[Port-Réal] [EVENT] Le Tournoi du Donjon Rouge
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— Oh oui, ce devait être amusant, lâcha-t-elle d’un ton moqueur.
L’instant d’après, Aelinor la quitta pour se rendre auprès d’Edmund. Tant mieux, elle avait à faire ailleurs. Megalis ne s’en formalisa pas, elle jeta un coup d’œil à la foule pour vérifier qu’Eddara ne la voie pas, puis embarquant avec elle deux hommes Farman, elle partit voir Willos. Son frère requérait sa présence, plus que jamais.
— Ma dame. Nymeros Antaryon.
Puis il se tourna vers lord Caron qui revenait, une honnête expression désolée sur son visage.
— J’ai omis de me présenter, messire, pardonnez-moi. Il semblerait que le Braavien en moi n’ait toujours pas compris les us et coutumes de la cour. Il rit franchement à ses propres mots avant de se rattraper quant à sa blague, de fort mauvais goût pour de nobles oreilles visiblement. Et pardonnez mon humour, il semblerait qu’il ne soit que peu adapté à un événement d’une telle ampleur.
Au visage affiché par le charmant seigneur, le tournoi passait pour un enterrement. Nulle joie dans ses sourires, dans son regard, lord Caron semblait éteint de l’intérieur. Mais toujours, Nymeros gardait le négatif bien enfoui, affichant toujours son sourire trop amical pour ce nid de vipères. Puis, coulant un regard amusé vers Edmund, il souffla dans un rire :
— Ziry iksos iā tolie ñuhoso hen otāpagon.
(C’est une autre culture.)
__ Je vais tâcher de vous trouver du poisson alors.
Humfrey allait repartir à la recherche de nouveaux amuses bouches, au poisson cette fois, quand Desmera lui effleura la paume ce qui l’arrêta dans son élan. Le regard qu’il posa alors sur Desmera se fit plus intense que jamais, toujours aussi tendre cependant. Ses yeux glissèrent sur la bouche gourmande de la jouvencelle, mais malgré le désir ardent qu’il avait de sentir ses lèvres sur les siennes, il se ressaisit bien vite et se plongea dans ses yeux vairons pour s’y perdre un peu plus. Il saisit alors la main qu’elle avait glissé sur sa paume et la serra légèrement avant de passer son pouce calleux à l'intérieur de son poignet puis de laisser glisser ses doigts sur les siens en relâchant cette furtive étreinte aussi discrète que possible.
__ Soit, nous feront selon votre bon plaisir Ma Mie.
Fit-il avant de tendre son bras pour marcher avec elle vers d’autres convives, mais qui ? Il la laissa guider leur déambulation et choisir ses futurs interlocuteurs tout en discutant.
__ Je l’espère aussi, demain j'irais certainement au Grand Septuaire avec Aelinor pour prier pour lui et allumer un cierge pour qu’il guérisse. Voudriez-vous venir avec nous ?
Les brochettes qu’il avait trouvées étaient exquises, lui aussi ferma les yeux en la dégustant, avant d’en reprendre deux, pour la Dame de La Treille et lui-même. Elle partageait son avis et son sourire était toujours un suprême enchantement pour le chevalier. Il ne se lassait pas de l’observer et commençait à connaître par cœur les traits de son visage qui s’éclairaient alors. S’il avait été artiste, il l’aurait dessinée les yeux fermés, il aurait aimé pouvoir le faire, mais il maniait nettement mieux la lance, l’épée et l’arc que le fusain ou la sanguine. Cela lui fit penser, un peu douloureusement, que la Redwyne allait, tôt ou tard, retourner sur son île et qu’il n’aurait pas de portrait d’elle pour passer le temps en attendant de la revoir. Pas qu’il en ait besoin pour se rappeler la perfection de son visage, mais cela lui plairait et il se mit en tête de trouver un artiste en ville pour en faire un. Il y avait des tas d’artistes itinérants amenés ici par le tournoi, ils trouveraient certainement leur bonheur en se baladant aux abords du terrain.
__ C’est excellent.
Acquiesça le jeune homme avant d’entendre sa nièce tousser non loin de là. Elle avait donc lâché Megalis pour aller voir le Prince de Dorne. Il était étonné, il pensait cette histoire morte et enterrée depuis des lustres. Il remarqua alors Jonas qui offrait un verre d’eau à Aelinor, son regard s’attardant un instant sur le jeune homme qui avait sauvé la vie de la précieuse fille de Baelor Hightower.
__ Lord Bronn La Nera.
Elle fut surprise par l’attitude de l’homme qu’elle avait percuté. Pour une fois, au lieu de lui reprocher sa maladresse, on s’excusait auprès d’elle. C’était peut-être un peu exagéré, elle savait bien qu’elle était responsable de cette collision, mais c’était on ne peut plus agréable. Était-ce de la pure courtoisie ou une forme de séduction ? Elle n’aurait su le dire, mais elle était comblée de tous ses égards. Elle sourit en hochant la tête, touchée par la bienveillance de l’homme à la moustache… incroyable.
__ Edward, le plaisir est partagé.
Répondit-elle à ses présentations et à sa révérence. Enchantée, c’était le mot. Quelle joie d’être traitée comme une vraie personne et non pas comme une œuvre ratée ou un fantôme totalement transparent. La blonde n’hésita pas longtemps à poser sa main sur le bras si gentiment proposé par Edward pour aller remplir sa coupe.
__ Je vous permet si vous me permettez de vous demander ce qui vous amène à ce banquet. Je ne crois pas vous avoir vu au tournoi.
Demanda la Farman avec un sourire intrigué. Il était tout à fait possible qu’elle ne l’ait pas remarqué, mais tout de même cette moustache ne passait pas inaperçue et elle s’en serait souvenue. Bon après, elle n’avait pas vu toutes les joutes auxquelles il était peut-être arrivé après elle. A moins que, comme elle, il exècre la violence des combats et préfère ne participer qu’aux réjouissances. Il avait le choix, lui, au moins, de se montrer au non à la tribune de la noblesse. Tiens d’ailleurs, il n’avait accolé aucun titre à son prénom. Ni Lord ni Ser, il pouvait être noble et n’en avoir aucun, mais ce détail cependant méritait d'être soulevé et rendait la question posée d’autant plus intéressante.
La question de la Farman était légitime, qu’est ce qu’un homme tel que lui faisait ici. Un homme connu que d’une seule personne à qu’il avait d’ailleurs totalement faussé la compagnie. Alaric pouvait être un idiot, mais sa bêtise ne pouvait pas aller jusqu’à dévoiler sa véritable identité. Peut-être le fera-t-il un jour sur le ton de la blague, mais aujourd’hui il allait devoir une nouvelle fois mentir.
- Mais permettez-vous très chère, je travaille avec les cuisines de ce somptueux banquet. Mais je suis de loin l’un des pires cuisiniers des six couronnes, alors on me laisse plutôt gérer les finances. Arrivé à une table, il se saisit de deux nouvelles coupes pour les remplir. Il débarrassa la Lady de la vide pour lui en donner une pleine avant de continuer son histoire. D’où ma présence auprès du Grand Argentier, comme vous avez pu le constater. Mon seigneur voulait être prévenu si jamais les estimations pour le banquet allaient être dépassées. Et pour ne pas vous embêter avec tout ce jargon, sachez tout simplement que tout le monde a l’air de se ré-ga-ler. Dit-il avant d’essuyer les quelques gouttes de vin qu’il avait dans sa moustache avec un mouchoir.
Restait la question du Tournoi, Alaric n’avait pas voulu s’y rendre pour éviter de croiser des hommes du Nord. Mais il était bien forcé d’admettre qu’il n’avait croisé personne de la maison Reed ni d’hommes du Neck, le risque de se rendre au concours était donc assez faible et il tenterait bien de s’y rendre. Malheureusement, après le mauvais coup qu’il avait fait à Vaelana, Alaric n’était pas sûr qu’elle accepterait une nouvelle fois de lui servir de passe-muraille.
- Et non effectivement, vous ne m’avez pas vu au tournoi. Ces portes sont closes pour moi, c’est bien dommage. On raconte cependant que c’est un spectacle grandiose, tout le monde n’a que les noms d’Humfrey Hightower et Andar Royce sur les lèvres. Prions les deux pour que les deux hommes s’en sortent indemnes lors de cette finale. Et avec un peu de chance vous serez élue Reine de Beauté qui sait ? Termina-t-il avec un rire sincère.
« Dois-je vous nommer comme Mon Chevalier ? »
Le Grand Septuaire… Est-ce… J’inclinai doucement la tête.
« Je vous accompagnerais. »
Je prierais aussi pour ma famille. Mais je continuai de regarder autour de moi après la brochette, remarquant mon amie Aelinor toussant un peu. Je haussais un sourcil, mais elle semblait en bonne compagnie et ne pas avoir besoin de nous. Je pus échanger quelque peu avec d’autres nobles un peu lors de cette soirée, mettant un point d’honneur à sourire à Bronn dès que nos regards, fort peu souvent heureusement. Je parlerais à Ser Baelor plus tard de tout ce qui avait été convenu avec Bronn, mais c’était une autre histoire. L’heure avançait…
« Je crois que je vais me retirer Ser Humfrey. Il se fait tard et je ne voudrais pas que vous soyez fatigué demain pour les joutes et la suite du tournoi. Merci d’avoir été mon cavalier Ser Humfrey. Je viendrais vous passer mes couleurs à nouveau demain. »
Je lâchai, avec regret, son bras, avant de faire une révérence et de saluer les autres nobles. J’avais besoin de dormir et d’une tenue plus confortable.
__ @Nymeros Antaryon ? Ce nom m’est familier. Une grande famille de Braavos si je ne m’abuse. Hé bien messire, vous me voyez ravie de faire votre connaissance. Peut-être pourrions nous à l’occasion parler affaire. En attendant, profitez des festivités. Je sais que les Braaviens préfèrent la divine comédie aux farces de la cour, mais l’improvisation a parfois du bon.
Elle lui sourit avec un air espiègle et l'écouta s'adresser à Edmund en braavien. Hélas, malgré ses bases de Haut Valyrien, elle ne saisit pas la phrase, coulant un regard étonné sur Edmund qui donc parlait, à priori couramment, cette langue. Intéressant. L’accent chantant de la cité la plus libre de toutes les cités libres était une gageure pour les non initiés bien qu’il soit un ravissement pour les oreilles musicales.
Aelinor se saisit du verre tendu par @Jonas Caron, but quelque gorgées et put enfin retrouver son souffle. Elle voulut le remercier, mais une nouvelle quinte de toux l’en empêcha et il lui fallut boire à nouveau pour que sa gorge cesse de la tourmenter. Ainsi, cette fois elle attendit d’être certaine de pouvoir parler, pendant qu’elle respirait calmement et profondément pour s’en assurer un radieux sourire se dessina sur ses lèvres et son regard azur qui pouvait revêtir la dureté de la glace se fit chaleureux.
__ Merci Lord Caron.
Fit-elle d’abord en reposa le verre d’eau vide sur une table et en y laissant également son verre de vin avant de faire face à nouveau au Sire de Séréna.
__ Mon Seigneur, c’est la deuxième fois que vous me sauvez la vie. Je vous suis infiniment reconnaissante, mais me permettrez-vous de vous présenter mon père afin que la Maison Hightower le soit également ?
La jouvencelle se laissa débarrasser de sa coupe vide pour prendre la pleine de vin sans broncher, elle remercia Edward et but une gorgée, plus pour lui faire plaisir que par soif. Par contre, elle avait faim puisqu’à force de regarder avec envie tous ses mets et de ne pas parvenir à en choisir le moindre, elle n'avait rien avalé.
__ Effectivement, tout à l’air succulent et je n’ai pas réussi à choisir, peut-être pourriez vous me conseiller. J’aime presque tout, mais quitte à être accompagnée par le Grand Argentier du banquet en personne, je voudrais des saveurs qui sortent de l’ordinaire. Voulez-vous bien me faire goûter ?
Demanda-t-elle avec un doux sourire avant de s'attrister de la réponse du roturier.
__ Quel dommage. Je suis persuadée d'avoir vu un espace réservé au peuple. Je verrais demain et ferais en sorte qu’ils vous laissent passer. Je ne garantie pas que vous verrez grand-chose avec tout le monde qui s’y presse, mais au moins, vous aurez l’ambiance.
Il ne pouvait être au courant des nombreuses blessures qui avaient affligé les participants au tournoi, que que la rumeurs couraient vite, surtout ici à la capitale. Mais il l'évoqua néanmoins en espérant que les deux finalistes sortent indemnes de la joute du lendemain. Évidemment le sujet touchait Rowena en plein cœur, et elle posa ses deux mains dessus manquant presque de défaillir. Rien qu’en repensant à son frère gisant à terre le ventre en sang, elle n’avait plus faim et préféra finir sa coupe pour essayer d’oublier cette image horrifiante et pour se donner le courage de répondre.
__ Oh oui, faites qu’ils s’en sortent indemne et que la suite de la compétition soit moins… terrifiante. Le premier tour de la joute a été une véritable hécatombe. J’ai cru que j’allais perdre connaissance quand mon frère a été emmené d’urgence hors de la lice. Il est gravement blessé, mais mon frère m'a dit que les Mestres étaient optimistes et que je ne devais pas m’inquiéter.
Attristée par cette pensée, elle se souvint d'avoir promis à sa mère de ne pas se morfondre toute la soirée et de profiter. De toute façon, qu'elle s'inquiète pour Willos ou non ne changerait rien. Elle essaya donc de reprendre le fil de la conversion avec un sourire et le rire de l’homme à la moustache l’y aida.
__ Je crois que si j’étais élue Reine d’amour et de Beauté, ma propre sœur me tuerait. Heureusement cela ne risque pas d’arriver, quand je suis à côté d’elle je deviens invisible.
Répondit-elle en claquant des doigts comme si la magie émanant de ses mains allait la faire disparaître avant de rire un peu, même si l'état de Willos restait encore bien présent dans son esprit.
Fugace moment de bonheur invisible à la foule qui les entourait. Ils étaient seuls au monde et pourtant trop entourés pour aller plus loin. Déjà que Humfrey avait failli commettre l’irréparable un peu plus tôt dans la soirée en embrassant Desmera devant tout le monde. Heureusement il s’était reprit juste à temps, mais même le baiser sur le front était de trop en vérité pour ce banquet. Personne cependant ne semblait les avoir remarqué à par Aelinor qui malgré le regard furibond qu’elle lui avait adressé, ne représentait pas un problème. Après tout, la jeune femme était en partie responsable de cette situation, c’était elle qui avait suggéré à son oncle qu’une telle alliance serait bénéfique pour les deux Maisons. Le charme de la Redwyne avait fait le reste et le jeune homme s’était épris de la belle jouvencelle au fur et à mesure de leurs balades, de leurs tête-à-têtes et du long voyage qui les avait amenés à la capitale. Apprendre qu’elle était finalement libre de tout engagement lui donnait tout le loisir d’agir en conséquence. S’il avait eu quelques scrupules envers son fiancé, il avait à présent les mains libres et elle également. Cela dit, il ne comptait pas lâcher l'affaire si facilement et espérait arriver à le faire renoncer à sa promise, parce qu’il estimait être plus à même de l’aimer, de la chérir et de lui apporter une alliance intéressante. Le dornien ne la connaissait pas et sa famille, bien qu’importante, ne constituait pas le meilleur soutien pour La Treille. Il n’avait finalement pas eu besoin de s’opposer frontalement à lui et c'était une bonne chose, à priori tout le monde s’était mis d’accord pour rompre les fiançailles sans rompre l'entente. L’embrasser, en revanche, n’était pas prévu, mais son envie de goûter aux lèvres de la rousse ne le lâchait pas.
__ Nommez moi comme il vous plaira Ma Dame.
Répondit-il en souriant avant que Desmera lui dise qu’elle accompagnerait les Hightower au Septuaire. Ils reprirent leur déambulation, discutant de ci de là avec les nobles présents pour ce somptueux banquet. Il aurait voulu l’inviter à danser, mais à priori, l’heure n’était pas à la danse. Il faut dire que la musique était largement couverte par le brouhaha des conversations et pas nécessairement faite pour danser. L’heure avançait et la jeune femme lui annonça qu’elle prenait congé.
__ Tout le plaisir était pour moi Lady Redwyne.
Humfrey s'inclina avant d’ajouter :
__ Je serais plus rassuré si je pouvais vous raccompagner.
« Puis-je dans ce cas vous nommer simplement Humfrey lorsque nous serons en bonne compagnie ? »
Un signe de proximité entre nous bien évidement. Je lui offris un autre sourire :
« Mais uniquement si vous-même m’appelez en bonne compagnie Desmera. »
Même si nous avions déjà montré une certaine proximité, mais c’était tout à fait autre chose. Tout comme avec Aelinor j’essayais de ne pas trop marquer de familiarité avec lui dans ce panier de vipère que j’avais grande hâte de quitter pour retourner sur ma délicieuse île et faire ma petite vie ! Avec lui ? J’aimerais. Il savait que mon invitation tenait. À lui de la prendre. Et la fatigue venant… Il fallait que j’aille me coucher et lui aussi.
Oh. Il voulait m’accompagner. Dandelion était toujours là également.
« Je le serais également. »
Je gardais son bras sous le mien pour sortir de la foule avant de me diriger, en profitant du silence après une soirée assourdissante. Je profitais à nouveau que nous soyons seuls pour prendre sa main alors que nous avancions en silence dans les couloirs jusqu’à ma porte. Je lui lâchai main et bras avant de faire une révérence.
« Merci de m’avoir raccompagné Ser Humfrey. Je vous souhaite une bonne nuit. »
Je tournai la poignée de la porte avant que l’un de nous fasse une erreur, même si Dandelion sourit à Humfrey, il ne le laisserait pas aller trop loin. Ami ou pas Ami. Et moi je devais dormir. Je refermai vite la porte pour éviter de… perdre la tête. Je laissais Sarah m’aider avant de me glisser sous les draps, prête à rêver à un certain chevalier.
Quelque chose qui sortait de l’ordinaire… Alaric commença à être rattrapé par son mensonge, est-ce qu’il était capable de définir le mot “ordinaire” sorti de la bouche d’une Lady Farman, une des familles les plus puissantes de l’Ouest. Son ordinaire devait comprendre des mets qu’il n’avait jamais eu la chance de ne serait-ce que d’en humer les odeurs. Il allait devoir s'enfoncer un peu plus profondément dans son rôle. Le nordien prit un air sérieux tout en parcourant du regard les tables autour de lui pour trouver ce qui pourrait le sortir de ce mauvais pas.
Il continuait en même temps d’écouter Rowena, son envie de l’aider à entrer pour le deuxième jour du tournoi était adorable. Il pourrait peut-être se passer pour une fois de Vaelana qu’il espérait ne pas croiser pour le moment. Il la remercia d’un signe de la tête.
Alaric avait enfin trouvé son bonheur, il avait identifié ce qu’il pensait être du serpent. Il avait dû en manger une fois perdu dans le Neck, mais celui-ci semblait bien plus appétissant. Il en servit une petite portion dans une assiette qu’il déposa aux côtés de la Farman.
- Êtes-vous coutumière de la cuisine dornienne ? Attention, c’est très épicé, leurs sauces sont faites à partir de venin de serpent. En trop petite quantité pour être dangereux, mais quand même ! Il se rapprocha légèrement de Rowena pour lui permettre de parler à voix basse. Il se raconte même en cuisine que notre cuisinier dornien aurait été renvoyé de Lancehélion par le Prince lui-même. Il aurait fait un plat tellement épicé que Son Altesse serait restée deux jours avec les larmes aux yeux. Dit-il en suivant d’un léger rire.
Cependant, la conversation tourna sur les blessés du tournoi et Rowena ne sembla même pas essayer le plat. Compréhensible… Son frère faisait partie des dits blessés et malheureusement, Alaric l’ignorait.
- J’ignorais totalement pour votre frère, j’en suis sincèrement désolé. Mes prières iront à son rétablissement. Dit-il d’une voix calme avec un léger sourire de compassion
La remarque sur la Reine de Beauté fit rire le nordien, il appréciait la compagnie de la jeune Farman. D’ordinaire, il se devait de se tenir constamment sur ses gardes pour ne rien dévoiler. Cela lui faisait du bien de ne pas avoir une conversation ou un mot de travers pourrait lui coûter sa tête. Tout du moins, tant qu’il respecterait comme il se devait la demoiselle.
- Mais non, ne dites pas ça. Je sens que demain va être différent, quelque chose dans le fond de l’air me dit que vous avez vos chances. En-tout-cas, si je sortais vainqueur d’un tel événement, je vous ferais cet honneur. Dit-il, accompagné d’un léger clin d'œil avant de porter sa coupe de vin à ses lèvres.
An 305
Lune 7, Semaine 4, Jour 7
Event
Une fois assuré qu’elle se portait bien, Jonas se tourna vers le dignitaire braavien afin de ne pas l’ignorer à présent que la priorité avait été résolue.
— Nul besoin de vous excuser, nous avons tous la tête ailleurs en cette soirée.
Chacun avait envie de profiter des festivités au lieu de minauder selon le protocole. Si ça ne tenait qu’à lui, Jonas serait même déjà parti, compte tenu de ses obligations respectées. La jeune Sara Gargalen transmettrait à son frère son besoin d’un temps de réflexion, et s’il se fiait à leurs précédents échanges, le Prince de Dorne ne lui en tiendrait pas rigueur. Jonas songeait donc à s’éclipser donc, mais Aelinor Hightower souhaita profiter de sa présence afin de le présenter à son père, et il n’eut guère le cœur à refuser. Si le “sauvetage” apporté par le verre d’eau était mineur, voire insignifiant, il n’en était rien pour l’autre fois, celle à laquelle Jonas préférait éviter de penser. Il n’avait aucune envie de plonger dans les souvenirs de l'explosion du Septuaire de Baelor, et du chaos qui avait suivi.
— Si cela est aussi important à vos yeux, ma dame, bien sûr.
D’un geste de la main, il l’invita à le conduire jusqu’à son père, puis il se tourna une dernière fois vers le braavien et le dornien.
— Prince Gargalen, Lord Antaryon, ce fut un plaisir.
Sur ces mots, il s’éclipsa à la suite d’Aelinor qui le conduisit jusqu’à son père, lord Baelor Hightower. Jonas n’avait jusque là jamais eu l’occasion de le rencontrer, mais il ne pouvait tout simplement pas écourter cette rencontre qui comptait beaucoup aux yeux d’Aelinor.
__ Avec plaisir Ma Dame.
Cela signifiait beaucoup pour lui. C'était un rapprochement évident. Quant à sa venue à la Treille, cela dépendait surtout des projets de Baelor pour la famille ainsi que de la suite des évènements. Mais sauf contre ordre de la part de son frère, il viendrait dès son retour du tournoi et si non dès qu'il pourrait.
Il lui offrit son bras pour la raccompagner et, aussi fatigué que comblé par cette soirée en la compagnie de la Redwyne, il garda le silence. Il écouta le bruit du tissu que la robe de la jeune femme faisait quand elle marchait et se cala sur son pas avec un léger sourire. Pouvait on être plus heureux qu'au bras de la femme qu'on aimait ? Et plus encore quand elle prenait votre main pour vous signifier que ce sentiment était partagé ?
__ Bonne nuit à vous également Desmera.
Répondit-il en s'inclinant après avoir posé sa main sur son cœur. Il avait bien remarqué le regard de Dandelion, mais ce n'était pas ça qui le retenait, seulement la décence. Car avec cette furieuse envie de l'embrasser qui l'étreignait depuis le début de la soirée, il n'était pas certain d'être en mesure de retenir sa passion. Et il n'était pas homme à prendre la vertu d'une noble dame avant le mariage, encore moins à lui forcer la main de quelque façon que ce soit. Il ne fit donc aucun mouvement vers la porte et la laissa disparaître dans sa chambre pour la nuit. Avant de partir se coucher à son tour, il se tourna vers son ami et lui dit quelques mots à voix basse.
__ Ser, je ne me permettrais pas de faire quoi que ce soit qui puisse mettre en péril l'intégrité de Lady Redwyne.
Espérons que mes rêves soient aussi chastes que mes intentions…
Une fois de plus Jonas montrait que, malgré ses airs taciturnes et le peu de goût qu'il montrait pour cette fête pourtant somptueuse, c'était un homme profondément bon. Effectivement ce sauvetage n'avait rien de comparable au premier auquel Aelinor ne pouvait pas penser sans avoir des palpitations. Elle ne serait probablement pas morte pour avoir avalé de travers une petite gorgée de vin en écoutant la demande en mariage la plus maladroite de l'histoire. Elle retenait cependant l'information de la tentative de rapprochement entre Dorne et l'Orage. Peut-être pourrait-elle aider Edmund à obtenir une telle alliance. Il méritait bien cela s'il signait le papier destiné à sauver les miches de la brune d'un mariage forcé avec Bronn. D'ailleurs le Caron était l'une des rares personnes à qui Aelinor n'avait pas demandé d'aide à ce sujet. Elle savait que sa précédente manœuvre avec Cersei n'avait pas plu au jeune homme et qu'il était en froid avec elle. Elle, elle l'appréciait toujours autant de n'être pas comme elle, un animal politique. Peut-être était-ce également pour cette raison qu'elle appréciait le Gargalen. La différence étant qu'elle n'avait pas envie de jouer avec Jonas, probablement parce qu'il lui avait sauvé la vie et qu'il n'avait pas essayé de lui sauter dessus.
__ Votre altesse, Lord Antaryon, je vous souhaite une bonne soirée.
Fit-elle en regardant les deux hommes avec un signe de tête.
__ Lady Shôren, viendriez-vous avec nous ?
Demanda-t-elle à la sœur de l'intéressé pour éviter de la laisser entre un Braavien et un Dornien sans son frère pour veiller sur elle. En fonction de la réponse de la demoiselle, elle conduirait un ou deux Caron jusqu'à son père qu'elle venait justement de repérer dans la foule de plus en plus clairsemée. Tandis qu’ils traversaient le banquet, elle lui lança un petit sourire furtif et profitant de la proximité pour respirer son odeur qu'elle aimait beaucoup et qui lui avait bien plus manqué qu'elle ne pouvait se l'avouer.
__ Cela fait un moment, Lord Caron. Comment allez-vous depuis la dernière fois que nous nous sommes parlés ?
Un sentiment des plus étranges l'envahit. Cette odeur lui rappelait ce terrible jour où elle avait failli mourir et en même temps, elle la rassurait. Elle secoua la tête pour se remettre les idées en place et arrêter de penser à l'explosion, à la fumée, au sang, aux cris… Elle ferma les yeux un instant en baissant la tête pour qu’il ne voit rien et prit une grande inspiration. Elle manqua de percuter quelqu'un mais l’évita au dernier moment en rouvrant les yeux.
__ Père ! Je vous présente Lord Jonas Caron, mon sauveur. C’est lui qui m’a permis de rejoindre le Donjon Rouge, saine et sauve, après l’explosion du Grand Septuaire.
__ Oh… C’est donc à vous que je dois d’avoir pu récupérer ma fille en un seul morceau. C’est un honneur de faire votre connaissance Lord Caron.
Baelor affichait un large sourire et tendit une main pour serrer celle de Jonas.
__ Sachez que je vous en suis infiniment reconnaissant. Cette dette ne sera pas oubliée, si je peux faire quoi que ce soit pour vous, je suis votre serviteur.
Rhonda, la mère d’Aelinor, qui lui ressemblait avec quelques marques du temps tracées autour de ses yeux souriants, vint lui prendre les mains pour le remercier également. Le Sire de Grand Tour attrapa un verre et le tendit à Jonas.
__ Trinquons à votre santé Lord Caron, soyez Sept fois béni !
Tous burent, y compris Aelinor qui termina son verre.
__ Je vous remercie.
Répondit Rowena en souriant à la promesse de prières de l’homme à la moustache. Il était vraiment très gentil. Il prétendit même qu’elle avait ces chances le lendemain pour être élue Reine d’Amour et de Beauté. Elle en doutait, mais qu’il le pense que que ce soit par simple politesse, elle appréciait, c’était agréable de s’entendre dire qu’on plaisait à quelqu’un, fût-il cuisinier comptable, donc de bien trop basse extraction pour un éventuel mariage. Elle lui sourit et but également une gorgée de vin pour cacher le fait qu’elle avait rougit.
Puisque sa mère lui avait ordonné de profiter de la fête, elle regarda le serpent avec une curiosité mêlée de crainte. Elle ne savait pas trop si elle avait envie de se retrouver avec les larmes aux yeux pendant deux jours. Et puis du venin de serpent, est-ce que cela risquait de la rendre malade ? Ni sa grand-mère ni sa sœur ne lui pardonnerait d’être absente de la tribune pour la finale et la suite des festivités. Mais en même temps, c’était très excitant de goûter quelque chose de nouveau. La curiosité finit donc par l’emporter après une longue hésitation. Elle haussa les épaules en regardant Edward avec un petit sourire.
__ Allé, je me lance !
Elle prit une toute petite bouchée et la posa sur sa langue. A peine posée, elle sentit sur sa langue la brûlure des épices. Elle plissa les yeux en se forçant à mâcher pour ne pas tout recracher. Heureusement pour elle, elle en avait pris vraiment un tout petit bout et bien qu’elle avait l’impression d’avoir la bouche en feu, les saveurs du plat commençaient à se disperser sur sa langue anesthésiée par la douleur et dans son nez. Si cela n’avait pas été aussi piquant, ça aurait pu être intéressant, mais là, toute rouge avec les larmes aux yeux, elle ne savait pas trop quoi en penser. Elle avala et ouvrit la bouche pour y faire entrer un peu d’air frais avant de boire une bonne rasade de vin pour faire passer le tout.
__ C’est une horreur ! Je crois que cette cuisine n’est pas faite pour moi !
S’éventant frénétiquement avec sa main pour reprendre son souffle après une telle expérience, elle mit quelques minutes à sentir à nouveau sa langue. Mais elle n’avait en rien été refroidie par ce met, réchauffée eut été plus juste et sa soif de découvertes avec. Son enthousiasme ne faiblit pas le moins du monde et l'expérience, aussi douloureuse soit elle, la fit rire de bon cœur. Elle trouvait son compagnon fort charmant et agréable, et drôle avec ça. Pour une fois que quelqu’un la traitait avec un peu de considération, quoique Nyméros avait également été adorable, elle n'avait aucune envie de le quitter pour retrouver les rabats joie qui lui servaient de famille.
__ Faites moi goûter autre chose. Mais pas d’épices cette fois, je vous en supplie !
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