau le savoir mort, elle ne se remettait toujours pas de la mort de Sebaston. Ils rejoignirent le terrain presque silencieusement, la lionne rouge s’affairait à garder le menton haut et le regard droit, mais son jumeau était comme toujours plus bavard. Willos se penchait régulièrement à son oreille pour colporter quelques ragots sur tel ou tel chevalier, arrachant parfois un sourire à sa sœur.
— Et là, le prince de Dorne, qui dit-on, a à lui seul repoussé une horde de dix mille dothrakis.
— Tu as fini ?
— Si seulement… Il y a également le fier cygne noir…
Megalis leva vivement les yeux pour le chercher. Elle le vit et détourna aussitôt le regard, comme si sa vision l’avait brûlée. Elle se rappelait bien leur rencontre, des années plus tôt, et il l’avait étrangement marquée. Passant aux côtés des hourds les plus hauts, où siégeaient déjà les suzerains, une pointe de jalousie traversa la jeune dame. Elle n’en montra rien, s’arrêtant pour les saluer d’une révérence, son regard s’arrêtant sur les Lannister. Ces lions d’or n’avaient rien à faire ici, ils ne méritaient pas cette place. Ils étaient la honte de l’Ouest. Elle détourna son regard pour approcher de la tribune où se trouvaient le roi et son Conseil. Les yeux de Megalis passèrent brièvement sur le faux souverain et se posèrent sur Tyrion Lannister. Elle lui offrit un mince sourire en s’inclinant, puis les Farman prirent place dans les gradins, saluant plusieurs nobles sur leur chemin. Luthor et Willos laissèrent bientôt les femmes pour aller se préparer aux joutes. Son jumeau lui offrit une autre blague, un autre rire, avant de s’éloigner – arrachant un énième sourire à Megalis, qui fut aussi vite réprimandée d’un regard par Eddara.
Elia avait passé deux semaines à préparer son voyage pour Port-Réal. Deux semaines à étudier à nouveau les mœurs de ce royaume étrange où les femmes préféraient regarder les hommes se battre plutôt que de prendre les armes elles-mêmes pour se défendre. Son arrivée dans la capitale du royaume de son cousin devait être éblouissante et représenter la force de Dorne au nouveau roi et à ses lords. Dorne restait une terre insoumise, qui n'avait pas ployé le genou devant les Targaryens alors qu'ils ravageaient les terres les plus fertiles de Westeros. Les Dorniens étaient fières, indomptés et elle devait représenter tout cela. Surtout, elle devait faire honneur à son nouveau statut puisque dans quelques lunes, elle serait la Princesse de Dorne et les choses changeraient sous son règne, mais tout d'abord, elle devait unifier son futur royaume. Elle espérait que son mariage donnerait aux maisons du Nord de Dorne un symbole du renouveau qui allait s'annoncer. Si Dorne était fractionnée, que devait-elle dire des autres régions de Westeros qui regardaient leur nouveau roi comme des rapaces regardent une proie. Elle savait que ce tournoi ne serait pas qu'un peu de sport pour des jeunes chevaliers, mais bien un tournoi politique, un moyen de voir l'état d'un royaume plus fractionné que jamais. Son regard se porta sur le Donjon Rouge en face d'eux, elle regrettait déjà ses Météores et ses pierres blanches qui brillent au soleil, elle regrettait déjà la chaleur aride de Dorne et ses paysages.
Elle tourna son visage pour trouver les yeux d'Edmund, raffermissant sa main autour de son bras. Il allait être père, un nouveau chamboulement tant pour lui que pour elle. Elle devra faire ses preuves une fois mariées, prouver qu'elle était capable de produire un héritier rapidement pour le bien de Dorne et le bien de sa maison surtout si Edmund se mettait à produire des bâtards. Cependant, elle avait de la compassion pour cette femme qui mettrait au monde un enfant qui ne serait jamais véritablement reconnu, avec un père incapable de se montrer à ses côtés dans les premiers temps. Néanmoins Dorne était plus complaisant avec la question de la bâtardise et elle ne pouvait en vouloir à cet enfant. Elle fut interrompue dans ses pensées par les paroles de Lady Hightower. Elle ne savait pas qu'Edmund était proche de cette famille. Elle adressa un sourire à la jeune femme et répondit d'un ton diplomatique :
« Lady Hightower, merci pour vos félicitations, espérons que ce tournoi rapproche nos maisons.»
Pendant qu'Edmund allait saluer quelques lords, Elia porta son regard sur son cousin sur une estrade. Elle observa tout son conseil observer les nobles chuchotant entre eux, conscients de la tension sous-jacente. Enfin, elle croisa son regard qui semblait toujours happé par l'Histoire. Elle lui adressa un simple mouvement de la tête pour le saluer avant de se tourner vers sa future belle-sœur ; Erena. Elle était étonnée que celle-ci n'ait pas voulu participer à une des épreuves, elle semblait assez féroce pour battre tous les hommes ici présents.
« Erena, ne trouvez-vous pas amusant comme ces jeunes chevaliers imitent la guerre ? À Dorne, les lances seraient en fer et non en bois, le jeu en est alors bien plus intéressant, vous ne trouvez pas ?»
Son ton était malicieux, elle avait envie de nouer un lien avec cette femme qui ferait bientôt partie de sa vie.
Quoi qu’il en soit, si Mina et Melessa étaient impatientes de voir le monde, Lorent était nettement plus réservé sur le sujet. Revoir des visages familiers qui avaient causé tant de souffrance, allait-il le supporter ? L’arrivée à Port-Réal se fit sans trop d’encombre et pour cause, Lord Caswell n’avait pas lésiné sur les gardes pour ses filles. Chacune avait un chevalier attitré pour la protéger, commandant chacun une petite troupe de cinq soldats. De son côté, le Seigneur de Pont-l’Amer n’avait que son oncle Mathis comme protecteur. Les deux jeunes filles furent éblouis par la grandeur de la Capitale, oubliant sans doute l’espace d’un instant les massacres qui y avaient été perpétrés pour l’avidité de quelques uns. La délégation traversa la ville et finalement, arriva au Donjon Rouge où ils furent invité à rejoindre l’ensemble des nobles déjà présents.
Plusieurs visages familiers furent assez vite repérés dans la foule et évidemment, les deux filles Caswell allèrent immédiatement à la rencontre de Lady Redwyne et Lady Aelinor. Il faut dire qu’elles s’étaient croisés récemment lors de leur arrêt à Pont-l’Amer. Lorent ne tarda pas à les rejoindre, saluant poliment les deux jeunes femmes.
« Lady Redwyne, Lady Aelinor, c’est un plaisir de vous revoir. Il semblerait que notre départ un peu plus tardif n’ait pas trop retardé notre arrivée. »
Mina ne semblait pas intimidée du tout par une telle réunion de sang noble, contrairement à sa cadette qui se fit un peu plus discrète depuis leur arrivée. Il faut dire que c’était la première fois qu’elle mettait les pieds hors de Pont-l’Amer et elle ressentait une certaine pression de se retrouver face à la noblesse du Bief. Lorent observa un peu la foule, cherchant d’autres visages familiers et bien qu’il en aperçut quelques uns, ses filles ne semblaient pas vouloir trop s’écarter des deux ravissantes ladies.
« Puis-je vous confier mes filles le temps que j’aille saluer vos parents et quelques connaissances, Lady Aelinor ? »
Evidemment, cette remarque ne plut guère à Mina qui ne manqua pas de relever sa maturité évidente.
« Père ! Je ne suis plus une enfant. Lady Aelinor et moi avons presque le même âge ! »
Lord Caswell ne put que lever les yeux au ciel avant de s’éloigner en lançant un ultime conseil.
« Je sais, je sais mais parfois, la sagesse n’a pas la même croissance. »
Bien que son absence ne dura pas bien longtemps, Lorent ne put que s’inquiéter pour sa progéniture. Régulièrement, il lança des regards en direction de ses filles et des deux jeunes femmes les accompagnant.
An 305
Lune 7, Semaine 4, Jour 7
Event
Alors, bon gré mal gré, il se rendait au tournoi en compagnie de sa sœur Shôren, car s’il devait assumer ses responsabilités, elle aussi n’échappait à cette règle. Il espérait lui dénicher un bon parti pour son futur mariage, même s’il rechignait toujours un peu à cette idée. Il la chérissait, et refusait de précipiter son malheur à cause d’un mariage hâtif qui ne la comblerait pas.
Après avoir traversé la capitale en effervescence et ses rues bondées, les deux Caron s’avancèrent jusqu’aux gradins réservés à la noblesse déjà bien remplis. Jonas reconnut plusieurs blasons, ainsi que quelques visages familiers – Aelinor Hightower, qu’il avait côtoyée les années précédentes mais dont il désapprouvait l’ambition politique ; Edmund Gargalen, le Prince de Dorne ; ou encore certains membres du Conseil Restreint qu’il avait déjà eu l’occasion de rencontrer au fil des années.
— Accorderas-tu tes couleurs à l’un des participants ?
Un geste simple mais symbolique, qui n’engageait à rien. Par ce seul geste, Shôren attirerait l’attention sur elle quelques instants, assez pour la faire connaître un peu plus. Jonas espérait qu’elle se prêterait au jeu, une faveur qu’elle pourrait lui accorder pour lui faciliter la tâche. Tous deux auraient de loin préféré être à Séréna, en compagnie de leur mère, à gérer les affaires de leur fief, plutôt que se soucier des intrigues de la Cour.
Le Tournoi du Donjon Rouge
305 – Lune 7 – Semaine 4 – Jour 7
Par-dessus le brouhaha de la foule, des mains claquèrent pour en obtenir l’attention. Un héraut se percha en hauteur, non loin des plus puissants du royaume, annonçant d’une voix forte les premières joutes. Tour à tour, il dévoila les noms des adversaires.
Willos Farman contre Brynden Nerbosc
Bronn La Néra contre Garrett Celtigar
Ulwyck Uller contre Luthor Farman
Andros Boulleau contre Humfrey Hightower
Andar Royce contre Kennos de Kayce
Alessandre Desdaings contre Podrick Payne
Garth Hightower contre Archibald Ferboys
Brienne de Torth contre Gareth Clifton
KoalaVolant
— Qu’est-ce qu’y veut, l’raton ?
— Bon sang, Brynden ! Tu es attendu sur la lice. C’est à ton tour de jouter.
L’ours se releva brusquement, envoyant paître les deux catins. Il s’avança d’un geste maladroit pour saisir son casque et trébucha dans un cliquetis d’armure. Il émit un rire gras avant de se redresser tant bien que mal, puis le seigneur de Corneilla emboîta le pas à son cadet tout en écoutant d’une oreille distraite ses sermons. Il se mit difficilement à cheval, pas bien aidé par la foutue pluie, et lança sa monture au trot vers le terrain. Il passa devant les nobles, afficha un sourire acéré, bien trop fier de lui et de ses frasques.
Il adressa un clin d’œil à quelques pucelles puis s’arrêta devant le plus haut des hourds. Il s’inclina maladroitement devant le roi et son conseil, puis enfila son heaume avant de se tourner vers son adversaire. Celui-ci était bien plus pimpant que lui, dans sa belle armure gravée de petits bateaux. Comme c’était mignon. Brynden ajusta son casque en tête d’ours, se concentrant autant que possible pour ne pas tomber de cheval. Et quand on annonça que la joute pouvait débuter, le riverain pressa les flancs de son cheval pour le lancer droit sur le Farman.
La lance de l’ouestien effleura l’armure du sire de Corneilla, mais par miracle, il ne tomba pas. Il ralentit au bout de la lice, jaugea un instant son adversaire, et envoya un coup de lance arrivé à sa hauteur. Le jeune Farman ne sut éviter le coup, il fut éjecté de sa selle et tomba lourdement en arrière. Brynden ralentit en souriant, lançant un regard à Hoster. Même saoul, il n’était pas si mauvais. Puis il vit le corps par terre, l’armure percée et le ventre ouvert en une large plaie. Tandis qu’on écartait le corps mourant de la piste, Brynden la quittait aussi, finalement pas bien fier.
__ Il ne tient qu’à nous de faire en sorte que ce tournoi aboutisse à une entente, et qui sait, une alliance entre Lancehélion et Villevieille Lady Dayne.
Répondit Aelinor à Elia, préférant ouvrir la porte sur une négociation que la fermer à cause d’une jalousie mal placée. De toute façon, la dornienne n’y était pour rien, seul Edmund devait se racheter.
Peu après qu’elle se soit installée aux côtés de la Redwyne, elle vit arriver la famille Farman. Megalis rayonnait, comme toujours et Aelinor lui sourit en hochant la tête d’un air entendu. La blonde devait être soulagée depuis la mort de Cersei, hélas, elle avait dû perdre son père dans la guerre des Lannister. Elle était peinée pour son amie, tout comme elle l’était pour Desmera sur qui elle posa les yeux avec un sourire. Mais comme à chaque fois qu’elle repensait à Cersei ou à la mort d’un proche, le souvenir terrifiant de l’explosion de Septuaire lui revenait en tête. Sachant parfaitement où cela pouvait la mener, elle fit tout pour se sortir cette envahissante terreur de la tête et observa la foule, cherchant d’autres visages connus.
Elle ne tarda pas à apercevoir les filles Caswell accompagnée de leur père qui les avaient accueillies quelques semaines plus tôt à Pont l’Amer. Le brune aux yeux céruléens fut ravie de voir Mina et Melessa, en revanche, elle ne savait toujours pas sur quel pied danser avec Lorent. Mais au moins étaient-ils entre bieffois et au fond cela n’était pas pour lui déplaire.
__ Mina, Melessa, Lord Caswell, quel plaisir. Vous arrivez juste à temps pour les festivités. Mais vous ne joutez pas ?
Aelinor accepta volontier de rester avec les demoiselles.
__ Bien sûr, mon père sera content de vous voir.
La jouvencelle fut soulagée que leur père s’en aille et pria intérieurement pour qu’il reste avec Baelor. D’ailleurs la remarque de Mina ne manqua pas de lui remémorer la triste réalité. Mais en voyant Bronn quitter la tribune avec son sourire narquois, elle se dit qu’il valait tout de même mieux épouser un vieillard de haute naissance que cette immonde bouse.
__ Venez, prenez place.
Se décalant pour que les deux jeunes filles puissent s'asseoir, elle commença à leur montrer les membres des grandes maisons qu’elle connaissait tout en se demandant à qui donner son ruban. C’est alors qu’elle aperçut Jonas Caron, accompagné de sa sœur. Son cœur accéléra et un voile de poussière grisâtre passa devant ses yeux, des hurlements de terreur résonnèrent dans sa tête, son souffle se fit court. Elle serra les poings et enfonça profondément ses ongles dans ses paumes pour éviter de sombrer tout entière dans ce souvenir. Les trompettes annonçant les premiers jouteurs l’aidèrent à sortir de l’angoisse qui lui serrait la gorge. Alors, comme si de rien n’était, elle lui sourit et inclina la tête respectueusement avant de se lever pour donner son premier ruban à Willos Farman.
Ce dernier s’élança contre son adversaire qui semblait aussi aviné que le gouverneur du Bief après une soirée à culpucier. Mais contre toute attente, c’est Brynden Nerbosc qui gagna la joute et la déception d’Aelinor était complète. Mais en se rendant compte que Willos était gravement blessé, elle pâlit et mit une main sur sa bouche en écarquillant les yeux.
« Dame Hightower, je vous retourne le compliment, vous êtes superbe. »
Je sentais qu’il y allait avoir bien des joutes intéressantes. Il y avait les Farman, j’inclinai la tête vers eux pour les saluer avant de sourire à Lorent Caswell qui arrivait avec ses deux filles.
« Seigneur Caswell, c’est un plaisir de vous voir également. Vous arrivez juste à temps ! »
Et c’était un papa poule… J’inclinai légèrement la tête avant de me pencher vers Mina avec douceur :
« Pour votre père, même le jour de votre mariage, vous serez une petite fille de six ans à ses yeux. »
Je m’installai confortablement, mes deux chevaliers derrières moi et enfin on annonça la joute. Je vis mon amie qui sembla pâlir u peu et je me penchai vers elle pour souffler à son oreille :
« Tout va bien Dame Aedinor ? »
…Oh non… Archibald contre un Hightower. Il ne manquait plus que ça… Je ne savais plus à quel dieu me vouer pour qu’il n’y ait qu’une fracture et pas plus… Je me mordis les joues en posant une main bien à plat sur mes genoux. Je fronçais le nez en voyant le conflannais… Je me penchais vers mon amie pour souffler assez bas pour qu’aucune autre personne qu’elle n’entende :
« Est-ce Brynden Nerbosc ? Ou une outre y vin qu’on a posé sur une scelle ? »
Et Dame Aelinor donnait ses couleurs au Farman, très bon choix à mon regard. Je lui offris un sourire sans rien dire. Donner ses couleurs ne voulaient pas dire tant de chose que cela en réalité. Première passe rien, le Farman sembla effleurer son adversaire et je me penchai à nouveau vers Aelinor :
« L’avantage d’être soûl, il tangue naturellement. »
La fin de la joute ne me fit point rire du tout et je dû me forcer pour ne point détourner les yeux… Je pris la main de mon amie qui semblait bien choquée. Par tous les dieux… faites que ce jeune homme s’en sorte… Je ne dis rien, serrant juste sa main dans la mienne.
Le Tournoi du Donjon Rouge
305 – Lune 7 – Semaine 4 – Jour 7
ANDAR ROYCE
Andar était prêt. Il avait revêtu l’armure de sa famille, un très bel ouvrage fait de plate argentée et ornée d’anciennes runes en bronze. Il s'observait dans la glace posée au centre de sa tente, il travaille sa posture. Impossible de ridiculiser une nouvelle fois comme au tournoi de la main.
Il s’approcha de la glace, son visage à quelques centimètres de son propre reflet. En se pointant lui-même du doigt, le bout de son gant rayant le miroir, il se donnait encore quelques paroles d’encouragement.
- Tu peux le faire ! Hein, Andar ? Tu vas merder encore ? Non non Andar, tu vas pas merder !
Il avait encore au travers de la gorge sa dernière joute. Par un sale coup du hasard, il était tombé dès le premier tour face à Jamie Lannister. Il n’avait pas fallu plus d’une lancée pour que le blond le désarçonne, il en avait encore le poing serré. Cependant, le Lannister n’était plus, a défaut de pouvoir avoir sa revanche, il ne pourra pas retomber contre lui. Cette fois-ci, il allait devoir affronter Kennos de Kayne, chevalier de sa maison. Ce n’était pas un total inconnu, mais il avait plus ses chances cette fois-ci.
Il fut tiré de ses pensées par un mélange d’acclamations et de cris d’horreur, la joute de ces prédécesseurs devait être terminée. Et plutôt mal à en juger le silence qui régnait maintenant au-dessus du tournoi. Il se dirigea vers son cheval et se mit en route vers la piste.
Andar réalisa le traditionnel salut à son Roi et fit un signe rapide de la tête à son seigneur Arryn. Sur le chemin pour rejoindre son emplacement de départ, il croisa le regard d’Edmund Gargalen. Il avait forcément entendu parler de l’homme et du vent nouveau pas forcément bien accueilli qu’il soufflait sur Dorne. Mais il ne douta pas un seul instant qu’il ne tiendrait pas rigueur au Prince si jamais il ne donnait pas de réponse favorable à une union pendant plus de deux ans.
Faisant dorénavant face à son adversaire, il enfila son casque en rabaissant sa visière. Sa lance et son bouclier lui furent tendus et il s’en saisit. Il était prêt, il ne désirait plus que d’entendre le coup de trompette signifiant la charge.
Il ne fut pas surpris lorsque l’instrument de cuivre laissa échapper son rugissement et lança son cheval à toute allure le long de la rambarde centrale. Ajustant sa lance sur le bouclier de son adversaire, il se sentait confiant. Et il avait raison, le chevalier de l'Ouest fut désarçonné au premier contact mais ne semblait pas avoir été blessé.
Andar fit ralentir son cheval en relevant son casque. Il était victorieux et saluait la foule. Il avait un léger sourire aux lèvres qui avait un goût de revanche.
KoalaVolant
Luthor Farman
Jeté à terre, le Flamboyant vit sa belle armure se faire percer par la lance ennemie. Sous la pluie battante, depuis l’autre bout de la lice, Luthor pouvait apercevoir le sang qui coulait. Beaucoup de sang. Il fit s’avancer sa monture en se redressant alors qu’on sortait Willos de la lice. Un homme cria qu’il était en vie. Faible, mais en vie. Puis on l’appela à son tour.
Son petit frère s’était fait terrasser et Luthor avait dû garder son sang-froid. Il passa le long des gradins, le regard fier malgré tout, ne lançant aucun regard charmeur aux dames. Il n’envoya qu’un regard, rassurant, à ses sœurs qui avaient hurlé. Après la joute, il ne tarderait pas à les rejoindre. Il se plaça en bout de lice, jaugeant son adversaire. Ulwyck Uller. Un chevalier émérite et un membre du conseil restreint, s’il le mettait à terre, il aurait sa revanche sur les précédents tournois où il n’avait su se démarquer… Ils s’élancèrent et brisèrent une première lance. Ils n’attendirent pas pour s’armer d’une nouvelle sarisse, plongeant de nouveau sur la piste. Ils la brisèrent à nouveau, mais Ulwyck ne fit que chanceler sur son cheval. Sous son heaume, Luthor fronça les sourcils. Il saisit la nouvelle lance que lui tendait un écuyer, et retourna sur la lice.
Il se rappela ses dernières joutes, lors desquelles il avait lamentablement échoué. Willos, tombé. Le sang. Puis, étrangement, son père. Le feu du dragon. La rage envahit Luthor et il envoya un coup de lance vers l’avant. Le bois heurta les côtes du chevalier dornien, qui tomba sur le côté de sa monture. Arrivé au bout de la lice, son cheval nerveux, il l’arrêta pour fixer son adversaire. Celui-ci se relevait lentement pour relever sa visière. Son visage semblait s’être éraflé lors de sa chute, et il boitillait. Rien de grave. Rien de comparable avec Willos. Willos… Luthor ne célébra pas un seul instant sa victoire, il dirigea sa monture vers les tentes. Il devait retrouver son frère.
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