[Port-Réal] [EVENT] Le Tournoi du Donjon Rouge

__ Merci, j’espère faire aussi bien demain, peut-être devrais-je même faire mieux pour battre Ser Andar, il s’est distingué aujourd’hui. Cela dit, s'il continue à boire autant, il n’est pas exclu que la victoire soit facile.


Dit Humfrey d'u air moqueur. Il ne put que se féliciter d’avoir aperçu lui-même le bracelet brillant dans la paille avant qu’il ne disparaisse dans le tas de fumier ou qu’un des serviteurs ne le ramène à Baelor. Ainsi il pouvait le rendre à Desmera, lui et personne d’autre, et cela valait tout l’or du monde de la voir sourire ainsi, manifestement heureuse et terriblement soulagée d’avoir à nouveau ce souvenir à son poignet.

__ Vous auriez dû me dire que vous aviez perdu quelque chose à Villvieille, j’aurais retourné le domaine entier à la recherche de votre bien, surtout un présent de Dame votre mère. Je comprends qu’il soit si précieux pour vous. Mais vous ne me devez rien pour autant, je n’ai pas vraiment de mérite, juste un peu de chance ou la grâce des Dieux.


Un large sourire éclaira son visage quand la rousse jouvencelle remarqua qu’il portait encore son ruban. Sans réfléchir, il posa son regard doux sur elle et répliqua :

__ Et j’espère les porter toute ma vie durant ma dame.


Se rendant compte que cette phrase n’était pas loin d’une demande en mariage, il rougit. Pas qu’il ne pense pas ce qu’il venait de dire, mais c'était bien trop tôt, d’autant qu’il lui restait à percer le mystère du dornien qui avait également porté les couleurs de la Redwyne. Il ne voulait pas la lâcher des yeux et il lutta donc contre son envie de le chercher dans la foule pour le confronter. Il prit également une coupe de vin et suivit Desmera qui croisa le frère d’Archibald. Le Hightower ne manqua pas de le saluer, mais avec une certaine froideur, en tout cas tant que l’échange entre la Dame de La Treille et lui restait opaque. Quand il comprit, son cœur se mit à battre la chamade. Tout s’éclairait, elle était donc fiancée le matin même à Archibald. Et à présent elle ne l’était plus. Annulées, les fiançailles étaient annulées, elle était libre comme l’air. Et il était libre de lui faire la cour. Tout faisait sens à présent, notamment la réplique teintée d'amitié qu'elle lui avait sortie lorsqu'il avait demandé ses couleurs. Pas qu’il se soit gêné pour le faire avant malgré l'avertissement d’Aelinor sur la piste dornienne, ses scrupules à se mettre entre deux promis effacés par le fait qu’il était persuadé de constituer un bien meilleur parti que lui et d'apprécier la rouquine avec sincérité tandis qu’à priori le Ferboys ne la connaissait pas. Débarrassé de ce poids et soudain tellement heureux qu’il avait l’impression de s’envoler, il prit le visage de la jeune femme entre ses mains et approcha sa bouche de la sienne avant de se reprendre, se contentant de déposer un baiser sur son front.


Tu délires mon pauvre vieux, au milieu de tout ce monde en plus.


Il est vrai qu’en apprenant la nouvelle il avait quelque peu oublié où il se trouvait et que la foule et le bruit ambiant avaient totalement disparu l’espace d’un instant. Gêné, il ne dit rien, se contentant de la lâcher et de lui offrir à nouveau son bras.

__ Si ! Je meurs de faim !


Répondit-il avec tant d'enthousiasme qu’on aurait pu croire qu’il tentait de faire oublier son dérapage ou simplement qu’il était plus que ravi que la rouquine change de sujet.

Non loin de là, Aelinor fit un signe de tête à Desmera en l'apercevant avant de voir son oncle manquer de l’embrasser devant tout le monde. Il y avait de quoi être chqouée et il avait de la chance qu’elle soit trop loin pour lui mettre un taquet. Elle reporta son attention sur Megalis et son cavalier qui, fort heureusement, avait décidé de rejoindre ses compagnons. Avec un sourire moqueur elle répondit à Megalis :

__ A priori, l’air de la montagne n’a pas que des vertues, j’espère pour le jeune Robin que tous ne sont pas aussi friands d’ivresse et rustres, régner sur des sauvages n’est jamais chose aisée.


Il devait avoir grand besoin du soutien d’une noble Dame pour l’épauler. Si Aegon n’avait pas occupé toutes les pensées de la Hightower, elle aurait pu songer à faire un voyage dans le Val pour le rencontrer, même si lui aussi avait tout intérêt à se lier avec une valoise pour renforcer ses liens avec ses vassaux. A cette idée, Aelinor soupira, cela lui évitait au moins d’avoir à supporter un gamin qu’on disait aussi peureux que capricieux. Elle ne l’avait jamais rencontré, n’ayant fait escale qu’une fois à Geöville avant de traverser le détroit. A quoi bon traverser la porte sanglante pour ne trouver, de l'autre côté, que des cailloux et des moutons.

__ Ah ? Je n’ai rien remarqué, je devais regarder ailleurs…


Mensonge ! Elle l’avait remarqué et plus que ça, alors qu’il la fixait elle n’avait pas cillé et l’avait regardé d’un air de défi. Oh qu’il vienne lui demander ses couleurs et il connaîtrait l’humiliation devant toute la cour et les nobles du continent. A la réflexion, elle aurait peut-être dû lui sourire pour l’inciter, plutôt que de plonger son regard de glace dans le sien. Megalis pouvait bien se moquer d’elle à cause du fait qu’elle avait attiré l’attention d’un infâme rustre qui n’avait de noblesse que ce que le nabot Lannister lui avait conféré, c’est à dire aucune, mais seul un chevalier inconnu du Conflans lui avait demandé ses couleurs.

__ Non, je ne l’ai pas vu. D’ailleurs, comment va le chevalier qui portait les tiennes, il doit être déçu de ne pas avoir passé le second tour.


Taquina la brune aux yeux céruléens avant de rire à l'évocation de Tyrion.

__ Il cherche certainement une épouse lui aussi, tu devrais tenter ta chance…


Quand elle se tourna et aperçut le Prince de Dorne, elle resta un instant figée sur place avant de détourner le regard promptement. Il s'était excusé, envoyant des dattes, le pécher mignon de la brune, mais elle gardait un sentiment étrange après leur entrevue. Devait-elle se fier au Prince ou se méfier du Dornien ? Le malaise était bien présent et si elle pouvait toujours faire la maline en public pour l'embarrasser devant sa fiancée, elle hésitait à le rencontrer en privé une nouvelle fois. Cependant, il avait dit qu'il réfléchissait à la proposition dans le mot d'excuse envoyé, une nouvelle entrevue était donc inévitable, elle devait juste se montrer plus distante et se débrouiller pour garder son épée lige à portée de main. Elle se fit donc violence pour reposer son regard sur lui et incliner la tête en signe de respect. Puis elle continua son chemin au bras de Megalis.


Lorsqu’un plateau de victuailles passa à portée de main, elle attrapa un amuse bouche qu’elle glissa subrepticement entre ses lèvres. Elle avait faim et se refusait à boire la moindre goutte d’alcool tant qu'elle était à jeun. Cela ne lui réussissait pas. Baelor était en grande discussion avec Lord Caswell ce qui ne disait rien qui vaille à sa fille. Quand à Rhonda elle alla saluer Alcéaerys.

Aelinor étouffa un rire en entendant son amie dire que les riverains n’étaient pas mieux que les Valois. Elle n’avait pas tort, surtout quand on voyait Le Nerbosc. Cela dit, Alessander semblait fait d’une autre étoffe tout de même. Mais à priori, Megalis lui avait donné ses couleurs pour la forme, sans ambition de l’épouser. La contre attaque qui suivit était légitime, mais Aelinor se fichait pas mal de voir ses couleurs portées par les participants au tournoi, pas un ne valait qu’elle s'intéresse à lui, Roce, Desdaing, La Nera, Ferboys, Farman, Celtigar, Uller, Boulleau, Kayce, Payne, Clifton que du menu fretin. Elle était tellement déçue de n’avoir vu combattre aucun grand nom du royaume à part ses oncles.

__ Issue d’une si basse condition, la flatterie ressemble à s'y méprendre à un affront. Tu es tellement accessible Megalis.


Fit-elle avec un sourire taisant le reste de sa pensée, car il eut été trop cruel et trop méchant de lui dire la plein et entière vérité. Si elle aimait lui lancer des piques, que d'ailleurs la blond lui rendait bien, elle lui souhaitait tout de même de réussir et d'avoir une belle vie. Je n’ai pas besoin que des chevaliers de seconde zone s'intéressent à mes couleurs, je suis une Hightower. Les princes s'intéressent à ma puissance militaire, financière et politique et les autres craignent de me courroucer. Je n'ai que faire des enfantillages de la populace et je reste de glace face à ceux qui ne méritent même pas que je les regarde. Les Dieux m’auraient fait laide que j’aurais toujours plus de chances que toi de faire un mariage royal. Tu aimes être regardée comme un bel objet de convoitise, moi j'aime être admirée comme un chef d'œuvre inaccessible. Elle haussa finalement les épaules et ajouta :

__ De toute façon, je veux qu’on m’aime pour mon esprit.


La brune aux yeux azur hocha la tête à la fausse proposition de pacte de Megalis et se mit à rire. Un rire forcé cependant, car aux dernières nouvelles elle n'avait pas de sauf conduit et ce qu'elle redoutait pouvait toujours avoir lieu. Cela n'avait donc rien de drôle en vérité, car si Tyrion avait peu de chance de mettre le grappin sur Megalis de gré ou de force, Bronn avait à la fois le pouvoir, les soutiens et l'orgueil démesuré pour faire d'Aelinor sa femme. À mesure que les nuits passaient sans qu'elle n'ait pu trouver de solution, elle dormait de moins en moins bien.

__ Nous aurions l'air fines avec nos belles ambitions à côté de ses deux erreurs de la nature.


Megalis avait vu son regard au Prince de Dorne. Mince. Que pouvait-elle dire, certainement pas qu'elle l'avait aguiché seule avec lui dans sa chambre jusqu'au moment fatidique où il s'était approché d'un peu trop près. Qu'elle avait craint le pire et s'était enfuie en pleurant après lui avoir hurlé dessus. En plus, après le mot envoyé par Edmund, elle ne comprenait pas trop ce qui s'était passé, ce qu'il voulait finalement. L'aider ? Elle espérait, mais tant qu'il n'y avait rien d'officiel, elle ne pouvait rien dire même à son amie. Les hommes sont tous des rustres au fond. Reîtres, chevaliers, riverains ou valois, princes ou main du Roi, ils ne pensent qu'à une seule chose et ne voient pas plus loin que le bout de leur… vît. Je crois ma chère qu’ils ne sont pour la plupart pas aptes à gouverner quoi que ce soit quand ils ne gouvernent déjà pas leur désir. pensa-t-elle dans la solitude de son esprit alors qu’elle aurait aimé partager ce qui s'était passé avec elle, mais que dire cela était déjà trop en révéler. Elle répondit donc simplement :

__ Je ne comprendrais jamais rien aux dorniens.


Embrassant la foule du regard, elle posa les yeux sur Bronn et un frisson d'horreur lui parcourut l'échine, surtout quand elle vit qu'Edward discutait avec lui. Pourquoi fallait-il que son pire cauchemar connaisse son meilleur partenaire de lecture, il savait beaucoup trop de choses sur elle.