[PORT-REAL][EVENT] Le Prince, le Lord et le Gouverneur
Page 1 sur 4 • 1, 2, 3, 4
— Veuillez vous lever. Nous sommes réunis ici pour juger Bronn La Néra pour les chefs d’accusation suivants, en ordre croissant de gravité : rupture de fiançailles au-delà des prérogatives conférées par son titre, volonté de forcer un mariage contre l’avis du père de la mariée et contre la volonté de cette dernière, manquement à la bienséance et au respect dû à un Prince de Dorne, non respect des lois de l’hospitalité et enfin, mise en péril de la Paix du Roi.
A côté du Lannister se tenaient les deux assesseurs qu’il avait choisis pour le seconder : Ulwyck Uller, bien sûr, en sa qualité de Maître des lois, et Gendry Baratheon, un homme a priori neutre dans cette affaire. Et face à ces trois hommes, l'Accusé, Bronn La Néra à droite et les plaignants, le Prince Edmund Gargalen et Lord Hightower à gauche. Au milieu, une estrade munie d’une barre avait été installée pour les témoignages. Les membres du Conseil Restreint étaient bien évidemment présents sur les côtés de l’estrade, et le Grand Septon ne manqua pas de rappeler par une prière que derrière la justice du Roi se trouvait celle du Père.
— Puisse le Père d’En-Haut nous permettre de juger équitablement le Sire de Hautjardin, Bronn La Néra, puisse la Mère nous aider à faire preuve de compassion. Puisse l’Aïeule éclairer le chemin de la sagesse, puisse le Guerrier protéger tous les croyants présents dans cette salle. Puisse le Ferrant nous donner la force de mener ce procès à bien, puisse la Jouvencelle préserver les mariages justes.
Était-ce là le premier témoignage à charge contre le Suzerain du Bief ? Un homme dont tout le monde, ou presque, savait qu’il se vautrait dans la luxure et ne visitait jamais le moindre septuaire. L’homme qui avait mis Lady Talla dans le lit de Romberd, un coupe-jarret de la pire espèce sans même demander l’aval de son propre frère Samwell Tarly, qui siégeait avec lui au Conseil. Un homme qui n’avait fait preuve d’aucune compassion quand certains seigneurs s’étaient soulevés et qui avait même menti pour arriver à ses fins avant de les exécuter tous. Un homme qui n’avait pas eu la sagesse de montrer le moindre respect à son vassal le plus puissant, ni au Prince de Dorne. Ni finalement à personne. Tyrion reprit :
— Veuillez vous asseoir. Prince Edmund, veuillez vous avancer et nous exposer avec vos mots, pourquoi vous avez demandé la tenue de ce procès.
Nul ne vit apparaître le Roi Brandon, certainement trop occupé à naviguer entre le passé et le futur. Le pouvoir qu'on lui prêtait n'aurait-il pourtant pas été bien utile pour dénouer le vrai du faux ? Les racontars le disaient perdu dans un autre temps, seul dans le Bois Sacré, la main accrochée au barral. Alors si en ce jour, la Corneille à Trois Yeux ne veillait pas, puissent les Sept le faire. Car si Bronn n’était pas innocent, l’accusation ne l’était pas non plus. Baelor avait traité son Seigneur de plouc deux ans plus tôt, de plus, il aurait certainement roué sa fille de coups sans l'intervention de La Néra. Quant à Edmund, il se débattait avec une Principauté instable et avait laissé son épouse en charge des affaires juste après leur mariage. D’aucuns pourraient dire qu’il avait d’autres choses à faire de plus importantes que de se trouver ici.
Précisions :
Bien qu'Edmund soit appelé à parler, vous êtes libres de poster votre introduction, votre arrivée, bien sûr tous vos avis et vous pouvez également parler. en effet, avec le monde dans la salle, un chuchotement ne sera pas entendu par autre que vos voisins, si vous parlez fort, en revanche, tout le monde pourra entendre ce que vous avez à dire... A vous de jouer.
PS : Tous les coups sont permis, par contre, pour les informations que vous n'êtes pas censés avoir, merci d'éviter le méta, rien ne vous empêche cependant avec un bon plan MJ de découvrir certaines choses.
Port-Real
Le prince de Dorne et son frère avaient été parmi les derniers à rejoindre la salle du trône où allait se tenir le procès qui allait les opposer au seigneur du Bief. Vêtu de ses vêtements princiers habituels, Edmund aurait donné cher pour ne pas être ici. Il se devait d’être concentré sur ce qui allait arriver, mais Salrivage revenait inlassablement parasiter ses pensées.
Arrivé aux pieds de son estrade, le dornien en profita pour observer le public qui était apparemment venu en grand nombre pour assister à ce spectacle. Il reconnut quelques visages, mais ne prit même pas la peine de leur sourire. La main du Roi était assise dans le trône de fer, secondé par Ulwyck Uller et Gendry Baratheon.
Bien que logique, la présence du Justicier n'arrangeait pas le moins du monde Edmund. Il avait besoin d'alliés en ce jour et son désormais rival avait aujourd’hui une opportunité en or de lui chier dans les bottes. À moins que les deux hommes continuent sur leur lancée et ne daignent même pas s'adresser la parole, ce qui relèverait d’une véritable prouesse au vu de la situation du jour.
Il ne s’attendait pas non plus à recevoir particulièrement d’aide de la part du seigneur de l’Orage. À ce jour, aucune alliance concrète n’avait été conclue entre les deux hommes. Gendry se retrouverait en face de ces deux voisins et à part s’il parvenait à réaliser la prouesse de rester parfaitement neutre, il se mettrait forcément l’un des deux autres seigneurs à dos.
Les trois coups de lance se firent entendre et Edmund se releva pour écouter les différentes paroles de Tyrion puis du Grand Septon avant d’être appelé à son tour à prendre la parole. Restant debout alors que le reste de l’assemblée reprenait place sur leur siège, le Prince s’approcha de la barre des accusateurs.
Moi, Edmund Gargalen, Prince de Dorne et Seigneur de Lancehélion, ait demandé cette audience pour rétablir les fiançailles entre mon frère Damion Gargalen, Seigneur de Salrivage et Aelinor Hightower. Cela fait deux ans depuis ma nomination par notre Roi que je m'efforce de maintenir sa paix aussi bien à l’intérieur des frontières de Dorne qu'avec nos voisins. Cette union était un symbole fort, la fin d’un cycle de violence qui secoue notre continent depuis bien trop longtemps. Voir tous ces efforts balayés par une simple missive, qui plus est offerte comme présent de mariage relève autant de l’insulte que de la menace à la paix du roi. Edmund glissa sa main dans une de ses poches pour y extraire le fameux bout de parchemin cacheté du sceau de Bronn et la montrer à l’assemblée. Alors je n'aurai qu’une seule interrogation pour vous chers Main et jurés. Sommes nous réellement entrés dans une nouvelle ère avec la mort de la reine folle, ou ces beaux discours lors du Grand Concile n’étaient que des paroles en l’air et nous sommes comdamné à reproduire les mêmes erreurs ? Conclua-t-il avant de laisser la parole à qui le souhaitera.
An 305
Lune 11, Semaine 4, Jour 3
Event
La tête basse, je me faufile derrière @Ombeline Cendregué, endossant le rôle de sa dame de compagnie. Issue d’une toute petite famille du Bief, énième fille de la maison, personne ne me connaît, et tant mieux ; face à autant d’habitants du Bief, je redoute quelque peu le moment où je croiserai la route d’un autre Bieffois. Pourtant, j’ai pris soin de travailler ma fausse identité, comme d’habitude, mais le risque zéro n’existe pas.
Nous nous installons dans les tribunes, pas trop loin des côtés pour permettre à Ombeline de rejoindre la barre des témoins lorsqu’elle sera appelée. Tout autour de nous, les nobles se pressent pour dénicher une bonne place, tandis que les badauds curieux du petit peuple restent debout pour assister au procès. Plusieurs d’entre eux croient sûrement que le poste d’argentier au Conseil Restreint est maudit, car les deux seuls procès de la décennie ont accusé deux Argentiers - Tyrion et Bronn.
Un semblant de calme se fait quand la Main du Roi s’exprime, relevé ensuite par le Grand Septon. Je suis très curieuse quant à l’évolution de ce procès, même si je demeure sceptique quant aux charges d’accusation. Je glisse un regard vers Ombeline. Décidément, ces nobles ont des préoccupations très différentes du petit peuple et surtout, s’offusquent d’un rien. La plaidoirie du prince de Dorne ne change guère mon opinion sur le sujet ; tout n’est que question de magouille et de contre-magouille, sans même se soucier des conséquences sur le peuple. Ces nobles se fichent bien de leurs sujets, tant qu’ils peuvent grappiller un peu plus de pouvoir.
Ce n’est pas pour rien que je suis là, dans cette tribune à jouer les dames de compagnie. Je suis avant tout là en tant que Becca, dans l’espoir de faire une différence pour le bien du peuple, ou tout du moins de collecter assez d’informations pour aider par la fuite. Je me fiche bien des relations politiques entre La Néra, Hightower et Gargalen ; la seule chose qui m’importe, c’est que les nobles qui méprisent le petit peuple, le plus souvent par négligence, ne sortent pas indemnes de ce procès.
Après la plaidoirie de Dorne, je me penche vers @Ombeline Cendregué pour lui chuchoter quelques mots à l’oreille, audibles d’elle seule.
— Tu te sens prête ?
Elle pourrait être ma fille, si j’avais décidé d’avoir des enfants au lieu de parcourir le monde après avoir été rejetée par la Citadelle. Alors forcément, j’ai de l’empathie pour elle, surtout quand je sais ce qu’elle a vécu.
L’un après l’autre dans un rythme répétitif et entêtant, mes doigts viennent pianoter sur la balustrade à laquelle je m’appuie. Le procès allait bientôt commencer, et pour m’occuper, dans le brouhaha ambiant, qui s’éteindrait d’une minute à l’autre, mon regard passe d’un homme à l’autre. Beaucoup de puissants étaient réuni dans cette pièce, mais l’ambiance n’est guère propice à la séduction.
Il fallait admettre que je n’avais pas forcément suivie cette histoire de près. Une histoire d’honneur bafouée, ce genre de petit détail qui avait incendié le royaume et menaçait de nouveau la paix fragile à Westeros. Décidément, les hommes devaient un peu trop aimer risquer leur vie pour des broutilles. L’honneur est une notion qui n’avait jamais été au centre de mes préoccupations. Qu’est-ce qu’une batarde promise à une vie de courtisane gagne à developper son sens de l’honneur, si ce n’est la honte de sa propre existence et de son activité ?
D’un côté de la salle se trouve l’accusé, Bronn de la Nera. Mon regard passe rapidement sur le quarantenaire, mais l’ignore bien vite. Ce procès était sans l’ombre d’un doute un moyen de le rappeler à l’ordre, et ce n’était, à mon avis, pas le cheval sur lequel je devais miser. Au centre de la pièce se trouvait la barre où défilerait bientôt plaignants, témoins et accusé. Cela non plus ne m’interesse guère, comme, en réalité, les tenants et les aboutissants de ce procès. Non, ce qui m’intéresse se trouve du côté des plaignants, mais aussi, aux côtés du nain.
De nouveau, je regarde Edmund depuis le côté et soupire. Quel coup raté, tout de même ! Le savoir prince, lui qui fut l’une des premières personnes que j’avais tenté de faire tomber dans mes filets… Ah, si seulement j’avais été plus subtil, ç’aurait été le coup de poker du siècle ! Le voilà prince de Dorne, intentant un procès au grand argentier du royaume pour une sombre histoire de rupture de fiançailles. Oui, tout cela aurait pu m’apporter le confort et la liberté éternelle, si seulement j’avais été plus fine. Mais comment m’en vouloir ? Je n’avais guère que 16 ans à notre rencontre, et il était le premier dont j’avais essayé de voler des informations sur l’oreiller. J’avais manqué de subtilité, et connaissant le bougre, il s’amuserait bien de ma honte en public. Enfin, peut être que je pourrais l’entraîner dans l’alcôve, histoire de l’aider à se détendre et rentrer dans ses bonnes grâces ainsi ?
Je passe rapidement sur le patriarche Hightower. Un peu vieux à mon goût, et tant que mon frère ne m’ordonner pas de séduire des hommes qui ne me plaisait pas, je ne comptais pas me forcer. En revanche, aux côtés de Tyrion Lannister se trouve la grosse cible que j’avais en tête depuis plusieurs semaines maintenant. Gendry Barathéon se tenait là, face à la foule. Doté d’un plutôt beau visage, il était surtout le seigneur des Terres de l’Orage. N’y avait-il pas meilleure proie que celle-ci ? J’en doutais fermement.
Soudain, le brouhaha s’arrête net alors que trois coups raisonnent dans toute la pièce. Même les roturiers, qui se trouvent derrière moi, cessent de bavarder et cherche à voir quelque chose. Ah si seulement j’avais pu me trouver auprès de mon frère… Enfin, j’avais tout de même eu la chance de pouvoir rentrer assez tôt en faisant les yeux doux aux gardes pour avoir la meilleure place ici bas.
Le nain prend la parole, et Edmun finit par s’avancer. Je pose mon menton sur ma main, le coude adossé à la balustrade qui sépare les grouillots aux nobles. J’écoute le plaidoyer du prince de Dorne, et entends quelques murmures parmi le peuple, ce qui m’amuse. Ils étaient tous si malléables ! Mais Ed avait très certainement bien préparé son coup, son discours était fluide et ne manquait pas d’intérêt. Mais j’attendais encore de voir ce qu’il en serait. De toute façon, je comptais simplement prendre le parti du gagnant, autant attendre un peu avant de se décider, rien ne pressait.*
« Allons-y Telanie. »
Il était l’heure d’aller à la salle du trône et je me sentais nerveuse, j’avais pris mes précautions avant de partir si bien que j’avançai d’un pas rapide vers le lieu. Il y avait bien du monde… logique. J’observai tout autour de moi en silence. Je saluai d’un signe de tête Bronn sans rien dire de plus, il ne fallait pas en faire trop… Je glissai un regard vers les Hightower, inclinant aussi la tête vers eux pour les saluer. Je m’installai à ma place, n’ayant pas grande envie de discuter, mon estomac était noué après tout. Je n’avais même pas déjeuner ou quoi que ce soit. Qu’est-ce que j’étais censée faire ? Rester calme. Je joignis soigneusement mes mains sur mes genoux.
Tyrion Lannister était sur le trône de Fer, je ne voyais pas le roi Bran… Comme cela était étrange. Il y avait le maître des lois ainsi que Gendry Baratheon. Je sursautai aux coups, mais gardai un visage neutre, faisant le signe des sept pour qu’ils éclairent le chemin de la justice. J’étais assez proche pour voir chaque trait de visage, si bien que je gardai le mien aussi neutre que possible. Le prince de dorne commença, je trouvais qu’il parlait bien. Mais est-ce que cela suffirait pour que le nain arrête de protéger Bronn ? Aucune idée… Le procès était public… cela pourrait peut-être faire pencher la balance.
Port-Réal ۩๑ ๑۩ Lune 11, Semaine 4, Jour 2 (305)
Il se demanda de quel côté penchait son comparse de l’instant, mais n’osa pas l’interroger directement à ce sujet. Ce n’était ni attendu, ni intelligent de dévoiler doutes comme inclinaisons à autrui. Gendry conserva donc son énergie, tout comme sa parole alors que Tyrion Lannister expliquait la raison de leur présence à tous en ce jour et en ce lieu.
Le suzerain de l’Orage se releva et s’assit lorsque la demande en fut faite, puis il jeta quelques œillades au plaignant, Edmund Gargalen. Bien qu’aucun alliance concrète ne liait l’Orage à Dorne, le jeune homme ne souhaitait pas mettre à mal tous les efforts que Jonas Caron avait fait pour créer un climat de paix entre eux. La stratégie voulait donc qu’il prit son parti ; et l’affaire allait en ce sens, Bronn étant responsables de biens mauvais maux depuis peu.
Il passa une main sur son menton, sachant que la moindre de ses décisions provoquerait la colère, ou tout du moins l’antipathie d’un parti. Et cette fois-ci, le jeune homme ne pouvait décidément pas se dérober ; ne restait plus à savoir quel ennemi il se ferait au terme de ce très attendu procès.
et le gouverneur
L'issue de ce procès n’allait pas réellement changer ma vie ni ma destinée. Par contre, elle risquait de bouleverser celle de mon ami Desmera que j’accompagne comme une dame de compagnie depuis quelques semaines maintenant. Sa domestique m’avait prêté et affublé d’une tenue que je n’aurais sans doute pas choisi mais qui est soit disant à la mode à Port Réal. Desmera et moi portons donc des tenues assez similaires, une robe bleu sombre. Cela nous fait passer pour deux sœurs de sang. A la différence qu’elle panique intérieurement et que moi je demeure curieuse à ses côtés.
Quand elle me demande d’avancer en sa compagnie, je ne la quitte pas un instant afin de nous rendre ensemble à la salle du trône. En passant, je salue à mon tour les protagonistes présents que je connais déjà. Depuis l’événement du thé, ils sont bien plus nombreux que quand je suis arrivé en ville.
Je savais que j’avais bien fait de venir rien que en deux jours j’avais pu cotoyé pas moins d’une demie douzaine de personnalité en lien avec la noblesse. Ce n’est pas à Herbeval que j’aurais pu parler à autant de personne. Voilà que je vois désormais la main du roi en personne. Je le voyais plus petit que cela encore. Finalement il est d’une grandeur convenable. Bon je suis assez loin de lui et il est sur les marches mais quand même… C’est un grand nain, non ? Je m’assoie donc en compagnie de Desmera après avoir saluer tous ceux que je connais déjà. La salle est pleine, à croire que tout le Bief, ainsi que tous les nobles de westeros, ainsi que d’Essos se sont réunis pour cette audience.
Puis un prince se présente, et expose les raisons de ce procès public. Je n’ai pas eu la chance d’être présenté, est ce un ami ou un ennemi de Bronn ? En tout cas, ce dernier semble encore manquer à l’appel mais il ne devrait plus tarder, j’imagine. A ces propos que j’écoute avec attention , je suis vite fixé. Il est dans le camp opposé au seigneur de la Nera.
Je connais l’importance de la situation pour mon ami, mais est ce réellement si capital que autant de noble soit réunis pour l’occasion ? Je demeure perplexe et ne compte pas parler plus que de raison lors de ce procès. Je suis du genre à faire des gaffes mais ce n’est réellement pas le lieu. Je décide donc de me taire, du début jusqu’à la fin.
J’ai également prévu un mouchoir épais que je garde à portée de main dans le cas improbable qu’un rhume se déclenche. Je me dois de contrôler le bruit qui viendrait à sortir de mes narines ou de ma bouche si jamais cela devait se produire. En tant que Lady Catastrophe, je suis capable de couper la Main du roi d’un éternuement alors que je ne présente pour l’heure aucun symptôme.
C’est fou comme je suis préparé à être sage comme une image aujourd’hui. C’est pas faute d’avoir été entrainé pendant des semaines par Desmera et sa propre servante mais je demeure persuadé que je vais faire une bourde à un moment donné et me faire remarquer comme je l’ai déjà fait avec Lady Aloyse lorsqu’elle a rejoint ses amies aprés m’avoir cotoyé dans les couloirs la veille.
Bref, préservons nous du pire, et attendons le meilleur… Y a aucune raison que cela tourne mal pas vrai ?... Ce truc verdâtre au sol, c’est un crachat hein ? Pas du feu grégeois ? Que je suis bête, c’est juste mon mouchoir que j’ai déjà fait tombé à l’effigie du Bief… Je le ramasse vite avant de le perdre et d’en avoir besoin… c’est alors que je me cogne dans le banc face à moi avec ma tête et fait du bruit ! Je grince des dents… J’ai dû percuté la chaise d’un noble mais qui, dois je m’excuser ? ou ne pas faire plus de bruit ? Quel cruel dilemme, je vois déjà Desmera me faire des gros yeux. Elle m'envoie un message crypté avec, c’est certain “Mais tu vas arrêter de bouger !” Me dit-elle sans ouvrir la bouche un seul instant…A moins que ce soit le stress qui me fait imaginer de tel chose.
Je m’enfonce dans ma chaise, la tête dans les épaules… Tant pis pour le mouchoir, il demeurera au sol…
— Depuis quand les puissants sont jugés pour leur décisions ?
Private something
Arrivés sur place, le sire de Belle-Île la lâcha enfin et la jeune femme put retrouver Aloyse. Elle lui sourit en la guidant parmi la foule, apprenant au passage sa mésaventure avec une lady bieffoise, elle put se décrisper un peu et rire de la situation cocasse dans laquelle elle s’était trouvée. Mais Megalis dut bientôt retrouver un visage plus neutre : en ce jour décisif, elle ne devait pas quitter l’expression qu’elle offrait à tous. Sur l’expression tendue de son visage, elle afficha un court sourire, crispé à souhait, dans ses airs de gentille petite dame.
L’ouestienne, vêtue sobrement ce jour mais portant discrètement les couleurs de son époux en guise de soutien, avait veillé à étinceler moins qu’à l’accoutumée, sa parant d’innocence. Les femmes devaient bien avoir leurs propres armes. Fouillant les alentours du regard, elle adressa de discrets hochements de tête à ceux qu’elle connaissait, puis leva la tête pour voir Ulwyck. Elle lui sourit doucement avant de regarder lord Gendry, à qui elle adressa un rictus similaire. Puis s’installa là où était sa place : aux côtés de son frère et de sa dame d’atour.
La lance d’un garde fit taire tout murmure dans la salle, le temps que s’expriment Tyrion Lannister puis le Grand Septon. Megalis adressa un plus grand sourire, empreint d’une fierté patriote à son suzerain, lui offrant son soutien dans cette affaire. Et répéta le signe des Sept alors que le Prince de Dorne prenait la parole – puissent les stupides dieux être avec eux en ce jour.
« Au sous-sol pour retrouver la salle du trône ! Tu y crois ? Je n’ai pas d’yeux, mais au moins, moi, j’ai toute ma tête ! »
*Avais-je murmuré à l’oreille de ma cousine qui retenait sûrement difficilement ses éclats de rire, qui n’aurait pas forcément été très bien perçu dans la gravité des événements de la journée. D’ailleurs, lorsque nous nous étions dirigés vers la salle du trône, invité à nous y installer, je m’étais tû et reculé pour marcher quelques pas derrière Megalis. Après tout, je n’étais que sa Dame de compagnie et même si nous étions cousine, la bienséance faisait que je n’avais pas à être à ses côtés lors d’événements officiels, mais bien derrière elle, pour la soutenir.
Je contiens un soupir de frustration en marchant dans la salle du trône. On me l’avait déjà décrite, enfant, quand j’avais encore la vue. Et désormais, voilà que j’y mettais les pieds sans pouvoir rien en voir. La restauration avait-elle était bien faite et bien pensée ? Impossible de le dire. Et si ce procès m’ennuyait, je n’aurais même pas pu prétendre à laisser mon regard se faufiler d’une personne à l’autre, d’un vitrail à l’autre. Je n’avais que mes oreilles pour écouter ce qui allait arriver et mon imagination pour visualiser la scène.
Si ce n’avait pas été pour Megalis, je serais probablement resté dans ma chambre aujourd’hui. Pourquoi assister à un événement que je ne voyais même pas, de toute façon. Pourtant, mes pas me portent parmi les familles avec des places assises, aux côtés d'alliés de la famille, mais un peu derrière Megalis qui témoignait pour ce procès. Quelques rangs derrière elle, je lui envoie tout mon courage et attends patiemment le début du procès. Le brouhaha est terrible et trouble mon esprit, et de toute façon, mes voisins n’étaient pas vraiment les personnes les plus chaleureuses du Royaume. L’ambiance n’est pas vraiment au beau fixe comme elle peut l’être avec Meg, mais cela m’arrange. Je ne pouvais pas vraiment me concentrer sur une conversation avec toutes celles qui m’entouraient et que mon esprit cherchait à comprendre bien malgré moi.
Les trois coups résonnent dans la pièce et, discrètement, je soupire de soulagement en entendant que le bruit ambiant se calme. La voix posée et forte du seigneur Lannister s’élève et j’entends les pas qui étaient, du moins très probablement, ceux du seigneur Gargalen, avant d’entendre une nouvelle voix basse qui m’était inconnue s’élever, en déclinant l’identité du prince de Dorne.
Sagement, poliment, j’écoute, m’assurant de garder un “regard” inutile dressé vers la scène. Cela ne servait à rien, mais il ne fallait pas me faire remarquer en tournant la tête, en gardant les yeux fermés ou quoi que ce soit d’autre. Il ne fallait pas attirer les regards et les murmures : je ne voulais pas faire honte à Megalis aujourd’hui. C’était bien là mon seul objectif de la journée… Mais il fallait avouer qu’il était malgré tout intrigant de me trouver là, aux centres de tous ces conflits dont j’entendais habituellement parler des mois après. Et, oui, il fallait admettre… Cette idée et cette sensation était assez grisante, celle d’assister en direct aux événements du monde, même sans vraiment y participer. Pour moi qui avait vécu par procuration depuis la perte de mes yeux… C’était vraiment quelque chose. Et tout cela ne faisait guère que commencer.*
An 305, Lune 11, Semaine 4, Jour 3
Port-Réal
Un mensonge de plus, mais un mensonge qui est loin de la déranger, surtout aujourd’hui.
Ombeline retient un sourire à la plaidoirie du Prince de Dorne, songeant que s’être tue au sujet de ses fiançailles avec Bronn aura sans doute l’effet escompté. L’autre camp ne semble pas prêt à se faire retoquer sur le sujet ; ou alors l’ont-ils appris d’une manière ou d’une autre et espèrent-ils tout de même trouver un moyen de contrecarrer ?
Elle se mord nerveusement la lèvre. Pourvu que le procès ne dure pas trop longtemps, qu’on en finisse.
Aveline se penche à son oreille pour lui chuchoter quelques mots, la sortant de ses pensées.
— Jamais assez, je dirais.
La présence d’Aveline à ses côtés est rassurante. Ombeline n’aurait pas pu amener Merry, alors elle est heureuse d’avoir une alliée ici, une alliée qui sait ce qui se cache sous ses masques. Et peu importe les véritables motivations d’Aveline ; Ombeline sait que ce n’est pas pour lui nuire. Pour l’instant.
— Mais je crois l’être suffisamment.
Ceux qui ont connu sa mère et sa grand-mère reconnaîtront sans doute les bijoux qu’Ombeline porte actuellement, ceux destinés à la Dame de Cendregué. Aujourd’hui, elle est déterminée à jouer son rôle de noble du Bief, autant pour son frère que pour Bronn. Elle n’est plus la jeune fille terrifiée par son oncle, ni celle qui fuit ses responsabilités pour goûter à la liberté.
Ombeline ne peut plus se permettre d’être insouciante alors qu’à la fin du procès, son comportement sera scruté à la loupe autant par ceux qui voudraient faire tomber Bronn que par ceux qui s’imagineraient déjà profiter d’elle.
Ombeline sera comme sa mère. Inflexible face à la tempête qui s’approche.
Event
Pendant que les spectateurs s’installaient, Baelor et Aelinor entrèrent tous les deux dans la Salle du Trône. Le père était vêtu d’un pourpoint de brocart blanc et argent avec des chausses grises et la fille d’une robe de velours grise au large col arrondi brodé d’un galon argenté orné de perles, une parure de perles et un chignon tressé. Le premier avait eu le temps de pardonner sa venue à la seconde et cette dernière avait encaissé la nouvelle partagée par son géniteur le soir de son arrivée. Tout allait donc pour le mieux, mais la mine glaciale du Sire de Grand Tour et le sourire figé de la jouvencelle de Villevieille traduisaient leur angoisse commune. Si leurs regards glissèrent sur les personnes présentes, ils ne s’arrêtèrent point, ou très brièvement, n’osant pas adresser de salut trop appuyés à leurs alliés afin de ne pas les impliquer dans cette sombre histoire.
Baelor salua le Prince et son frère à leur arrivée, soudés qu’ils étaient avec Dorne dans l’adversité, quand à Aelinor elle garda la tête basse, se contentant d’un furtif sourire à Damion. Elle écouta attentivement les charges et pria lorsque le Grand Septon parla. Mais si l’arrivée des deux Gargalen l’avait quelque peu détendue, l’appel à la barre d’Edmund la raidit plus que de raison. Heureusement, son discours fut sans fausse note et quand il revint s'asseoir, elle lui adressa un sourire plein de gratitude. Puis elle posa les yeux sur Gendry dont elle espérait de tout cœur qu’il ne se prononcerait pas en faveur d’un homme qui voulait forcer un mariage dont elle ne voulait pas.
Invité à parler à son tour, Lord Hightower déclina, n’ayant rien à ajouter à ce qu’avait dit Edmund. D’autres problèmes opposaient La Néra et la tour, mais si cela avait un rapport direct avec l’acharnement de Bronn contre cette famille, cela n’avait rien à voir avec Dorne et Baelor ne voulait pas tout mélanger. Cependant, Ulwyck devait se souvenir qu’Aelinor était venue le voir au sujet des deux fiefs volés par Bronn sans aucun droit sur ses terres puisqu’elles appartenaient à des vassaux de Villevieille. La loi n’autorisait en rien un Gouverneur à s’octroyer des terres qui appartenaient à un vassal et une jurisprudence appuyait ce fait. En revanche, la loi autorisait un Seigneur à s’opposer au mariage d’un subalterne, mais pas quand celui-ci impliquait un seigneur de rang similaire. La Main du Roi devait trancher cette question et rétablir, ou non les fiançailles, il devait également décider si, oui ou non Bronn avait mis en péril la paix du Roi et respecté les règles de l’hospitalité, ce qui était plus grave encore que de manquer de respect au Prince de Dorne et de dépasser ses prérogatives.
__ Puis-je parler ?
Certains pouvaient penser qu’il s'agissait d’une affaire mineure, sans grand intérêt, d’une simple dispute entre nobles qui n'intéressait personne, mais bien des guerres avaient été menées en raison de ce genre de petits différents. Bien des hommes, des femmes et des enfants étaient morts, que ce soit sur le champ de bataille ou non, à cause des famines et des pillages engendrés par le passage des armées. La justice du Roi était justement là pour éviter cela, pour éviter que ce genre de conflit dégénère et depuis deux ans que Baelor attendait patiemment que cette justice se prononce, il était grand temps que quelque chose se passe. Ainsi, Tyrion accéda à la demande de la jouvencelle qui se leva et rejoignit la barre.
__ Depuis l'emprisonnement du Lord mon père par Lord La Nera il y a deux ans, je vis dans la crainte que ce dernier ne me force à l’épouser, ou pire, ne me déshonore. Ce jour-là, il avait demandé ma main ainsi que le droit de choisir la future épouse de Ser Humfrey en échange de la restitution des deux fiefs confisqués aux terres Hightower ce que le Sire de Grand Tour a refusé. Ce dernier était venu voir son Suzerain suite à l’extermination des familles qui ont mené la rébellion de 303, parce que la loi féodale est claire, les terres d’un vassale reviennent à son seigneur direct et non au Gouverneur. Or, la Couronne n’a demandé aucun compte ni aucune entrevue au Sire de Hautjardin concernant cette affaire, laissant le champ libre à Lord La Nera dès 303 pour gouverner le Bief en dehors de tout cadre légal. Je vous supplie aujourd’hui de ramener Lord Bronn La Nera dans le droit chemin d’une juste gouvernance, juste envers ses vassaux, juste envers son peuple et juste envers ses pairs, qu’il s’agisse des autres membres du Conseil Restreint ou des autres Suzerains.
Comme l’avait souligné Edmund, il s’agissait de faire autrement, de faire en sorte que les beaux discours de paix et de prospérité prononcés lors du Grand Concile, ne restent pas lettre morte au bout de seulement deux ans. Sans quoi la grande guerre qui avait déchiré Westeros et fait tant et tant de morts du Nord au Sud du continent n’aurait servi à rien, aucune leçon n’aurait été tirée. Bronn était pourtant au premières loges pour constater les manigances et les abus de pouvoir de Cersei et de Tywin, il aurait pu en conclure qu’aucune tyrannie ne survivait dans le temps. Mais le pouvoir monte à la tête des gens, surtout quand ils n’y sont pas habitués, quand leurs privilèges ne s'accompagnent pas d’une éducation qui les forcent au devoir. Car tous les seigneurs avaient certes des droits sur leurs gens, mais également des devoirs. Il s’agissait pour le Bief de maintenir paix et prospérité pour tous sur ses terres, et pour Dorne de construire une paix durable avec son voisin et de garantir la subsistance de son peuple grâce aux ressources des terres Villevieille. Tels étaient les enjeux de l’alliance constituée entre les Maisons Gargalen et Hightower.
An 305, Lune 11, Semaine 4, Jour 3
Donjon Rouge, Port-Réal
Si Ulwyck laissait parler sa mesquinerie, il agirait sans doute en défaveur d’Edmund, rien que pour lui faire les pieds. Cependant, il n’y a plus seulement lui qui compte, mais aussi sa femme et leurs ambitions communes. Ulwyck ne doit faire aucun faux pas aujourd’hui et être le plus impartial possible. Il doit se montrer comme l’image même de la justice auprès du public présent, pour améliorer sa réputation.
Quoi qu’il arrive, quelqu’un repartira perdant de ce procès et ce ne sera pas lui.
Son regard parcourt l’assemblée pour y chercher Megalis ; il retient un sourire lorsqu’il la trouve, gardant son masque impassible et sévère, mais il est heureux de la voir. Le mariage n’a pas entamé les sentiments qui le possèdent et il bénit les Sept d’avoir mis pareil joyau sur son chemin. S’il écoutait son insouciance d’antan, il lui enverrait un baiser d’ici. Il a cependant une conduite à tenir, aussi n’en fait-il rien, à son grand regret.
Un regard du côté de Lord Baratheon ; quelle position le jeune homme compte-t-il prendre ? A-t-il déjà décidé de se positionner en faveur de Dorne pour améliorer les relations entre eux, ou tentera-t-il de rester neutre pour ne se mettre à dos personne ? Sera-t-il une aide ou un obstacle ? Seul le temps le lui dira.
Ulwyck tend l’oreille pour écouter la plaidoirie d’Edmund, notant soigneusement sur un morceau de parchemin devant lui ce qu’il reprochait à Bronn. Un ego froissé, surtout, rien qui n’aurait provoqué un procès s’il ne s’agissait pas de la Nera en face. Cela se serait sans doute réglé plus discrètement ou dans le sang et la Couronne se serait investie de l’affaire avec un temps de retard.
Les Hightower auront sans doute beaucoup à dire, eux aussi, ainsi que les autres nobles du Bief. À croire que ce procès est surtout un procès d’intentions contre la Nera, bien que cela ne dérange pas plus que ça Ulwyck. Les règles implicites des jeux de pouvoir sont ainsi faites et Bronn les a ignorées bien trop longtemps.
Il est temps que chacun paye pour ses choix, même lui, songe Ulwyck alors qu’Aelinor prend la parole et pointe sa propre inaction. Il ferme brièvement les yeux, attendant que l’amie de Megalis termine pour prendre la parole et appuyer ses propos en tant que Maître des Lois.
— Je confirme les propos de Dame Aelinor sur la loi féodale. Il y a un précédent pour servir de jurisprudence.
Un seul précédent. Autant dire presque rien ; selon la défense de Bronn, cela pourrait bien ne pas faire pencher la balance du côté des accusateurs. Que compte avancer la Nera comme arguments ?
et le Gouverneur
« Bronn & Event
An 305 | Lune 11 | Semaine 4 | Jour 3
Port-Réal
Bronn avait lancé la phrase d’une voix enjouée dans son flegme, trop peut-être. Tyrion lui lança un regard lourd de sens. Il ne s’inquiétait peut-être pas assez. Le sourire du vieux loup se creusa un peu plus, bien moqueur. Qu’il gagne ou qu’il perde ce procès, il ne se sentait pas en danger.
Oh, oui, les bieffois le voulaient mort dans leur grande majorité. Et oui, il avait peut-être un peu dépassé les bornes. Et peut-être aussi avait-il merdé avec le prince de Dorne. Un peu. Juste un peu. Ce n’était quand même pas si grave… Si ? À l’œillade qu’eut le nain, apparemment, si. Celui-ci quitta la pièce pour rejoindre la salle du trône, et le sire de Hautjardin s’y rendit à son tour une fois son verre terminé – un cru de La Treille, il ne pouvait que le reconnaître maintenant.
Un pas un peu dégingandé, la démarche à l’air disloquée, le passé de marin de Bronn était une évidence pour qui connaissait un peu les navires. Arrivé en avance, il effaça son sourire malin pour lui préférer un air gêné, sans pour autant se départir de son regard luisant de ruse. Il prit place derrière la barre de l’accusé. Dans une poche de son pourpoint sombre, deux missives. Et dans son esprit, il préparait ce qu’il avait à dire.
Il était prêt.
Tyrion parla, énonçant les charges avant de donner la parole au prince de Dorne. Bronn leva un sourcil à ses mots et écrasa un bâillement. Les faits énoncés, en de forts jolis mots, par le Gargalen, étaient tout à fait vrais. Enfin, presque. Mais la fin de son discours manqua de faire rire le suzerain du Bief, qui leva un œil un peu moqueur sur le Maître des Lois. Était-ce dans les mœurs dorniennes que d’être une pleureuse ?
Il fut proposé à Baelor Hightower de parler, celui-ci déclina. À la place, ce fut sa fille, Aelinor, qui s’avança. Le court sourire de Bronn resta fixé à ses lèvres tandis que la demoiselle chouinait, elle aussi. Ben putain…
— Oooooh, lâcha-t-il d’une voix rauque.
Il se redressa un peu, passa une main sur son menton, et reposa ses yeux sur les jurés. Les sourcils haussés, il s’adressa à eux.
— Je peux me défendre ?
Puis l’autorisation obtenue, Bronn se tourna lentement vers Aelinor et posa sur elle un air grave.
— Ma dame, sans vouloir vous offenser… Je crains que vous ne soyez en plein délire de persécution… Non ?
Le jour du procès était bel et bien arrivé. L'ambiance dans la salle lui faisait penser à celle qui précède une bataille, quand les armées se faisaient face et que chacun se toisait, essayant de voir où se trouvait le point faible de l'autre avant de frapper. Les dagues n'étaient pas encore tirées, mais le seraient bientôt.
Duncan suivait @Ombeline Cendregué en essayant de lui inspirer calme et certitude. Elle pourrait compter sur lui, quoi qu'il advienne. Il essayait de ne pas penser à ce qu'il se passerait pour sa petite soeur si le Lord La Nera était reconnu coupable de la longue listes de charges énoncées plus tôt. Serait-elle envoyée comme pupille ailleurs ? Renvoyée à la maison ? Vendue au plus offrand ? La mine grave, le bâtard se tenait debout en poste derrière sa soeur et surveillait la salle plus que les témoins et plaidants. Il n'avait aucune influence sur les débats, mais la sécurité d'Ombeline était sa responsabilité, et le danger immédiat venait plus de l'assassin dans l'ombre que des lords qui bavassaient à la barre.
Il nota la présence de plusieurs dames et seigneurs connus, mais ne prit pas le temps de les saluer. Il nota la présence de Tel' aux côtés de Desmera, ainsi, elles se connaissaient. Elle portait la même teinte de tissu, sans doute était-elle dame de compagnie, donc. La dame Kenning était présente également aux côtés de la Farman. Il ne pouvait la saluer d'un regard, mais s'il avait pu, il l'aurait fait. La dame lui avait demandé de prendre son frère comme écuyer, et ma foi, il s'en trouvait fort aise, le garçon était volontaire et habile, curieux et apprenait rapidement.
@Aveline vint se faufiler entre lui et Ombeline. Il avait toujours un peu de mal à la cerner, cette Becca, mais il était convaincu qu'elle ne voulait aucun mal à sa soeur, et c'était le plus important. Elle était passée de cuisinière à suivante, et semblait se plaire dans ce rôle. Il était heureux de pouvoir compter sur un allié de plus, aujourd'hui.
An 305, Lune 11, Semaine 4, Jour 3
Donjon Rouge, Port-Réal
Quoique. Ulwyck ne s'est-il pas forgé cette opinion à cause des propos de Dame Aelinor pendant leur entrevue ? Bronn n'est peut-être pas l'homme le plus diplomate qui soit, mais il est tout de même malin, ou il ne serait pas arrivé au poste de Gouverneur du Bief. Qu'a-t-il comme cartes dans sa manche qu'il a l'intention de jouer pour se permettre pareil propos ?
Il fronce les sourcils alors qu'il griffonne sur le parchemin devant lui l'axe de la défense. Bronn a-t-il réellement une idée derrière la tête ou a-t-il décidé que, foutu pour foutu, il allait s'amuser un peu ?
— Pourriez-vous indiquer à la Cour en quoi Dame Aelinor et sa famille seraient dans un tel délire, Lord La Nera ?
Ulwyck tapote du doigt le bois de la table, adressant un regard méfiant à l'accusé avant de tourner son attention vers Edmund. Pourvu que cet idiot ne soit pas venu en pensant que le verdict était joué d'avance et qu'il ait fait de recherches pour contre-argumenter face à Bronn au besoin.
Ulwyck a un mauvais pressentiment sur cette affaire.
— Après tout, il semble, d'après les documents portés à ma connaissance, qu'aucune des accusations portées par Lord Garlagen et Dame Aelinor n'est sans fondement.
À tous les coups, ce vieux renard a gardé des atouts dans sa manche et compte les jouer maintenant qu'il est acculé. Cela ne devrait pas être suffisant pour faire pencher le jugement en sa faveur, certes, mais s'il arrive à minimiser les faits, Bronn s'en sortira beaucoup trop bien.
Page 1 sur 4 • 1, 2, 3, 4
» [Port-Réal] [Event] Le Tournoi du Donjon Rouge - Jour 2
» [PORT REAL] Le nain m’offre des vacances à Port-Réal [Aelinor] [Terminé]
» [PORT REAL] L’heure du thé, c'est sacré | Multiple
» [Port-Réal] Quelle magnifique vue !
Lun 23 Sep - 14:06 par Invité
» Fermeture
Sam 20 Juil - 11:17 par Le Multiface
» Pour vivre heureux, vivons cachés | Hector
Sam 13 Juil - 18:30 par Aelinor Hightower
» Un grand mariage pour le chevalier blanc
Sam 13 Juil - 18:28 par Aelinor Hightower
» Safe Zone
Sam 13 Juil - 15:33 par Invité
» [Event] Un gouverneur pour le Sud
Mer 10 Juil - 6:27 par Lorent Caswell
» Les liens de Melchior Zalyne
Lun 8 Juil - 22:24 par Vhaesa Riahenor
» Top-Sites
Lun 8 Juil - 21:17 par Nyessos Vhassar
» Myrielle Lannister, bébé lion ou petit chat (UC)
Lun 8 Juil - 18:08 par Tyldr Salfalaise