L'eau peut-elle danser devant R'hllor ? [ Temple de R'Hllor Braavos]

Cette tâche n’était clairement pas à sa hauteur. Il faut dire qu’elles étaient peu nombreuses à l’être. Mais celle-ci avait le mérite d’être originale.

Melchior ne devait ni intimider un créancier, ni tuer une personne en gênant une autre. Le but était de protéger quelqu’un. Un travail qu’il lui était déjà arrivé d’effectuer. Sauf que présentement il assurait la protection d’une personne contre elle-même.

Son client (si l’on pouvait dire puisque ces parents payaient) était le membre d’une éminente famille braavienne.

Ce jeune homme s’était converti à une nouvelle religion, celle du Dieu de la lumière. Aux yeux du danseur d’eau elles se valaient toutes à une exception près.

Dieux et prêtres passent
Seul reste le Dieu-Multiface.

Tel était son credo. Car la mort demeurait l’unique certitude en ce monde. Et elle prenait bien des aspects. Bref ce culte, son culte était le plus authentique, et le meilleur.

Toutefois fidèle aux principes de sa cité natale, Melchior ne méprisait pas les autres religions, du moins pas l’une plus que les autres.

Pour en revenir à sa mission, la dévotion du jeune homme était allé un peu trop loin au goût de ses géniteurs. Il se disait prêt à renier nom et fortune pour se consacrer pleinement à son Dieu.

Un choix aussi stupide qu’ennuyeux. Il était à la fois rentable et honorable de l’en dissuader. Surtout que sa décision était parait-elle faussée ? Les adorateurs de la lumière lui auraient bourré le crâne.

En tous cas les employeurs du spadassin l’affirmaient. Et Melchior n’avait aucun mal à les croire. Qui pouvait volontairement gâcher sa jeunesse dans les prières et autres liturgies ?

Le danseur d’eau parvint enfin au temple. Il fallait bien reconnaître que cette bâtisse bénéficiait d’un certain style. Des formes rectilignes et imposantes tout en demeurant sobres. Surtout il y avait ces foyers aux hautes flammes, qui apportaient une certaine originalité. Le symbole central à savoir un cœur entouré de feu était également intéressant.

Après l’esthétique Melchior s’intéressa au pratique.  Pas d’arme, pas de garde, pas de tour de guet, pas de meurtrière…

Dans ce cas inutile de s’encombrer avec trop de prudence.

Le spadassin entra donc par la grande porte. La décoration intérieure était à l’avenant. De grands braseros traînaient un peu partout.

Il remarqua aussi quelques regards s’attardant sur sa personne. Les gens présents ne se limitaient pas aux prêtres avec leurs robes pourpres.

En quoi dépareillait-il alors ?

La réponse ne fut pas longue à venir. L’un prêtre s’approcha. Au vue de son visage juvénile, il s’agissait vraisemblablement d’un novice.

Il leva les yeux vers Melchior, puis ouvrit la bouche.

« Monsieur. Je suis navré mais les armes sont prohibées en ces lieux. »

Toutes ces précautions amusèrent quelque peu, le danseur d’eau qui devint alors taquin.

« Pourquoi cette précision ? Je n’en porte pas. »

Interloqué le jeune prêtre se reporta sur la logique élémentaire en pointant du doigt l’épée. Le pauvre venait de faire une erreur. Car par cette action il fournissait une occasion à Melchior de se donner en spectacle.

Présageant des complications d’autres prêtres se rapprochèrent, et fournirent un public.

« Une arme est un objet. Or ce que vous désignez est une extension de moi-même. »

Face aux regards dubitatif, il décida de suivre son inspiration.

« Je vais vous le démontrer sur le champ. »

Le danseur d’eau dégaina d’un geste fluide à peine perceptible, et enchaîna par quelques passes devant les membres du clergé.

Il avait déjà usé de ce genre de démonstrations afin de faire fuir des gêneurs sans s’abaisser à les combattre.

Présentement l’effet était mitigé. Les prêtres étaient clairement dépassés par la situation. Ils criaient, reculaient, mais étrangement ne fuyaient pas.

Allait-il devoir en tuer un pour l’exemple ? Ce serait à la fois malavisé et inélégant.

Puis une autre possibilité arriva. Une belle possibilité soit-dit en passant. Cette ravissante brune aux yeux bleu comptait aussi parmi les dévots du Dieu de la lumière. A la différence qu’elle était plus élevés dans la hiérarchie.

Car un mot de sa part suffit à disperser ses confrères.

Visiblement cette femme avait son petit caractère. Ce qui lui donnait encore plus de charme.

Si bien que Melchior continua à se donner en spectacle.

« J’offrais à vos fidèles une petite démonstration de mon art. Rien de plus. » Dit-il en effectuant quelques moulinets tape-à-l’œil avant de rengainer.

Comme s’il n’en avait pas assez fait, Melchior effectua un baisemain.

« Pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté. Melchior Zalyne, adepte assidu de la noble discipline de la danse de l’eau. »

Après ces mots il revint enfin à sa tâche.

« La raison de ma venue avant de vous avoir vue, concerne l’un de vos récents disciples : Ferrego Prestayn. J’ai un message pour lui de la part de sa famille. »

Le tout était formulée tranquillement comme une simple demande dans le but d’endormir toute méfiance.

Parfois Melchior misait plus sur son charme que ses talents de bretteurs. Pourtant ses feintes étaient plus fines que ses boniments.

Son charme prétendument irrésistible ne semblait pas fonctionner. La prêtresse lui faisant face présentait une parfaite maîtrise.

En ce qui concerne sa tâche, elle ne se montrait pas plus réceptive. Son message était à la fois clair et subtil. Le novice appartenait maintenant au culte.

L’endroit était dénué de gens d’arme. Melchior savait que sa cible se trouvait à proximité. C’est du moins ce que sous-entendait la jolie dame. Il aurait été plus simple de foncer dans le tas. Sauf que ce procédé était quelque peu inélégant selon les critères du danseur d’eau.

Et surtout le Multiface en soit témoin il n’avait jamais passé une femme au fil de l’épée. Il n’était pas question de déroger à ce principe au détriment une telle beauté.

Donc au lieu d’une attaque frontale il feinta.

« Désolé pour ma compagne d’acier. Votre culte est récent dans cette ville. Par conséquent je ne suis pas encore au fait de ses traditions et de ses interdits. »

La mise en confiance effectuée Melchior revint à sa tâche.

« Vous m’envoyez navré madame, mais je ne peux pas accéder à votre demande. Voyez-vous je me suis engagé à transmettre en personne les nouvelles à l’intéressé. »

Bien que son argumentation soit pertinente, il préféra en rajouter un peu.

« Il en va de ma réputation et de mon éthique personnelle. Je suis sûr que vous comprenez. Vous êtes également une personne de principes. »

Flatterie et corde sensible le mélange était parfait du moins selon l’épéiste. D’ailleurs il lui avait permis de mettre un certain nombre de femmes et d’hommes dans son lit.

Toutefois celle lui faisant face lui paraissait particulière, tout comme cette religion à vrai dire.

En tant que braavien la notion de monothéisme l’interloquait. A ses origines s’ajoutait son attirance pour la diversité. Il était absurde que tout le monde suive les mêmes préceptes.

Bref son enthousiasme déclinait contrairement à sa méfiance. Il n’en était pas au point de croire toutes les accusations de sorcellerie et divers sacrifices humaines. Ces racontars il les laissait aux gueux.

De plus il ne concevait pas qu’une dame aussi charmante s’abaisse à ce genre de choses.

Le système de valeurs de Melchior était particulier au point de devenir à certaines occasions stupides.

Dommage que son orgueil l’empêche de le comprendre.

A la voir s’exprimer et diriger si aisément, Melchior commença enfin voir cette femme au-delà de sa beauté.

Il comprit aussi qu’ils s’affrontaient avec Ferrego comme enjeu. Ce dernier point l’intriguait.

Pourquoi la dénommée Henosha tenait-elle tellement à ce jeune homme ? Certes son ascendance présentait une certaine valeur. Sauf que selon ses propres dires il venait d’y renoncer.

Sans fallait-il chercher dans le mysticisme ?

De son côté Melchior détenait une bonne motivation : son égo. La simple idée de perdre un combat le révulsait aux tréfonds de son âme.

Même si cet affrontement différait des habituels, il s’en référa aux axiomes de son ordre.

Souple comme la soie d'été

Melchior ouvrit sa garde volontairement afin de piéger son adversaire. Dans un premier temps il défit son ceinturon.

« En ces lieux je suis un simple invité. Il est donc juste que je me plis aux lois de mes hôtes. »

Suite à ces mots la prêtresse subalterne se vit remettre danseur l’épée et le fourreau du danseur d’eau.

La jeune femme quelque peu surprise, s’empara de l’objet par simple réflexe. Elle n’avait clairement pas l’habitude de ce genre d’objet. Le danseur d’eau ne se préoccupa pas. Elle était trop insignifiante de son point de vue pour mériter son attention.

D’ailleurs il poursuivit immédiatement.

« Toutefois moi aussi j’ai des principes. Et vous êtes bien placées pour le comprendre. Mon engagement consistait à transmettre le message à Ferrego directement, mais aussi à lui seul. »

L’estocade n’était pas mauvaise. Ce qui n’était pas suffisant selon les critères de son auteur. Par conséquent il poursuivit.

« Que pourrais-je faire d’autre de toute manière désarmé et seul dans un endroit m’étant inconnu. »

Il est vrai que Melchior s’exposait grandement seulement : Qui a peur de perdre a déjà perdu.

Et puis prendre un tel risque l’excitait d’une certaine manière. Comment allait-il s’en tirer cette fois-ci ?

Il était déjà entrain d’y réfléchir. A présent l’affrontement se déroulait sur un terrain lui étant défavorable.

En effet Henosha possédait clairement un fort ascendant sur ses ouailles y compris Ferrego sans doute.

Dans ce genre de situation on recourrait à la ruse. Cette dernière apporta justement une solution tordue comme Melchior les aimait. Il allait imiter au lieu de contrer.

« Prenez-en soin. » Recommanda Melchior à la jeune prêtresse à propos de sa lame. « C’est une grande dame. Elle mérite des égards. »

De son côté la fameuse Henosha était loin d’avoir dit son dernier mot. Tant mieux Melchior appréciait les adversaires tenaces et les femmes de caractère.

Alors en son honneur il répliqua en jouant les offusqués.

« Vous me jugez bien mal.  Jamais je ne m’abaisserai à me battre à main nue comme un vulgaire bagarreur de taverne. Et comme je vous l’ai déjà dit, je me considère comme un invité en ces lieux. Et quel sorte d’invité agresserait ses hôtes ?
Pour finir vous oubliez mon éthique personnelle. Je croise uniquement le fer avec des personnes ayant choisi également cette voie. Or les prêtres n’en font pas partie. »

La servante du Dieu de la lumière continua à attaquer. Mentait-elle ? C’était parfaitement envisageable. Cette femme affichait un parfait contrôle de sa personne.

Melchior misait beaucoup sur la vivacité dans ses duels. De plus il préférait imposer son rythme. Par conséquent il préféra riposter au lieu de s’interroger sur sa sincérité.

« Je peux attendre. » Dit-il dans un premier temps. « Toutefois cette demi-heure pourrait être mis à profit pour combler mes lacunes. En d’autre terme serait-il possible durant cette attente que quelqu’un m’initie à votre religion, comme n’importe quel autre visiteur ? »

Il effectua une courte pause un peu comme acteur après une réplique marquante, puis reprit.

« Pour être honnête je suis déjà un adepte du Dieu Multi-face. Ce qui n’empêche pas de rester ouvert d’esprit. Qui sait peut-être parviendra-t-on à me convertir ? Cette jeune personne par exemple pourrait s’en charger. »

Troublée par cette demande la novice jeta un regard perdu à Hénosha. Elle n’était clairement pas habituée à recevoir de telle charge.

Melchior s’en doutait. D’une certaine manière il s’amusait. D’une autre il ferraillait.

En tous cas ce genre de feinte lui plaisait. Alors pourquoi s’en priver ?

Il ne lui restait plus qu’attendre la réaction de la prêtresse rouge aux beaux yeux bleus.

Sans être aussi excitant qu’un combat où la vie était l’enjeu, ce duel valait tout de même le détour.

Ramener un jeune naïf à sa famille en le tirant des griffes de quelques bigots, jamais Melchior n’aurait cru que cette tâche puisse être excitante.

Ce retournement de situation était dû à Hénosha. Le danseur d’eau éprouvait une espèce de reconnaissance envers sa personne.

Exceptionnellement ce ressentit ne se basait pas uniquement sur la beauté de la femme en question.

Un véritable miracle de la part du danseur d’eau à mettre sur le compte du Dieu de la lumière.

Après l’offensé Melchior endossa le rôle du flatteur.

« Allons ne vous sous-estimez pas. Vous êtes une personne, qui sait lire dans l’âme des gens. D’ailleurs c’est un peu votre rôle. Vous savez donc que je n’userai pas de violence. »

Ses mots ne visaient pas la tromperie. Il savait que cette femme ne se laisserait pas manipuler si facilement.

Il était plus question de distraction et de séduction. Pourtant n’importe qui avec un peu d’esprit aurait comprit qu’Enosha n’était pas réceptive sur ce dernier point. D’un coté le danseur d’eau l’avait perçut lui aussi. De l’autre son orgueil l’empêchait de l’admettre complètement.

Les deux résultats possibles à sa demande lui convenaient. La novice plus malléable pourrait lui fournir quelques renseignements intéressant. Quant à Enosha sa compagnie était plus agréable à ses yeux.

C’est cette dernière, qui se dévoua.

A vrai dire Melchior s’en doutait un peu. Il n’était pas envisageable de le laisser sans surveillance et encore moins sous celle de la novice.

Il suivit sa guide tout en observant les alentours. Car un danseur d'eau voit avec tous ses sens.

Tout comme à l’extérieur la décoration était travaillée avec l’omniprésence des flammes.

La prêtresse se lança dans des explications. La formulation était parfaite. Cette femme connaissait son affaire. On y distinguait également une véritable conviction.

Ce dernier point gênait Melchior. Parce qu’il réduisait les stratégies possibles. On pouvait dire adieu entre autre à la corruption.

On disait que le culte de R’Hlor divergeait des autres. Pourtant le visiteur ne le trouvait pas si particulier.

Un dieu qui sauverait tout le monde enfin du moins ceux croyant en lui. Une entité qui s’y opposait. Et pourquoi ? Parce que c’était la méchante de l’histoire.

Bien que clairement pas convaincu Melchior fit preuve de curiosité dans le but de mieux connaître Enosha et éventuellement de la troubler un peu.

« Si j’ai bien compris le masculin est par essence mauvais. Donc par extension tous les hommes le sont. »

Le ton n’était en aucun cas agressif juste interrogatif voir naïf.

Melchior s’aventurait sur un terrain dangereux. Enosha connaissait forcément mieux la liturgie du Dieu de la lumière. Justement ce type de danger lui plaisait.

C’était comme lors de sa formation durant l’exercice consistant à attraper des chats. Tandis que les autres élèves les enlaçaient dans leurs bras afin de les neutraliser, lui il leur tirait la queue. Les quelques griffures en résultant valait largement l’amusement que ce geste lui procurait.

« Ce n’est pas une vision un peu radicale ? » Rajouta-t-il toujours de ce timbre faussement innocent.

L’affirmation de Hénosha sur le Dieu Multiface interloqua le visiteur. Sa divinité se reflétait-elle dans la sienne ?

A la réflexion ce n’était pas le cas. Le Dieu Multiface était un être furtif et omniprésent à la fois. Alors que  R’hllor lui aimait s’étendre à la manière d’un conquérant.

Si une similitude subsistait, il valait mieux chercher du côté de « L’Autre ». Une petite réflexion sur ce point prit forme dans le crâne de Melchior, mais ne franchit pas ses lèvres.

Les frappes d’un danseur d’eau étaient toujours précises et calculées. Or provoquer trop violemment la prêtresse n’aurait rien rapporté, juste une passe dans le vide capable au mieux à faire reculer un peu l’adversaire. De plus une autre tactique était déjà en place.

Toutefois rester sur la défensive ne constituait pas la posture favorite de Melchior. Alors il chercha une ouverture dans la garde adverse.

Le discourt de Hénosha était parfaitement maîtrisé sans erreur ou contradiction. Toutefois certains éléments déplaisaient à son interlocuteur notamment en ce qui concerne la guerre et l’égo.

Que fallait-il faire lorsqu’on vous offensait alors ? Tendre l’autre joue.

Ensuite il y avait l’emploi du terme « danseur d’eau ».

Pourquoi le désignait-elle par sa fonction ? Par respect ? Les pratiquants de cette discipline étaient bien vu à Braavos. Pourtant la prêtresse ne paraissait pas porter l’art du combat dans son cœur.

Melchior ne savait donc pas sur quel pied danser.

Pour finir venait la culpabilité. Hénosha disait que tous les gens étaient des pêcheurs devant sans cesse se remettre en question. Or ce principe ne coïncidait pas avec la vision hédoniste et individualiste du spadassin.

Cette croyance ne lui était clairement pas destinée.

« Vos paroles méritent réflexion. » Dit-il avec malgré tout un peu de sincérité du fait de la formulation habile. « Mais comme vous dites mon Multiface rejoint votre Rh’lor. Je ne vois donc pas vraiment l’intérêt de changer de foi en ce qui concerne ma personne. »

La dernière phrase contenait une certaine malice. Cette petite pique contrastante avec la longue tirade pourrait peut-être perturber la si austère adoratrice des flammes.

En tous cas la réplique amusait Melchior.

Derrière le provocateur se cachait un guerrier pas tout à fait endormit. La mention des armes et de la guerre venait d’ailleurs de  le réveiller. Hénosha affichait visiblement un certain mépris sur ce point. Or le temple présentait un certain luxe.

Comment échappait-il au pillage alors ? La garde de la ville ne pouvait pas surveiller l’endroit en permanence.

Désormais Melchior regrettait de s’être défait de son arme.

« Qui a peur de perdre a déjà perdu. » Se répéta-t-il en boucle afin de conserver son calme.

Melchior trouva la question tendancieuse. De son point de vue Henosha avait tenté de lui vendre sa foi.

« Je ne le pense pas, non plus. » Dit-il. « C’est vous qui avez mal interprété mes paroles. »

Le ton narquois contenu pouvait se traduire par « Tu ne me la fais pas. »

Peut-être était-elle sincère au fond ? Mais dans le doute le danseur d’eau préférait jouer des muscles.

Puis un nouveau venu enterra définitivement ses doutes. Ainsi ce jeune homme constituait son objectif. La prêtresse l’avait pratiquement dressé comme un chien. Il lui était totalement soumis.

Melchior en éprouva une aversion. Comme tout véritable braavien l’esclavage le choquait. Et on en était assez proche.

Comme Enosha l’avait déjà écrit apparemment, Ferrego Prestayn requerra sa présence.

La prêtresse n’aimait pas partager ses jouets.

Tant pis car le plan du danseur d’eau restait applicable dans ce cas de figure. A la fois pour l’efficacité et l’amusement Melchior fit dans le grandiloquent.

« Monsieur Prestayn, je suis porteur d’une mauvaise nouvelle. »

Suite à cette phrase son auteur marqua une pause, et mit sa main sur l’épaule de Ferrego en signe de compassion.

« Votre mère est au plus mal. Elle vous réclame à son chevet. »

Le poisson était ferré. Son air troublé le prouvait. Par une sorte de réflexe il se tourna juste ensuite vers Hénosha.

Décidément le dressage était parfait.

« Est-ce que vous êtes autorisé à faire ce genre de visite ? » Demanda le spadassin innocemment.

Quoiqu’il y avait introduit un regard triste et par extension culpabilisant.

Ferrego en revint au visiteur. Ses lèvres tremblèrent. Il ne savait pas quoi dire. Ce qui constituait déjà une victoire.

Faire un choix perturbait l’apprenti si docile. Melchior accentua donc sa stratégie là-dessus.

« Quel que soit votre décision, vous devez la prendre rapidement. Le temps est compté. »

« Elle va si mal ? » Parvint enfin à dire Ferrego.

D’humeur taquine le danseur d’eau misa sur l’incertitude. De toute façon la prêtresse décèlerait sûrement un mensonge. Melchior contrairement à ses affirmations sentait cette femme comme perspicace.

« J’ignore les détails. Je suis juste le messager. »

Melchior afficha un petit rictus furtif à l’attention de l’adoratrice du Dieu de la lumière. Ce n’était pas véritablement une provocation, en tous cas pas complètement. Il fallait aussi y voir un défi.

Qu’allait-elle faire pour retenir son animal domestique ?

Il était impatient de le savoir.