[Valyria] Expédition en terres ancestrales [Terminé]

L’état-major de la compagnie dorée avait pris une décision drastique, qui allait bouleverser son fonctionnement et ses effectifs. Habituée aux contrats juteux, et aux combats qui allaient avec, rares étaient les fois où les mercenaires de cette compagnie s’était battus pour eux-mêmes et leurs intérêts. Mais c’était là le but de leur fondation : anciens soutiens des dragons noirs, ils avaient promis de remettre le sang du dragon sur le trône de fer. Et aujourd’hui, c’était un dragon légitime qu’ils avaient décidé de suivre. Personne ne fut forcé de rejoindre cette expédition, que beaucoup jugeaient suicidaire. Mais l’ordre était clair : personne ne savait ce qui se trouvait en ces ruines, et ceux qui s’y rendaient devaient suivre les ordres, envers et contre tout. Car l’ordre était la seule chose qui permettrait la réussite et la survie.

Ce furent quatre navires qui prirent les voiles vers les terres ancestrales des valyriens. Ces navires comptaient chacun deux-cent hommes, pour un total de huit-cent hommes qui allaient affronter les horreurs qui se trouvaient dans la cité des dragons. Lorsqu’ils quittèrent le campement, les navires voguèrent sur les flots. L’eau était telle l’obsidienne, et noire, et frappait la coque des navires qui peu à peu, disparaissaient dans le paysage. À mesure que la traversée se faisait, la brume envahissait les lieux et il fut impossible pour chaque navire de discerner ses confrères.
La mer fut calme une partie de la traversée, seul s’entendait le cri des marins et le bruit des rames. Des craquements sourds, et toujours le hurlement des marins. Tandis que s’épaississait le brouillard, des bruits étranges, tels des râles, venaient aux oreilles des mercenaires.

La traversée ne se faisait pas sans heurts. Alors que la proue perçait la brume, les vagues s’intensifiaient. Un rocher, insidieusement caché sur leur passage, fit tanguer le navire et quelques hommes passèrent par-dessus bord.
Les autres marins ne perdirent pas pied, car ces circonstances étaient de l’ordre du naturel pour quiconque traversait la mer. Plusieurs minutes s’écoulèrent et à la fin, un quart des effectifs avait disparu ; mais la brume disparut, laissant voir la côte…

Sur quatre navires, un seul parvint à l’endroit prévu par le plan. Nesora, garde du corps du capitaine-général de la Compagnie Dorée, était l’une des premières à poser pied à terre. Malgré les risques, elle était pleine d’entrain ; forte, féroce, la femme jouait de sa légèreté, détendant l’atmosphère. Mais le pire n’était pas encore là.

Les ordres furent simples : vigilance est mère de sûreté, et la solidarité vaut son pesant d’or. Nesora dégaina son arc et une flèche, suivant Aegon. Elle préférait taire son humour et demeurait observatrice. Le sol était couvert d’os, et était brûlant, au point que cette atroce sensation traverser les chausses des soldats. Dans l’ombre se terrait quelque chose ; c’était, du moins, ce que pensait chaque individu présent à cette heure. Car ils avaient tous l’étrange sensation que quelque chose se tapissait dans le noir.

L’architecture était caractéristique de ce que les valyriens faisaient de mieux, avec une roche noire de jais. Dans l’un des bâtiments, un grondement était parfaitement audible. Les membres de la compagnie dorée se mirent en position de défense, prêt à riposter, laissant le temps à Nesora de prendre la parole :

« Pourquoi tes putains d’ancêtres pouvaient pas élever des canetons ?! C'est bien les canetons ça fait des canards et après du poulet rôti ! »

Quelques minutes plus tard, ses paroles furent validées quand des créatures bizarres apparurent. Ce n’était qu’une créature, puis cinq autres apparurent ; étranges, pour les yeux des mortels. Des créatures à l’apparence maigre, avec des membres incroyablement musclés et des griffes proéminentes. Lorsqu’elles ouvrirent la gueule et qu’elles poussèrent leur cri aigu, des centaines de dents pointues furent dévoilées.

Des créatures tirées des pires cauchemars, rampant vers la compagnie dorée. L’ordre fut de serré les rangs. Nesora fut la première à agir, décochant une flèche vers l’une des créatures : ce fut une réussite, car le corps lourd de la bête tomba au sol, mais les autres fusèrent vers le groupe. Les férocités bestiales attaquèrent et pas moins de vingt hommes tombèrent au sol, déchiquetés ; personne ne perdit face. Les soldats actuellement présents étaient majoritairement des vétérans, prêts à se battre jusqu’à la mort. Les soldats tentaient de couvrir toute ouverture, afin d’éviter la mort.

Finalement, les soldats se battirent avec hargne, et la réussite, même amère, fut leur. Après cela, les aventures poursuivirent leur avancement. Ils avancèrent vers les ruines, et commencèrent à fouiller : ce ne furent que des choses inutiles, des babioles, comprenant notamment de la poterie. Les fouilles se poursuivirent, nombreuses, trouvant un coffre qui semblait piégé, mais trop rouillé pour faire son office.

La compagnie dorée reprit son chemin, avançant dans les ruines jusqu’à, de nouveau, voir une créature apparaître. Queue de serpent imposante, plumes, ce n’était pas un dragon malgré une apparence vaguement reptilienne. Un cocatrix, une créature légendaire, que l’on ne trouvait que dans les mythes. Face à cette étrange bête, les mercenaires usèrent de leur arme, et de leur expertise au combat, mais surtout de leur immense chance pour toucher le point faible de la créature. Cette réussite leur permit de mettre un terme à cette menace, puis de continuer leurs fouilles.

Ce fut une réussite, à demi-mot. Des membres déterrèrent un imposant instrument : un cor fait à partir de corne de dragon, d’un noir profond, brillant de glyphes valyriens. Un homme souffla dedans, et la terreur se répandit.

Le soleil fut caché et une ombre gigantesque se projeta au sol. Seule créature vivante de son espèce, Aegon reconnut le dragon de feue sa tante : Drogon. Créature majestueuse, qui déversa son feu. Des centaines d’hommes furent emportés dans la tourmente. La crinière de Nesora prit feu, tandis que dans ses yeux, l’étincelle de vie diminua à une vitesse drastique. Le Targaryen serra les dents, mais ne pouvait se permettre le moindre sentimentalisme. S’emparant du cor, Aegon poussa de nouveaux des mercenaires à souffler dedans ; l’un tomba à terre, rappelant le dragon qui de nouveau, cracha ses flammes mais n’eut que deux victimes.
Les autres soldats prirent la décision de fuir, mais Aegon parvint à convaincre deux hommes fidèles de prendre le cor.

L’impensable se produisit quand des pas rangés se firent entendre. Le blason des Targaryen se fit voir au loin, et une cohorte de soldats de la compagnie dorée apparut, réunissant les deux groupes. Aegon prit la parole, même si cela fut peu fonctionnel :

« Lorsque vous m’avez élu, vous attendiez de moi des décisions drastiques. Les généraux m’ont fait chef de cette compagnie pour une seule raison, pour le sang qui coule dans mes veines, pour le replacer sur le trône qui est de droit, par mes ancêtres, le mien. Cette expédition a été composée de volontaires, prêt à se sacrifier ; je conçois que les décisions prisent avant le moment tragique sont différentes de celle que l’on prend lorsque l’horreur se produit. Je ne peux blâmer personne pour ce qui pourrait être de l’insubordination, mais qui n’est finalement que de la survie. Ce dragon aurait pu apporter sa force à notre compagnie, et nous ramener tous chez nous. Mais nous ne repartons pas sans rien, au moins est-ce là le peu de réconfort que nous pouvons y trouver. »

La compagnie dorée fouilla encore de nombreuses fois les ruines, jusqu’à trouver de nouveaux édifices, presque intacts. Un sentiment d’importance, de richesse, se dégageait des lieux. Dans leurs fouilles, des hommes trouvèrent un coffre doré, serti de diamants ; ils y trouvèrent des os de dragons et des pièces d’or. Ils prirent le coffre, et poursuivirent leur route.
Soudainement, un homme titubant apparut à l’étage du bâtiment. Il était blessé, pâle. Il portait pourpoint rougeâtre, sur lequel se dessinait un lion doré, mais légèrement effacé. Aegon ordonna qu’on l’aide, et il fut porté par deux soldats. Les fouilles suivantes ne donnèrent rien d’intéressant, et leur chemin vers les navires fut exécuté sans encombres.

Sur la traversée du retour, les hommes furent attentifs au moindre détail, mais leur périple de fin fut calme et sans encombres. En tout, il ne resta que deux cent dix-huit hommes sur les huit cent qui avaient quitté le campement.

La compagnie dorée avait gagné quelques trésors, mais perdu bien des vies. Il fallait maintenant penser les plaies, et définir de la marche à suivre.

Résumé de la mission: