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[CONFLANS][L'Auberge de l'homme à genoux] Cueillir la perle qui vient à soi FT Rowena Farman

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Maegor posa le pied à terre, escorté de ses deux gardes. L’auberge de l’Homme à genoux, l’une des auberges qui profitaient du rayonnement de ses Terres. Il était connu, ici, il aimait y passer lorsqu’il sortait de son fief, comme aujourd’hui. Ayant laissé le convoi marchand dans les ornières de la route, il avait pris deux gardes qui refusaient de le lâcher d’une semelle au vu de ses précédentes déclarations, et avait galopé jusqu’ici.


Il confia les rennes au palefrenier qui le reconnu au premier coup d’oeil. Un seigneur ne doit pas se vêtir d’or et de soie pour imposer le respect, et les seules pierres précieuses qu’arboraient Maegor était l’éclat de ses yeux bleus.


L’après-midi était bien avancé. Lorsqu’il poussa la porte flanqué de ses deux hommes, lord Desdaings trouva une salle bruyante de conversations. Paysans du coin, ses propres gens et voyageurs en tout genre se côtoyaient, et Maegor aimait cette atmosphère conviviale bien loin de ses repas quotidiens et forcés avec sa femme et son fils. Il s’approcha du comptoir.


- Lord Desdaings !


Un silence se fit. Le tenancier inclina rapidement la tête. Il sortit une bouteille d’hydromel poussiéreuse de son comptoir avec quatre verres. Sa face épaisse étirée par un sourire, il remplit les verres adroitement, en garda un pour lui même et poussa les trois autres vers les Desdaings. Et c’est alors que les murmures commencèrent.

Tous les quatre, ils levèrent leurs verres. L’ego de Maegor rayonnait.


- Au sauveur du Conflans, celui qui a été notre bouclier armé et nous a protégé de la vermine Fer-Née ! A lord Desdaings !


Les quatre hommes vidèrent leurs verres. Le bruit s’amplifia. Certains applaudissaient, d’autres, étonnés, étrangers, jetaient des regards aux Conflanais qui les entouraient, espérant comprendre d’où venait cette animosité soudaine, comme cette ferveur proche de l’admiration.


- A LORD DESDAINGS !


Ils furent plusieurs, la majorité à lever leurs verres. D’autres fixaient celui qui avait renié la foi des Sept avec une lueur assassine dans le regard. Quatre homme arborant les couleurs de la Truite se levèrent.


Ca va commencer.


- A Lord Desdaings, le traître, l’Apostat.


Le soldat cracha sur les bottes boueuses de Maegor. Instantanément, une gifle paternelle et vindicative jaillit, et lord Desdaings secoua avec satisfaction sa main délicieusement brûlante tandis que le soldat recula et tomba à moitié sur une table, renversant les consommations sur les trois ouvriers attablés.


Maegor pouvait entendre le sang battre aux tempes de l’homme qui l’avait frappé. Car cette homme connaissait la réputation du Seigneur de la maison Desdaings, il le ferait pendre pour cette outrage, n’admettant d’autre justice que la sienne, et celle de son peuple. C’est pour ça qu’il baissa les yeux devant le sourire de Maegor, et baissa encore les yeux quand ses camarades l’aidèrent à se relever et sortir de l’auberge, suivi d’une poignée d’autres.


Maegor ne daigna poser son regard sur eux.


Se retournant vers le tenancier interdit, il leva une main et lança :


- Buvez aux frais de la maison Desdaings jusqu’au coucher du soleil !


Un silence, puis une ruée de cris d’approbation. Maegor se servit un autre verre d’hydromel, et appuyé au comptoir, en simple habit de voyageur, chemise ouverte et regard provoquant, le Sire de Beaumarché reporta son attention sur la porte d’entrée.


La journée, objectivement, avait mal commencée. Cette rixe avait remis un peu de chaleur dans cet après-midi, alors, qui sait quelle merveille viendrait franchir le seuil de l’Auberge de la truite à genoux ?
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Cueillir la perle qui vient à soi

Maegor Desdaings

Aller chercher des alliés dans le Conflans. Non mais franchement. Sa sœur avait-elle totalement perdu la raison ? Comme si Rowena était apte à négocier la moindre alliance, à obtenir quoi que ce soit de qui que ce soit à part, éventuellement de la pitié. Enfin heureusement elle était accompagnée de Willos, qui saurait certainement l’aider dans cette mission de la plus haute importance que lui avait confié Megalis. Mais elle se demandait encore, une semaine après avoir quitté Port-Real, ce qu’elle faisait sur les routes et pourquoi la Lionne, la seule, l’unique, la redoutable, ne s’en occupait pas elle-même.

Cependant, Rowena gardait l’espoir, un jour, de faire quelque chose d’utile pour les Farman, d’arrêter de se montrer faible et ridiculement inefficace, même pour trouver un époux. Ah oui, Nymeros lui manquait terriblement, mais elle n’était pas prête de le revoir, elle le craignait, et s’il fallait qu’elle y renonce par sa famille, elle le ferait. Son fol espoir d’épouser l’homme qu’elle aimait, par amour, et d'apporter dans le même temps une alliance avec un riche capitaine marchand de Braavos à son très estimé Luthor, s’estompait de jour en jour. Elle soupira en repensant à ses yeux azur et à son sourire magnifique tout en laissant son regard se perdre dans le vague du paysage morne et bien trop vert à son goût.

La boue recouvrait les routes et le carrosse de la blonde aux yeux noisette risquait fort de s’embourber, on lui demanda donc d’en sortir pour continuer à cheval. Elle fut ainsi obligée de se mettre en selle sur sa jument alezane pour chevaucher auprès de son frère. Seulement au bout de quelques heures seulement, elle était fourbue et demanda à ce qu’on s’arrête dans la prochaine auberge. Ce fut l'auberge de l’homme à genoux qui croisa la route de la petite troupe qui escortait les deux Farman et la Perle ne demanda pas son reste avant de mettre pied à terre et d’aller se réfugier à l'intérieur, au chaud, enfin. Elle confia sa lourde cape de laine bleue sombre à la doublure dorée et ourlée de fourrure brune à sa servante. Avant de s'asseoir, elle lissa sa robe de lin damassé bleu ciel au décolleté arrondi dont le laçage à l'avant laissait voir sa chemise blanche et son corset en transparence. Elle monta dans sa chambre pour se débarbouiller et défit sa tresse, laissant ses cheveux ondulés descendre en cascade sur ses épaules. Évidemment, ce n’était pas un endroit pour sortir ses bijoux et même si sa tenue ne laissait aucun doute sur son rang, elle n’était pas naïve au point de les exposer à la vue de tous.

Tandis que les hommes se relaxaient autour d'une bière, elle discutait avec Willos de la marche à suivre, des seigneurs à visiter, pour parvenir à trouver de nouveaux alliés pour Belle-Île. Son frère lui dit qu’ils étaient actuellement non loin de la Haye-Pierre, demeure de la maison Bracken. Elle savait cette famille importante, mais les Nerbosc l’étaient tout autant et ce n’était pas un secret qu’ils ne s’entendaient pas. Ainsi, si elle choisissait l’un, elle ne pourrait pas faire alliance avec l’autre. Vers qui se tourner alors, il lui fallait plus d’information sur eux et leurs positions, notamment vis à vis d’Edmure Tully. Elle savait que, tôt ou tard, il faudrait passer à l’offensive contre la Couronne et tous ceux qui la représentaient dans les différents régions.

C’est alors qu’un homme entra. L’aubergiste l'appela Lord Desdaings et son frère lui précisa qu’ils se trouvaient sur les terres de Beaumarchais. Son esprit certes peu affuté, mais néanmoins éduqué n’eut aucun mal à faire le lien entre la Maison et son fief, elle parvint même à se dire qu’il serait un précieux premier allié Riverain pour la renseigner sur les autres maisons. Mais de là à passer le pas et aller vers lui dans cette optique, par R’hllor, non, elle préférait se plonger dans son verre de vin chaud aux épices et ne surtout, surtout pas croiser son regard. Son frère s’amusa de la voir se dérober et il se moqua d’elle gentiment.

__ Il ne voudra certainement pas me parler de toute façon, regarde comme tout le monde l’admire.

C’était une évidence et un instant plus tard, plusieurs gens du coin levaient leurs verres à leur seigneur. Willos, se leva et fit de même, un sourire en coin sur les lèvres en regardant Maegor. Rowena se fit toute petite derrière lui, elle aurait bien aimé se cacher sous la table en cet instant, mais elle n’était plus une petite fille et ne pouvait décemment plus faire une chose pareille. Elle se demandait comment disparaître totalement quand des insultes fusèrent. Elle posa sur son frère un regard apeuré et l’instant d’après, il passait au-dessus de la table pour se placer en protection de sa sœur. Elle se leva, se préparant à fuir l’échauffourée qui semblait prête d’éclater, mais finalement, l’homme sortit et le calme revint. Enfin le calme, tout était relatif puisque Lord Desdaings offrit la boisson à tous ce qui ne manqua pas de créer un vacarme assourdissant et une nouvelle agitation, bien que plus joyeuse. D’ailleurs, sachant désormais sa sœur en sécurité, il ne manqua pas de se faufiler vers le comptoir pour profiter de la tournée du maître des lieux. Rowena resta, légèrement tremblante, debout devant la table à fixer désormais Willos qui s’éloignait, puis Maegor qui regardait la porte, puis la porte d’entrée qui resta fermée, puis Maegor qui venait de frapper un homme en livrée Tully. Était-elle impressionnée, terrifiée ou stupéfaite, même elle ne savait pas trop. Elle était juste incapable de bouger ou de prendre la moindre décision à part… prendre son verre entre ses mains et boire une nouvelle gorgée de vin chaud pour se cacher dedans à nouveau. Au moins avait-elle cessé de trembler, sans quoi, elle en aurait mis partout.

Rowena Farman
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Rowena Farman
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Les minutes passèrent. Aucune nouvelle distraction ne vint franchir la porte, mais le regard de limier du Desdaings se dit qu’une devait se trouver ici. Les femmes.

Ah, les femmes. Toute échauffourée quelconque qui lui demander de bander ses muscles lui donnait envie d’une ou plusieurs femelles, comme tout homme qui se respecte, d’ailleurs. Toujours accoudé au comptoir, saluant les siens, prenant les respects et les remerciements des hommes qui défilaient, il parcouru la salle des yeux avec une autre intention dans le regard.

Jon, son homme d’arme, l’interpella doucement.

- Seigneur, je pense que vous avez dû effrayé cette jeune lady, toute à l’heure. Regardez donc comme elle tremble.

Haussant un sourcil, Maegor posa son verre et détailla, penchant la tête, cette table où les tasses de vin chauds ne fumaient plus. La livrée des hommes auraient vaguement dû lui dire quelque chose s’il avait été plus attentifs lors de ses cours d’héraldiques, mais assurément, ce n’était pas des couleurs du Conflans.

Elle était belle. Simplement belle. Bien habillée, coiffée, fatiguée, apeurée. Une dame qui avait vu ce que c’était, l’existence. Et qui ne le supportait sans doute pas, loin de ces courbettes et de ces pâtisseries délicates.

- Vraiment ? N’est-ce pas plutôt dans sa nature ?

Jon eut un bref éclat de rire avant de secouer la tête.

Il était vrai que lord Desdaings était curieusement proche de ses hommes, trop même lui dirait on. Mais les réflexions comme celle-ci le maintenait dans un curieux droit chemin. Son inné, en matière d’étiquette, d’empathie et d’amour de l’autre, est inexistant, et c’est pour cela qu’il cultivait son acquis, et qu’il ne pouvait laisser passer cette simple remarque.

Et puis, elle était belle.

Debout, avec son verre dans les mains. Un petit lapin dans l’éclat d’un brasier.

Attrapant deux verres de vin chaud qu’on venait de servir d’une main adroite, Maegor traversa la pièce en deux enjambées, et, sans crier gare, vint s’incliner devant la Lady.

- Dame, loin de moi l’idée d’avoir troublé votre quiétude. Je suis le seigneur Maegor Desdaings, Sire de Beaumarché, un titre que beaucoup voudraient me voir laisser.

C’était faux ; ou peut-être vrai. Mais il n’en avait rien à faire. Il se disait juste que c’était une entrée en matière appropriée. Et puis, la tête inclinée, ses cheveux cachant son visage d’elle, il put lorgner sa poitrine. Un bel avantage.

- Laissez-moi vous offrir une coupe, continua-t-il en posant les deux verres sur la table.

Il passa derrière la dame pour lui tendre sa chaise, effleurant par mégarde, à cause de la proximité des tables, sa robe.

- Qu’est-ce qui m’honore, moi et les miens, de votre présence ici, ma Lady ? Vous êtes bien seule dans un Conflans hostile. Bien des Seigneurs ont vu leurs terres réduites en cendres.

Maegor s’installa prestement en face d’elle, s’appropriant cet espace, ne la lâchant pas des yeux. Il entendait son homme d’arme éclater de rire plus loin, et sans doute, supputait-il, se moquer des talents d’acteur de son Seigneur. Il le connaissait bien, c’était vrai, et toute l’amabilité de Maeor n’était qu’une façade. Car s’il était de l’inné qu’on pouvait envier au sire de Beaumarché, c’était son incroyable capacité à être avenant lorsqu’il le désirait ; chose bien rare.

Mais il pouvait bien faire un effort, pour un pauvre petit lapin trop près du brasier.
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Cueillir la perle qui vient à soi

Maegor Desdaings

Rowena avait entendu dire que les Desdaings étaient une des familles les plus riche du Conflans, or, leur seigneur était habillé comme un simple voyageur et cela l’interpelait. On était loin des habitudes des Farman toujours tirés à quatre épingles. Mais elle n’était pas femme à juger les gens sur leur apparence, elle n’était pas femme à juger qui que ce soit pour quoi que ce soit d’ailleurs. Pour cela il aurait fallu qu’elle ait un avis et elle laissait cela à sa sœur car c’était bien trop éprouvant pour elle. Elle préférait bien le soleil à la pluie, les bateaux aux chevaux, la mer aux champs et les pâtisseries délicates au lard fumé, mais la plupart du temps, elle suivait l’avis des autres qui devaient certainement avoir raison et puis, elle ne voulait pas faire de vagues, inutile donc de trop réfléchir. Elle préférait de toute façon observer et sourire à la vie qui émanait des choses et des gens. Alors elle s’adaptait, y compris à une nuitée dans une auberge, même si, clairement, elle faisait tâche dans le brouhaha ambiant. Mais peut-être qu’il y avait bien une chose qu’elle n’aimait pas, ou en tout cas qu’elle supportait mal. La violence. Pourtant, elle aurait pu s’habituer, même sans avoir subi celle de sa grand-mère, mais non, elle ne s’y faisait pas. Ignorante petite perle perdue dans un océan de brutalité écumante.

Une ingénue qui ignorait tout de sa beauté et qui, grâce au Sept, ou peut-être au Maître de la lumière, elle ne savait plus trop, n’avait jamais été confrontée au désir des hommes. Puisse le sort la préserver de toute mauvaise intention. Mais son frère savait lui, car il était un homme et qu’un frère n’ignore pas les regards des autres qui se pensent sur la sœur bien aimée et par trop naïve pour se méfier de quiconque. Willos observa donc Maegor s’approcher de la plus douce des Farman avec défiance. Mais il n’oubliait pas l’objectif fixé par Megalis et étant donné l’appréhension de sa sœur, il valait mieux qu’un seigneur fasse le premier pas. Il resta donc là où il était et fit même un clin d’œil à Rowena pour l’encourager quand il la vit se crisper devant le Seigneur.

La jouvencelle eut un léger sursaut à son arrivée précipitée. Le souffle coupé elle prit, en catastrophe, une grande inspiration et prononça son nom dans un couinement aigu qui manqua de rester coincé dans sa gorge raidie par la surprise.

__ Lord Desdaings…

Le clin d’œil de son frère, sans véritablement l’aider à se détendre, lui fit au moins comprendre qu’elle n’avait pas le droit de se débiner. Elle s’inclina dans une humble révérence et en profita pour baisser les yeux, lissant sa robe, gênée.

__ Lady Rowena Farman, de Belle-Île, enchantée.

Il eut été fort impolie de refuser le verre, alors elle releva la tête et sourit, inclinant la tête en signe d’agrément.

__ Merci. Et… j’avoue, j’ai craint que la situation ne dégénère, mais vous avez su faire taire cet homme sans qu’il ne demande son reste. Vous m’en voyez rassurée. Mais pourquoi dites-vous que beaucoup voudraient vous voir laisser votre titre ? Est-ce lié à ce que cet homme a osé vous dire ?

Demanda-t-elle en s’asseyant docilement sur la chaise tendue par son hôte. Elle prit une gorgée de vin qu’elle faillit avaler de travers.

__ Hostile ?!

Répéta-t-elle en posant ses grands yeux noisette plein de surprise et d’appréhension sur Maegor. Elle se mit à bégayer.

__ Je, j’ignorais que le Conflans était... Je… C’est-à-dire que… Ma sœur m’envoie trouver quelques alliances… hum… commerciales. Mais… en cendres dites-vous ? Comment ?

Elle n’était pas seule, elle avait une escorte, mais elle commençait à se demander si elle serait suffisante pour traverser un Conflans qui, manifestement était en feu, et peut-être même en sang. Elle se serait remise à trembler si elle ne s’était pas accrochée au verre de vin comme à une bouée. Willos quitta Maegor des yeux un instant pour les poser, sur son homme, mort de rire au comptoir. Il s’approcha.

__ J’espère que ce n’est pas de ma sœur que tu te moques.

Fit-il d’un air détaché avant de lui sourire et de pousser vers lui le verre qu’il avait pris pour Rowena. Elle n’en aurait pas besoin, en plus elle savait qu’elle devait faire attention avec l’alcool, l’excès ne lui réussissait pas.

Rowena Farman
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Jon renifla bruyamment et se saisit du verre tendu par le Farman. Il avait beaucoup bourlingué, et connaissait cette illustre maison, de nom et d’emblème. Importante. Riche ? Ou du moins, profitant du rayonnement du rayonnement des Lions. C’est pourquoi il laissa son Seigneur aller à ses penchants.

- Je n’oserai nullement, Ser, et je ne me permettrais aucunement de rire de mon seigneur non plus. Quelle image aurez-vous donc de nous ? C’est seulement… qu’il est bien étrange de voir Lord Desdaings quitter son habit de soldat, et parfois… continua Jon sur le ton de la confidence, des fois, on prend les paris, avec les gars… Z’êtes partant ?

Il désigna d’un coup de menton le large dos de son Seigneur, un beau sourire aux lèvres.

Maegor, lui, était véritablement enchantée de voir le visage de la bichette se décomposer. Lady Rowena Farman, qu’elle avait dit. Belle-Île, qu’elle avait dit. Des lionceaux donc. Très intéressant.

Elle s’accrochait à son verre comme une bouée à la mer, à un chêne centenaire au milieu d’une tempête. Elle apprendrait bientôt qu’elle aurait du choisir le roseau.

- Eh bien ma Dame, il est vrai que vous auriez-du venir dans le Conflans il y a quoi… huit ans ? Son visage était bien différent...

Il se tourna vers le tenancier, dos à la dame et lui adressa une suite de signe rapides et complexes qui signifiaient grossièrement « à grignoter, du raffiné pour la dame, avec à boire fort ».

- Des friandises ne devraient pas tarder à être apportées, je suis sûre que vous aimerez.

Maegor se cala dans le dossier, son sourire respirant la confiance. Elle si mignonne, si perdu. Mais qu’avait fait les Farman, depuis la décapitation de lord Eddard Stark, le premier évènement qui avait entraîné les autres, et avait laissé les Sept Couronnes en ruine ? Etait-elle perché sur la proue d’un bateau, innocente enfant croyant encore qu’un Prince viendrait des Confins de l’Est pour l’emmener ?

Pathétique.

Et si délicieux.

- Disons que, cette altercation que vous avez vu représente bien l’atmosphère actuelle de notre Couronne. Et que les opinions de votre dévoué Seigneur ici présent fâchent par leur pertinence.

Il joignit ses mains sur la table pour les empêcher de bouger.

- Notre Terre a été le lieu principal des conflits des dernières années. Nombres de châteaux ont été pris par un camp, par l’autre… De nombreux Seigneurs, petits comme grands, pleurent beaucoup la mort du Silure, l’oncle de l’actuel Tully de Vivesaigues.
 
Maegor se pencha vers Rowena, baissant la voix.

- Trop d’hommes sont morts à la guerre, et ceux qui restent ont trop faim,Lady Farman.

Dramatique. Ca allait accentuer le bégaiement. Un besoin irrépressible de se sentir protéger. Un oui à tout ce qu’on lui proposerait. Mais ça devait venir d’elle. Si Maegor savait quelque chose des femmes, c’est qu’elles aimaient penser décider.

- Alors, si votre sœur a confiance en vous pour nouer des liens, et bien c’est un grand bonheur de vous rencontrer ici,  continua-t-il plus sereinement en inclinant légèrement la tête en signe de respect. Dites-moi ce que la maison Desdaings et son Seigneur peuvent faire pour vous sembler agréable. Ah, mais voilà qu’on nous apporte de quoi trinquer plus dignement.

La servante vint déposer une cruche d’une liqueur parfumée et sucrée, de petits friands dorés à la viande et de délicate tartelettes à la crème de cardamome.


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Cueillir la perle qui vient à soi

Maegor Desdaings

Le Farman hocha la tête aux dires du soldat, constatant la différence d’éducation et de milieu qui ne faisait aucun doute entre eux, mais s’en fichant éperdument. Il aimait trop la vie et les plaisanteries pour être aussi hautain que Megalis ou Luthor, il n’en était pas moins digne de son rang.

__ Et quel est l’objet du pari ?

Demanda Willos avec un sourire radieux sur le visage. Il avait perdu la mémoire et failli perdre la vie lors du récent tournoi de Port-Real, mais qui n’était pas le dernier à aimer s’amuser.

__ Si c’est la capacité de ma sœur à le rendre moins bourru qu’à l’accoutumé, je mise toute ma bourse.

Dit-il en hochant la tête avec un sourire en coin à l'intention de l’homme avant de reporter son attention sur la scène.

__ Mais dites moi, Lord Desdaings est-il vraiment comme la rumeur le dit ?

***

__ Avant la grande guerre.

Remarqua la Perle de mer en baissant les yeux, plongeant un regard triste dans son verre de vin auquel elle avait à peine touché. Le liquide rouge sombre lui rappela tout le sang versé et la mélancolie s’empara de son être. Il y a huit ans, elle vivait dans l’insouciance, sa famille était intacte et la guerre si lointaine.

__ Oui merci.

Souffla-t-elle concernant les friandises en levant à peine le nez.

__ Tout a changé n’est-ce pas ? Le monde a changé. Nous avons changé.

Et encore, si elle avait pu garder l’espoir que la paix perdure, mais elle savait que cela ne serait pas le cas, elle savait que c’était perdu d’avance, ne serait-ce que parce que sa propre sœur avait d’autres projets. Son cœur se serra, mais elle tâcha de faire bonne figure, relevant la tête avec un sourire et regardant l’homme qui lui faisait face.

__ Oui… je ne peux pas vous contredire, l'atmosphère est tendue, et pas seulement dans le Conflans, j’en ai peur. Je reviens de Port-Real, là-bas, les fanatiques haranguent les foules et ils gagnent du terrain dans tout Westeros. Mais dites moi, quelles sont ses opinions qui fâchent les hommes des Tully ?

Demanda la jouvencelle en espérant soudainement qu’il ne soit pas du côté des fanatiques. Elle reprenait un peu contenance, mais ce que lui révéla alors Maegor ne la rassura pas le moins du monde. Mais elle était à côté de la plaque pour changer.

__ Faim ? Je pensais que depuis la fin de la guerre, les récoltes étaient pourtant bonnes, non ?

Ser Brynden était un homme très respecté ici, elle le savait, elle avait entendu parler de lui. Elle savait aussi qu’Edmure ne l’était pas le moins du monde, c’était d’ailleurs la raison pour laquelle Megalis l’avait envoyée ici et pas ailleurs. Le chaos potentiel entre riverain servait les intérêts de la Maison Farman et Rowena était venue pour sonder les nobles avant que soit allumée l’étincelle qui embraserait Westeros. Sa main trembla à cette idée et elle posa le verre en catastrophe, reposant ses mains sur sa robe et essayant de ne pas trop montrer sa peur. Elle n‘imaginait pas pour autant être en mesure de la cacher totalement, mais elle était due à ce qu’elle savait et que Maegor ignorait, pas à ce qu’il lui révélait. Cependant, d’après la Lionne, elle ne risquait rien ici, et Rowena découvrait que, peut-être, sa sœur avait sous estimé les tensions. Elle jeta un coup d'œil à Willos qui discutait avec un des soldats du Seigneur de Beaumarché en espérant qu’il puisse, avec l’escorte octroyée par son aînée, la garder saine et sauve.

__ Le bonheur est partagé Sire. J’aurais peiné à honorer la confiance de ma sœur s'en votre arrivée providentielle.

Rowena remercia la servante et lui sourit avant de reposer ses yeux noisette sur le Desdaings.

__ Trinquer ? Encore ? Mais Sire, je n’ai même pas fini mon vin ! Et puis, je ne saurais m’enivrer, surtout si vous me dites que l'endroit est dangereux. De toute façon, je bois très peu, alors juste un petit verre pour vous faire plaisir et faire honneur à votre hospitalité. Si vous voulez boire, vous devriez aller voir mon frère, moi je serais d'une bien piètre compagnie pour cela.

Fit-elle remarquer avant de prendre un friand doré qui lui faisait terriblement envie. Mais avant de commencer à le déguster, elle se pencha vers son bienfaiteur pour lui parler, consciente qu'elle ne pourrait pas dire ce qu'elle allait osé dire très fort et que sa voix ténue risquait d'être recouverte par le brouhaha ambiant.

__ Puis-je vous demander un… un service ? Comme vous connaissez bien le Conflans, peut-être accepteriez-vous de… de m’accompagner dans mon voyage et de m’introduire auprès de vos nobles amis.

Dit-elle en bégayant à nouveau légèrement, cherchant ses mots.

__ J’ai… j’ai bien conscience que c’est un peu... présomptueux de ma part de vous demander ça et, heu… Je peux vous payer... ou mieux ! Je... je peux vous proposer une alliance commerciale avec... ma famille.

Rowena Farman
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Rowena Farman
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Il avait l’air sympa, le Farman, alors, Jon pouvait bien le mettre dans la confidence.

- L’objet du pari, eh bien… commença-t-il en se penchant, l’air secret. Vraiment, Monseigneur, ne voyait pas ça comme une offense faite à mon Seigneur, mais… c’est pas vraiment que vot’ sœur le rende moins bourru c’est…

Il se rapprocha encore.

- Ca fait trois gifles qu’il se prend de nobles dames à cause de sa manière de faire, voyez. Il pense que séduire, c’est comme à la guerre, celui qui tient le plus fermement l’épée qui…

Puis, Jon réfléchit un instant. Comment tourner le reste de sa phrase sans que son interlocuteur ne le prenne comme une offense faite à sa chaste et noble de sœur ? Il n’y en avait tout simplement aucune. C’est pour cela qu’il détourna les yeux, remplit une nouvelle fois son verre, le descendit prestement avant de s’engouffrer vers l’échappatoire que venait de lui offrir le Farman.

- Comme on le dit ? On dit beaucoup de choses sur lui, surtout ceux qui l’connaissent pas. Vous voulez-savoir si on peut lui faire confiance ? S’il crèverait pour vous au combat ? S’il ferait tout pour ses récoltes et ses gens ? S’il a des opinions controversés sur la religion et sur le Tully ?

L’homme d’arme se redressa et mis une main sur l’emblème brodé sur sa veste.

*

Maegor laissa parler la jeune Lady, et sa voix se fit plus assurée. Silencieux, il versa la liqueur dans deux gobelets d’étain ; de la verveine infusée dans une base d’alcool, une boisson sucrée qui montait vite à la tête. Tout ce qu’aimait les femmes. Il lui mit un verre dans la main, et le souleva avec le bord de sa propre coupe.

- Oui, trinquons, ma dame, et pour cela, je n’ai besoin que de votre main qui tient votre verre, trinquons nous comme sommes en vie pour le faire. Il n’y a aucun mal à profiter des plaisirs de la chaire.

Il fit s’entrechoquer les verres, et but une bonne rasade du sien, le liquide éveillant la chaleur dans sa gorge et dans son ventre, ne quittant pas la Dame du regard. Son expression était presque attendrit quand il la vit timidement se saisir du friand, attendant poliment qu’elle en ait plein la bouche pour parler.

- Mes opinions, dame, sont à bien à l’opposé des fanatiques. J’ai renié la foi, c’est tout.


Il joignit ses mains, les coudes sur la table.

- Votre Jouvencelle et votre Etranger, votre destinée, les anciens dieux… Ca n’existe pas. Ce sont de simples histoires pour faire dormir le soir. Quant à Lord Tully… Il n’a certainement pas apprécié que je parte de son banquet, et que je lui dise qu’il a abandonné sa Terre aux pillards, aux Fer-Nés et aux sans bannières. Mais un adage ne dit-il pas que les mots les plus agressifs sont ceux portés par la vérité ?


L’innocente bichette lui demandait de l’aide, à lui… Cette maladresse aurait pu l’énerver autrefois, mais une guerre de huit ans l’avait assagi.

Elle voulait donc qu’elle le mette en relation avec les grands seigneurs du Conflans, comme si lui même n’en était pas un. Elle désirer qu’il l’accompagne, pouliche effrayée, comme si les Terres gouvernée par le Seigneur Desdaings n’était pas sûre, en proie au brigandage. Et l’introduire auprès de ses amis, lui, un vulgaire corbeau voyageur tout juste bon à soulever les jupes des dames.

- Votre sœur, votre frère. Vous n’avez que ces mots à la bouche, et votre présomption. Vos formules de politesse m’accablent, dame. Buvez donc, détendez-vous. Je n’ai jamais dévoré personne, pour le moment du moins.


Maegor se resservit, et remplit également une nouvelle fois, sans faire attention à la quantité d’alcool qui s’y trouvait, la coupe de la Farman. Il but, reposant le gobelet sèchement sur la table. Ses yeux pétillaient.

- Votre présomption me blesse. Mes terres sont sûres, voyagez à votre aise dessus. Si vous voulez une escorte, je puis vous la donner. Je m’en vais actuellement à Corneilla, et je doute que mon noble ami lord Nerbosc ait quelque chose à faire d’une alliance commerciale. Comprenez, son père pourrit dans les geôles de Vivesaigues.


Il y eut un blanc. Qu’elle cherche ses mots. Qu'elle demande à tous ses foutus dieux comment faire.

- Mais après tout, je ne suis qu’un petit seigneur pour votre sœur, un Conflanais, presque un roturier pour les Lions, non ? Bien indigne d'une alliance commerciale qui passerait par des terres disputées ?


Il se pencha vers elle.

- Qu’avez-vous donc à m’offrir, Lady Rowena, que je ne pas obtenir par mes propres moyens ?




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Cueillir la perle qui vient à soi

Maegor Desdaings

Willos hocha la tête pas tant pour acquiescer que pour se dédouaner en cas de dommage collatéraux dû à la gentillesse inégalée de sa douce petite sœur. Jon ne connaissait pas Rowena, il ne pouvait donc pas savoir à qui son Seigneur essayait de s’attaquer, mais il avait hâte de voir ce que ça allait donner. Il s’en amusait d’avance et honnêtement, il pariait sur la Perle de Mer, peut-être à cause du manque d’objectivité qu’un frère peut avoir sur sa sœur, ou peut-être parce qu’il avait perdu tout souvenir d’elle avant l’accident.

__ Et donc vous pariez sur le moment où il se prendra une gifle, ou sur le fait qu’il s’en prenne une ou pas ?

Il était prêt à miser sa bourse à 1 contre 10 en faveur de l'absence de gifle. Il n’avait jamais vu sa sœur frapper qui que ce soit, ni même repousser quelqu’un méchamment. Bon elle n’en avait certes pas souvent eut l'occasion, mais surtout, ça n’était pas du tout dans son caractère. Le Farman se dit qu’il devrait même, peut-être, intervenir pour faire ce qu’elle ne savait pas faire elle-même, se protéger.

__ Oui, un peu tout ça.


***

Il y avait tout le mal possible dans la chair, c'était un péché, mais la blonde s’abstint d’en faire la remarque et d’ailleurs, ni elle ni sa famille n’étaient très à cheval sur la question. En revanche, sur l’étiquette et le fait de savoir se tenir, ça, la Bonne maman, qui n’avait rien de bonne d’ailleurs, veillait au grain. Et ses parents également, mais moins depuis la mort de Sebaston. Enfin bref, s’enivrer n’était pas digne d’une dame de son rang et son dernier dérapage le lui avait rappelé de manière cuisante. Mais, bien que pas du tout convaincue par les propos de Maegor, elle ne pouvait pas lui refuser ce premier verre.

Rowena trinqua donc. Était-ce approprié pour une lady ? Eddara lui aurait probablement déjà sauté à la gorge si elle était là, mais hé, elle n'était pas là et Willos la surveillait du coin de l'œil, elle le savait. Donc qu’avait-elle à craindre ? Probablement pas grand chose. Elle comptait bien rester en vie encore un moment, même si ce n'était pas pour trinquer avec qui que ce soit. Quelle folie, se dit-elle en gloussant intérieurement. Elle baissa les yeux en rougissant devant une telle audace de sa part et porta le verre à ses lèvres pour boire une toute petite gorgée de liquide qui lui piqua le nez avant même qu’elle l’ait touché de ses lèvres. Cela lui brûla la bouche et l'œsophage, pourtant elle n’en avait pris qu’un goutte, elle posa le verre et se mit à tousser, ses joues écarlates et… ouf, quelle chaleur, soudainement. Elle s'éventa avec sa main et essaya de faire passer la morsure de la verveine en soufflant avant de passer sa langue sur ses lèvres endolories.

__ C’est beaucoup trop fort pour moi !

S’exclama-t-elle une fois remise de ses émotions. Enfin remise. Elle le croyait, mais elle toussa encore un peu.

__ Vous avez renié les Sept ? Vraiment ? Oh…

Fit la jouvencelle admirative. Elle avait envie de lui dire qu’elle savait depuis bien longtemps que ni l’étranger ni la jouvencelle n’existaient. Cela dit, elle aimait bien la fête de la jouvencelle, la procession, la jolie robe blanche. Elle savait bien que si elle priait de temps en temps, uniquement quand elle avait peur, c’était plus pour se rassurer que par foi. A Belle-Île on faisait semblant de croire pour la bienséance, mais personne ne croyait vraiment au fond. Mais elle tut toutes ces pensées, en revanche, elle n’était en rien choquée par les propos du Desdaings. Cependant, elle avait trouvé la foi ailleurs. Elle avait trouvé la foi dans un braséro. Là encore, une nouvelle manière de se rassurer, mais elle avait besoin de cette bouée de sauvetage, de cette lumière dans l’obscurité terrifiante.

__ Et vous avez abandonné toute foi ? En quoi croyez-vous encore Sire ?

Demanda la Perle de Mer curieuse de savoir comment on abandonne le culte des Sept. Bon cela n’avait pas l’air de plaire aux autres, mais néanmoins, il était là. Qu’en serait-il d’elle quand elle avouait qu’elle avait trouvé un nouveau Dieu ? Elle se rappela de ne pas l’avouer à qui que se soit, pas tout de suite en tout cas. C’était bien plus simple de se taire à ce sujet. En revanche, le fait que le Sire de Beaumarché s’opposait à Edmure Tully n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Rowena était naïve, mais pas idiote et s’il fallait trouver des alliés, c'était bien du côté de ceux qui voulaient renverser le Suzerain en place.

__ Certes oui. Et nous avons également eu à souffrir des attaques Fer-Nés sans aucune réaction de la part de notre Suzerain pas plus tard que l’année dernière. Je ne peux que comprendre votre opinion ainsi que votre réaction.

Dit-elle d’une voix pleine de compassion avec un sourire bienveillant avant qu’il ne se fâche en raison de sa politesse. Elle ouvrit la bouche pour s’excuser, mais il frappa son gobelet sur la table et renchérit. La Perle de Mer sursauta et un air terrifié s’empara de son visage. Willos n’entendait pas tout de la conversation, mais il constata qu’il venait de se passer quelque chose qui avait mit Maegor en rogne et qu’il semblait devenir agressif avec sa sœur. Il allait se précipiter pour voler à son secours quand il se retint. Ce n’était ni le lieu ni le moment pour ouvrir les hostilités contre le Seigneur de ses terres, si la blondinette pouvait s’en sortir toute seule, ce serait nettement mieux. Mais elle était tremblante, sous le choc, incapable de parler. Cependant, attentive à ce que lui disait Maegor et comme il parla un certain temps, elle eut tout le loisir de reprendre ses esprits.

__ Une… une flotte…

Répondit-elle précipitamment à sa question, non sans trémolo dans la voix. Elle jeta un bref coup d'œil à Willos qui la regardait et il lui fit un signe de tête pour l‘encourager. Elle re commença donc, d’une voix peu assurée, mais aussi intelligiblement que possible malgré quelques balbutiements.

__ Une flotte… et des… des alliés, dotés eux aussi de flottes… et… et de partenariats commerciaux.

Rowena baissa le volume de sa voix et s’approcha de son interlocuteur pour ajouter dans un murmure :

__ Et… Hum hum… qui sait sur quelle genre d’alliance une entente commerciale peut déboucher. Seulement… il y a des… des affaires dont on ne peut pas parler dans un endroit public mon Seigneur.

Reprenant sa position initiale, elle le regarda dans les yeux d’un air entendu, même si elle ne put soutenir ce face à face que quelques secondes. Que ne ferait-elle pas pour sa famille. Elle soupira et posa ses mains sur sa robe avant de relever la tête. Elle laissa le silence s’installer, le temps de prendre son courage à deux mains pour revenir sur les autres sujets abordés par Lord Desdaings pendant son long monologue. Elle n’avait pas tout compris si ce n'était qu’il se sentait insulté et elle qui ne voulait surtout blesser personne se sentait terriblement mal d’avoir pu dire ou faire quelque chose de mal. Alors elle s'excusa platement, toujours en bégayant le moins possible.

__ Vous… vous me voyez désolée de vous avoir blessé et de… de vous accabler avec ma politesse. Je crains… hélas de ne pas savoir comment… comment faire autrement. Si cela vous horripile tant, demandez et je… je prendrais congé. Mais… d’abord, permettez-moi d'éclaircir certains… certains points. Je… je ne voudrais pas que nous… que nous nous quittions sur un… un malentendu.

La blonde respira profondément soulevant sa poitrine chargée d’angoisse.

__ Qu’ais-je dit ou fait qui vous fasse penser que je vous vois comme un petit seigneur du Conflans et pourquoi nous appelez vous Lions ?

Elle attendit la réponse avec un doux sourire qui était loin d’être celui d'une lionne, mais elle était la Perle de Mer, seule Megalis était la Lionne, la lionne Reyne…

__ Je suis rassurée de savoir vos terres sûres, j’avais mal compris votre avertissement de tout à l’heure. Mais à présent que je sais la situation de Cornelia et votre position vis à vis de Vivesaigues, je comprends mieux. Aussi, je vous remercie de m’accorder une escorte, mais je préfèrerais me rendre à Cornelia avec vous pour que nous fassions plus ample connaissance et, je l’espère, pour apporter mon aide dans la libération du père de votre ami.

N’était-ce pas ce que faisaient les alliés après tout, s'entraider ?

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Rowena Farman
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Jon sourit au Farman. Il voulait le faire parler, ça ne faisait aucun doute. Non pas qu’il ait la langue dans sa poche mais… Pour faire parler un homme d’arme, il fallait le faire boire, n’importe quel chevalier sans terre savait cela. Alors, il joua avec son gobelet vide d’un air ostentatoire devant le nobliau, cherchant ses mots, les faisant longuement tourner dans sa bouche avant de parler.

- Un peu tout ça… C’est vague. Mais pour vot’ affaire… Vingt sous qu’il va lui proposer de d’vnir la future Lady Desdaings et d’consommer le mariage avant, sans offense hein. Dix de plus si elle le gifle.

Il était de notoriété commune que Lord Desdaings avait un mariage malheureux, et que, depuis son accouchement, Lady Desdaings n’était plus que l’ombre d’elle-même, souffreteuse et en permanence malade, comme son infirme de rejeton. Mais bien fol serait celui qui oserait asséner cette vérité au Sire de Beaumarché…

*

Maegor eut un rire léger devant la délicatesse de la Lady qui n’avait pas l’habitude de boire. Elle s’était sans doute forcée pour lui, bien loin de toutes les directives qu’on lui avait apprise, des manières… Un bon point pour elle, et il ne pouvait s’empêcher de lui montrer. Il était d’humeur changeante, le sire de Beaumarché, prêt à attiser tous les caprices d’une jeune femme.

Et puis…

- Ce en quoi je crois ? Mais en moi, Dame, en mon épée et en mes hommes. En quoi d’autre un Seigneur peut-il croire ?

Et puis… des propositions, un flot de paroles ininterrompues, des promesses d’alliances et… des navires, voilà ce qui manquait au Desdaings. Maegor eut un sourire en coin en voyant ce qu’il se passait chez la jeune femme. Bien jeune, bien frêle, bien hésitante… Etait-ce la première fois qu’elle parlait affaire avec un Seigneur ? Non pas qu’il ne soit très rompu à ces choses là : s’il s’écoutait, Beaumarché serait depuis longtemps ruiné. Il fallait qu’elle ait une entrevue avec Rodrik, son maître marchant en charge de son commerce, pour qu’aucune des parties de soit lésée… Et cela, à Lord Desdaings, toutes ses considérations, celui lui faisait mal au crâne.

A bien des égards, il n’était pas taillé pour le rôle de Seigneur, mais seulement pour celui de chef de guerre.

C’est alors avec délice qu’il vit la poitrine de la jeune femme s’agiter, angoissée. C’était qu’il était si facile de lui provoquer de ces émotions…

- Ni alliance commerciale dans un lieu inapproprié, ni conversation aussi hautement disons… félone, à portée d’oreilles. Je vous proposerez bien de vous accueillir dans ma chambre pour conclure notre affaire, mais votre chevalier servant au comptoir me sauterait à la gorge avant que j’ai pu faire quoi que ce soit.

Maegor avala de nouveau son verre, et, s’assurant que sa gourde d’hydromel était bien à sa ceinture, il tendit une main à la jeune femme, sourire aux lèvres.

- Je vous prie de m’excuser, Lady Farman, je joue avec vous. Il est rare de découvrir une compagnie aussi honnête et agréable que la votre. Pardonnez le rustre que je suis, et laissez-moi vous montrer l’endroit où l’histoire des Sept Couronnes s’est faite, l’endroit exact où le Roi du Nord Brandon a ployé le genou devant le Dragon, il y a plus de trois siècles. Car ce n’est pas exactement ici, mais à quelques centaines de mètres.

Il se leva, et, galamment, proposa son bras à la dame.

Quel doux sourire… Presque provoquant. Il sentait la chaleur lui monter aux yeux.

- Je vous escorterai où vous le souhaiterai, mais sortons. Car le petit Seigneur du Conflans que je suis a besoin des Lions. Ou plutôt, pourquoi nous laisserions un loup être couronné et pas un lion ? Un aigle ? Un cerf et une rose ? Ou tout autre maison qui s'en montrerait digne et servirait notre véritable souverain, le peuple ?

Maegor se pencha vers la lady, assez près pour l’effleurer d’une manière tout à fait innocente.

- J’aimerai que les Sept Royaumes redeviennent des couronnes. Et nous savons tous les deux que le temps des anciennes familles régnantes sont comptées. Alors… quel type d’alliance souhaitez- vous nouer ?

La douceur de la nuit calmerait les angoisses de la Dame, ou bien… continuerai de faire si joliment gonfler sa poitrine. Il lança un regard à Jon et au Farman qui buvaient au comptoir, et, d’un sourire, attira Rowena avec lui.


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Maegor Desdaings

Willos n’hésita pas longtemps avant de payer un autre verre au soldat, il avait beau être noble, il savait comment faire parler les gens. Puis il hocha la tête concernant le pari, il n’avait aucun moyen de parier sur ce que dirait Lord Desdaings. Le malheur du mariage de Maegor n’était pas arrivé aux oreilles des habitants de Belle-Île et Willos étant devenu amnésique suite à son accident, il était loin de se souvenir des nouvelles des alliances entre les grandes familles de Westeros. Aussi, le fait que se Sire de Beaumarché propose un mariage à sa sœur ne le choqua pas le moins du monde. En revanche, le fait qu’il puisse proposer à une jouvencelle de haute naissance de le consommer en avance, si. Il regarda donc l’homme et son maitre d’un mauvais œil, mais il se mit néanmoins à rire lorsque l’homme évoqua la gifle n’imaginant pas un seul instant sa sœur faire cela. Par contre, se laisser berner par un beau parleur et perdre sa vertu sur une promesse en l’air, ça… elle était assez naïve pour tomber dans un tel piège, alors il allait garder un œil sur elle.

__ Je ne parie rien sur ce que va dire votre Seigneur, mais je mets 30 sous sur l’absence de gifle.

***

Rowena rendit son sourire à Maegor, mais cet alcool était vraiment trop fort pour son palais sensible. Cela lui rappela la morsure brûlante du plat épicé de dorne qu’elle avait eu l‘occasion de goûter au banquet à Port-Real. Un cuisant souvenir, bien que moins cuisant que les reproches glaciaux d’Eddara suite à son ivresse. Mais hé, tout comme à Dorne por la mariage du Prince Edmund, paix à son âme, la vieille acariâtre n’était pas là et cela grisait la jouvencelle peut-être encore plus que cette verveine qui lui montait à la tête, mais lui brûlait la langue et les lèvres. En écoutant Maegor lui dire qu’il croyait en lui et en ses hommes, elle fit passer cette douloureuse sensation avec un peu de vin chaud tiède. A quoi d’autre pouvait croire un seigneur ? La question la prit au dépourvu, mais devait-elle vraiment répondre. Elle se le demanda en le regardant avec des yeux ronds avant de se contenter du petit sourire et d’acquiescer en silence.

Suite à ces propositions un peu confuses et hésitantes, il répondit qu’il lui proposerait bien de l’inviter dans sa chambre pour en discuter. Évidemment oui, c’était un lieu un peu moins exposé, mais elle se demanda si c’était néanmoins une bonne idée. Ne valait-il mieux pas le faire dans un autre endroit, vraiment à l’abri de tout espion, ou de toute personne trop bavarde. Car oui on parlait bien là de félonie et elle en était parfaitement consciente. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle tremblait tant et que le seul moyen qu’elle avait trouvé pour cacher un peu ses mains frémissantes était de les poser sur ses cuisses, ou plutôt de les appuyer sur sa robe. Elle ne s'était même pas rendue compte qu’à présent elle en agrippait le tissu. En tout cas, ne pensant pas un seul instant que les intentions de Lord Desdaings soient autre que de discuter, elle ne voyait pas le mal dans le fait de monter avec lui, mais quand il évoqua Willos, elle releva que celui-ci n’avait plus l’air aussi détendu que la dernière fois qu’elle l’avait regardé.

__ Ce n’est pas mon chevalier, c’est mon frère. Il peut venir avec nous.

Répondit-elle en souriant. Il s’excusa alors, sans qu’elle comprenne tellement pourquoi et lui tendit la main en souriant. Elle s’en saisit et se leva à son tour avec un sourire toujours avenant sur les lèvres, puis elle posa sa main sur le bras du Sire de Beaumarché. Willos n’avait rien raté de la scène et même s’il n’entendait rien, maintenant il savait qu’il devait se méfier de cet homme.

__ Vous jouez avec moi ? Comment ça ?

Demanda-t-elle avant d’ajouter.

__ Montrez-moi.

Elle aurait pensé que c’était dans le Nord qu’il avait ployé le genoux, mais soit, elle ne se souvenait plus très bien de ses cours d’histoire et elle détestait les récits de bataille, ça lui donnait la chair de poule, alors elle en les avait jamais écouté que d’une oreille distraite. Mais peut-être que ce subterfuge, cette balade si galamment proposée n'avait pour but que de les éloigner tous deux des oreilles indiscrètes ? Elle se le demanda au bout d’un moment, surtout quand il parla des cerfs des roses et des personnes dignes de servir le peuple. Si Megalis l’entendait, elle deviendrait blême, ou peut-être rouge de colère, jamais une Farman ne devait se laisser gouverner par le peuple et ne devait gouverner pour le peuple. Mais la Perle de Mer trouvait cette idée jolie, ce concept lui plaisait.

La jouvencelle rougit violemment quand il l’effleura, pas tant à cause du geste qu’à cause des paroles murmurées alors. Cela rejoignait le peu qu’elle savait des plans de sa sœur, de sa famille. Elle avait eu la chance de tomber sur le bon interlocuteur donc, ou de savoir cerner qu’elle n’avait pas face à elle un loyal serviteur du Roi actuel. Il lui demanda quelle type d’alliance elle voulait nouer et Rowena ne sut que répondre, pas dans l’instant, elle était décontenancée par la question, mais surtout par le fait que c’était la première fois qu’elle devait répondre à une telle question. Elle n’avait jamais pensé être impliquée directement dans les complots des Farman, elle ne l'avait d‘ailleurs jamais voulu, mais maintenant qu’elle y était jusqu’au cou, elle devait se montrer digne de la confiance que lui accordait la Lionne. La pression se fit sentir dans sa poitrine et elle baissa la tête et se laissa guider par Maegor. Ils passèrent devant Willos et elle n’osa même pas le regarder. Pour autant, celui-ci n’attendit pas longtemps après eux pour sortir de l’Auberge.

La blonde suivit le Desdaings en silence un moment en essayant de retrouver une respiration normale à grand renfort d’inspirations profondes. Le sol sous ses pieds, boueux et glissant semblait se dérober, elle relava le bas de sa robe pour ne pas la salir. Dans la nuit noir, elle avançait prudemment, se retenant plus fermement au bras de Maegor pour ne pas trébucher sur une racine ou dans un trou, ni glisser sur la terre détempée par les pluie de l’automne. Le croissant de lune se reflétait dans ses cheveux dorés, leur donnant une teinte presque argentée, toujours silencieuse, elle attendait qu’ils s’éloignent encore tout en cherchant ses mots. Une fois qu’elle les eut trouvés, elle se les répéta des dizaines de fois pour ne pas bégayer. Elle pensa à l’assurance de Megalis et aux regards d'encouragement de Willos. Elle repensa aussi aux remontrances de sa grand-mère et aux regards de glace de Luthor. Aucune d’eux, n’est-ce pas, ne la croyaient capable de trouver le moindre allié et de faire ce qui devait être fait pour le triomphe des Farman et des Reyne. Alors elle se répéta encore les mots pour être sûre, puis, une fois qu’elle les connaissait par cœur, une fois qu’il venait dans son esprit avec fluidité et aisance, elle s’arrêta et fit face au Sire de Beaumarché et… toute son assurance si évidente l’instant d’avant s’envola, mais elle commença malgré tout.

__ Une… Je…

Calmes toi, respires. Elle respira profondément.

__ Une alliance qui nous permettrait de…

Tu parles de trahison non d’un chien, fais le au moins sans trembler. Elle baissa les yeux, ce serait plus facile sans le regard

__ Prendre les couronnes qui vont si mal aux têtes de nos suzerains et qui perdurerait après que les anciennes familles régnantes soient tombées et que nos royaumes respectifs aient repris leur indépendance.

Dit-elle finalement un peu précipitée mais presque sans que sa langue ne fourche. Il faisait frais, elle s’en rendit compte en prenant une grande goulée d’air, mais il était trop tard pour faire demi tour et retourner à l'intérieur pour prendre son manteau. De la fumée s'échappa de sa bouche alors qu’elle expirait en frissonnant en relevant ses yeux noisettes sur le Seigneur en priant pour ne pas s’être trompée sur son compte et finir pendue à cause de ses paroles.

Rowena Farman
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Jon couva d’un regard équivoque le couple formé par le Desdaings et la Farman qui, bras dessus bras dessous, sortait de l’auberge. Elle n’accorda pas un regard à son frère, et lord Desdaings lui fit un signe de tête. Dans le jargon de son seigneur, cela signifiait « suivre de loin ». Non pas que le Sire de Beaumarché avait besoin d’un Seigneur pour assurer sa sécurité, contrairement à tout ces nobliaux oublieux des arts guerriers, il n’était pas fou. Les Tully rodait encore dehors, et il avait une femme à défendre, une personne inutile en cas de conflit qui pouvait s’avérer imprévisible.
Alors, silencieux, il vida son godet et prit la suite du Farman qui sortait de l’auberge.

- Et alors, ser ? Vous posez des questions, mais vous n’avez pas dit c’que vous fichiez si loin de Belle Île.

Jon prit la suite du couple, bien décidé à en apprendre le plus qu’il pouvait… et empocher quelques sous au passage.

*

Maegor la guida sur le sentier du sous-bois. Il aimait bien cet endroit, et la lune qui montait était belle ce soir. Il n’avait pas répondu à ces précédentes questions et, suivit par les ombres silencieuses, il lui répondit à voix basse. Son frère n’avait nul besoin d’entendre leur conversation, sa présence était d’ores et déjà… contraignante.

- Le soldat que je suis aime s’aventurer sur de nouveaux champ de bataille, particulièrement dans des escarmouche telle que celle-ci.

Il eut un léger gloussement. La pucelle était si innocente, à rougir alors qu’il l’avait à peine effleuré… S’il avait eut moins de scrupule, s’en était fait d’elle, mais son noble frère qui les suivait ne serait sans doute pas d’accord avec lui. Maegor avait du mal à saisir les subtilité que la noblesse leur accordait : la chasteté des femmes, la dignité des hommes… Tout cela datait d’un temps où les hommes partageaient des valeurs communes de noblesse et de suzeraineté. Si ça ne tenait qu’à lui il…

Ils arrivèrent à la clairière ; des ormes les entouraient, leurs feuilles se balançant au gré des vents. La Farman inspirait longuement, cherchant ses mots. Et puis son hésitation fit place à une réelle détermination. Sa poitrine qui se gonflait se fit fière, son menton, droit. Elle n’osait le regardait dans les yeux, et c’est le regard baissé qu’elle mis en voix sa félonie.

Elle respira, reportant son regard sur lui. Sa félonie, ou le frais de la nuit la faisait trembler. D’un mouvement d’épaule, il ôta son gilet de voyage, et, sans un mot, passa derrière elle pour lui en draper les épaules. Il dégagea ses cheveux, et, la tenant toujours, la fit se tourner vers lui. Il n’était pas bien plus grand qu’elle, la couvant d’un regard émerveillé.

- Lady Rowena Farman…

Il baissa la tête en signe de respect.

- Jamais je n’avais rencontré quelqu’un qui partage mes idéaux. A l’endroit où nous nous trouvons, un roi à ployé le genou devant un dragon. Cet endroit, j’en ferai le tombeau des Tully et de toute l’infamie qu’ils représentent, et m’engagent à joindre mes forces aux vôtres. Une nouvelle ère est sur le point de commencer, une ère qui changera à jamais la face de Westeros, ou qui mènera les royaumes à la ruine.

Une détermination sans bornes brillait dans les yeux bleus du Desdaings, une excitation manifeste. L’idée de lever son ost, de marcher sur Vivesaigues de…

- Toute ma vie, j’ai attendu cet instant… Nous ne sommes plus seuls.

Il lui saisit les mains, oubliant toutes les règles de bienséance qu’on lui avait inculqué à coup de gifle.

- Que puis-je faire pour sceller notre alliance ? Je suis votre obligé.

Une chouette hulula, et, non loin, le lit de feuilles crissa.
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Maegor Desdaings

__ Nous cherchons des alliés.

Répondit froidement Willos à Jon qui avait décidé de le suivre dehors au grand désarroi du Farman qui se demandait s’il lui permettrait de surveiller sa sœur, ou plutôt Lord Desdaings et son comportement avec la jouvencelle. Pire, lui serait-il possible d’intervenir si les choses dérapaient, seul contre deux hommes avec une blondinette effrayée dans les pattes. Il pouvait deviner à son allure que le Sire de Beaumarché n’était pas le dernier des combattants, heureusement, ce n’était pas non plus son cas. Alors qu’il réfléchissait à tout cela, il ajouta, comme pour arrondir les angles.

__ Le Conflans a subi beaucoup de pertes dans les dernières guerres. Les anciennes amitiés n’ont plus court, il nous faut retisser des liens avec les riverains, nos voisins.


***

Des escarmouches telles que celle-ci ? Il devait parler de la courte bagarre de tout à l’heure se dit-elle en le suivant sur le sentier. Elle avançait lentement et prudemment pour ne pas trébucher dans la nuit, se raccrochant au bras solide de Maegor pour se donner un appui. Ignorante des pensées du Seigneur, elle n’imaginait pas un seul instant qu’il envisage de faire quoi que ce soit d’autre que de discuter. Le sujet était déjà bien assez grave et angoissant pour elle en vérité. Heureusement, son frère veillait sur l’ingénue, il avait d’abord pensé rester assez loin, mais puisqu’il avait un compagnon qui annihilait toute possibilité de discrétion, il marchait à seulement quelques mètres derrière.  

L’étrange couple s'arrêta dans une clairière d’où la lune irradiait de toute sa beauté éclairant les arbres qui les entouraient d’un halo argenté. C’était magnifique et Rowena aurait dû le remarquer et s’en extasier, mais elle était bien trop concentrée sur ce qu’elle devait dire à ce moment-là. Puis elle lui dit ce qu’elle préparait depuis plusieurs minutes. Enfin elle lui révéla ses intentions, enfin elle leva le voile sur les sous entendus. Elle avoua la trahison, la rébellion qui couvait chez les Farman. Alors un sentiment étrange s’empara d’elle, la fierté d’être parvenue à parler presque sans hésiter, et la peur d’être bientôt emprisonnée pour être pendue haut et court. Elle frissonna et sans hésiter, il la couvrit de son épais gilet, passant derrière elle dans le calme nocturne pour le poser sur ses épaules avant d’attraper ses épais cheveux ondulés pour les dégager.

Rowena ne remarqua les merveilles de la nuit, les jeux d’ombre et de lumière, qu’à ce moment-là, l’instant juste avant qu’il ne la fasse tourner et qu’elle retrouve son visage. Et évidemment cette vision la subjuga, la jeune femme ne pouvait pas masquer sa joie et son enthousiasme devant cette image. Ainsi quand elle lui fit à nouveau face, elle avait un large sourire et un regard pétillant, comme à chaque fois qu’elle se délectait de la beauté du monde. Sa bouche était encore entrouverte devant ce paysage que la nuit rendait magique quand elle croisa le regard du Desdaings, mais elle n’y vit alors rien d’effrayant qui lui aurait fait baisser les yeux. Non, il y avait tout autre chose et elle ne saurait définir quoi, alors elle l’écouta attentivement sans totalement parvenir à effacer son air joyeux.

En écoutant les paroles de Lord Desdaings, elle fut soulagée d’entendre qu'il partageait ses idéaux. Elle ne finirait pas pendue pour félonie, enfin pas à cause de cette conversation et un énorme poids s’envola de ses épaules, ne laissant que le gilet du jeune homme pour lui réchauffer le corps et le cœur. Certes il pouvait mentir pour mieux la piéger, mais c’était bien trop fourbe pour qu’elle y songe.  Restait tout de même qu’elle ne partageait rien du tout, elle ne faisait que transmettre le message de sa sœur, enfin le peu qu’elle en savait et elle paniqua légèrement à l’idée de devoir développer. Elle n’avait ni idéaux, ni conviction et encore moins envie de déclencher une guerre, mais pour sa famille, elle était prête à oublier ses désirs et ses aspirations pour se dévouer à leurs projets. Elle était prête à se soumettre entièrement aux plans de Megalis et elle commençait à se douter que Nymeros n’en ferait pas partie mais qu’elle finirait mariée à n’importe quel seigneur que la Lionne jugerait bon qu’elle épouse. Mais de toute façon, elle avait toujours su, au fond, qu’elle obéirait docilement aux choix de sa famille. D’ailleurs, elle l’avait toujours fait.

La Farman était heureuse que le Desdaings rejoigne les projets de Megalis, mais elle ne s’attendait pas pour autant à une telle promesse, à une telle ferveur et elle voyait sous ses yeux le plan de sa sœur et celui de Magor se rejoindre et se renforcer. Elle voyait la guerre qui venait de faire un pas de géant et la peur s’empara d’elle, parce que les lubies de la Lionne devenaient soudainement bien plus réelles. Devait-elle en être fière ou terrifiée ? Les deux, elle était les deux en même temps. Elle ouvrit de grands yeux pleins de surprise fixant le Sire de Beaumarché, puis elle regarda ses mains dans les siennes, les serrant pour ne pas frémir. Mais quand il demanda comment sceller cette alliance, elle ne trouva aucune réponse et chercha son frère des yeux. La chouette la fit sursauter, le crissement la fit couiner et elle se mit à respirer plus vite avant de se mettre à déblatérer quelques informations en désordre.

__ Je… je n’en sais rien. Je ne… connais pas les plans de ma sœur. Tout ce que je sais c’est… c’est qu’elle veut la fin des Lannister, la fin de… de la Main, la fin de la… paix et des six couronnes.

Willos quant à lui était coincé avec Jon et en l’absence d’information sur leur conversation, il n’avait aucune raison d’intervenir. Même le fait qu'il lui prenne les mains n'était pas suffisant pour les séparer, d’autant que ce qu’avait dit Rowena semblait avoir fait mouche, il ne voulait pas tout gâcher. Pour se rassurer elle-même plus que pour rassurer le Desdaings, la blonde ajouta :

__ Et… nous ne sommes pas seuls.

Rowena Farman
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Âge : 19 ans
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♙Juste un pion dans leur jeu

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Jon tapait des pieds, maudissant son Sire de vouloir épater sa belle et le traîner ainsi dehors, dans la nuit, loin de la taverne, de la bière de la taverne, de la chaleur de la taverne. De la buée sortait de sa bouche tandis qu’il renâclait comme un cheval en compagnie du Farman.

- Des alliés ouais… Et vous voulez de Lord Desdaings comme allié ?

Aucun mépris dans la voix de l’homme d’arme, plutôt des sous-entendus. Ce type d’alliance, avec ce type de Seigneur… Il se fendit d’un sourire. Les intentions des Farman se firent plus claires désormais, mais il crut bon d’ajouter avec un petit rire.

- Il est encore marié, savez ?

Pour combien de temps encore ? La santé de Lady Desdaings déclinait, et son seigneur n’en avait cure.

*

Un étrange mélange d’assurance, de fierté et de terreur passait dans les yeux étincelant de la jeune femme. Elle s’accrochait à ses mains, les lèvres entrouvertes, ne sachant que dire, que faire. Apeurée. Effrayée tant par l’endroit, la situation dans laquelle elle se trouvait que par la présence de son frère et de Jon à quelques dizaines de mètres. Lady Farman n’avait pas fait attention à eux, mais Maegor savait que ce frère ne laisserait pas sa biche de sœur entre ses mains, seule trop longtemps. Mais que pensait-il bien pouvoir faire ? Ou plutôt, que pensait-il que Maegor pouvait lui faire ? Etait-ce Jon qui lui avait conté ses précédents déboires ?

La jeune dame sembla encore hésiter, et ses mots se firent une fois de plus décousu.

- En êtes vous sûre ? Vous servez votre sœur, soit. Mais vous parlez de félonie pour elle, vous mettez votre vie en danger. Vous dites vouloir défaire les Lions, la Main du Roi, les Couronnes. Vous vous retrouvez là, seule, dehors, dans le Conflans, au beau milieu de la nuit, pour votre sœur. Qu’êtes-vous donc, l’expression de ses désirs ?

Maegor eut un rire de gorge. Vraiment, l’éducation des femmes… Il n’y avait pas de juste milieu. Des braillardes qui auraient voulu être des hommes ou bien de petits êtres qui n’osaient pas exprimer leur désir comme celle-ci. Autant d’abnégation n’était pas naturel. Et s’il y avait une qualité qu’aimait Maegor chez les gens qu’il fréquentait était la spontanéité.

Il lâcha ses mains et vint saisir ses frêles épaules.

- Regardez-moi. Que voulez-vous, lady Rowena Farman de Belle Île ?

Il planta ses yeux dans les siens. Frêle créature. Effrayée par la vie. Maegor ne comprenait pas l’indifférence, ne comprenait pas qu’on pouvait risquer sa vie seulement pour l’amour des siens et de sa famille. Et si sa sœur l’avait envoyé elle, incapable de parler d’une cause enflammée… eh bien, Maegor n’avait que peu d’estime pour elle.

Alors, il fallait provoquer une réaction.

Il l’attira à lui, un sourire aux lèvres.

- Ne voulez-vous pas commencer à vivre par vous-même ?

Une belle rencontre, une belle alliance. Ce qu’il voulait maintenant, c’était une belle soirée.
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Cueillir la perle qui vient à soi

Maegor Desdaings


Edarra, la grand-mère des deux Farman était née Reyne. La dernière. Fomentant sa vengeance depuis des décennies, attendant le moment propice pour frapper. Elle avait façonné Megalis en ce sens, elle avait fait de Luthor la main de fer et de la lionne le gant de velours pour que le sang des Lannister éponge les pluies de Castamer. Car oui, ce maudit Lion de castral roc mort sur son trône troué qui puait le rat crevé et la merde avait laissé un de ses ennemis en vie. Ainsi, quand Jon comprit ce qu'il en était tout en posant sa question pleine de sous entendus, Willos se contenta d’un large sourire en guise de réponse.

La vieille mégère n’avait cependant pas pu s’emparer de l’âme pure de Rowena, pas plus que de l'esprit par trop taquin de Willos. Ils n’étaient pas ses instruments, mais ils étaient néanmoins loyaux à leur famille, alors cela revenait presque au même.

__ Ah ?


Fit Willos en apprenant que Lord Desdaings était marié. Il ne se comportait pas exactement comme tel avec sa douce sœur. Aussi il n’aurait pas pu le deviner avec sa caboche toute cabossée à l'intérieur.

***

La question de Maegor laissa la blonde jouvencelle sans voix. Qu'était elle ? L’expression des désirs de sa famille ? De Megalis ? Jusqu’ici elle n’était rien de tout ça. Elle n’était même pas cela. Juste le boulet inutile de l’illustre maison Farman. Elle n’était rien. Alors si par l'action qu'elle venait d'entreprendre elle devenait un peu plus que l'épine dans le pied de sa sœur, c’était une immense victoire. Mais pourtant, le Sire de Beaumarché ne semblait pas satisfait, lui, de la voir remplir sa mission. Pourtant elle n’aurait jamais pensé s’en sortir si bien ! Elle était fière d'elle. Mais un vent de panique et de tristesse serra son petit cœur de guimauve en entendant le rire du jeune homme.

Rowena baissa les yeux et murmura sa réponse.

__ Oui.


Pure vérité, aussi décevante soit elle. La jeune femme était ainsi faite que les années à rêver de ressembler un tout petit peu à sa sœur avaient fait d’elle sa plus humble servante et cela ne la dérangeait pas. En effet, malgré les risques et malgré la guerre qu'elle tendait à préparer en se tenant ici avec Lord Desdaings, elle se sentait enfin utile, moins sotte un peu, aussi.

Maegor saisit ses épaules. Elle sursauta et leva à nouveau les yeux vers lui. Un craquement dans le bois, un bruit de feuilles, c’était Willos qui faisait un pas vers eux, se précipitant au secours de sa sœur avant de comprendre qu’elle ne risquait rien. La naïve jouvencelle se mit à sangloter.

__ Moi, je veux seulement me marier et avoir des enfants. Chérir mon époux et m’occuper de lui et de notre famille. Moi, je veux la paix Sire… Mais la meilleure des défenses est l'attaque. Nous n’avons pas le choix, nous devons frapper les premiers. Père est mort dans une guerre menée par d’autres et pour d'autres, autant que la prochaine soit menée pour et par nous.


Répondit-elle d’une seule traite, convaincue et presque sans buter sur les mots, même si elle tremblait comme une feuille tandis qu’il l’attirait à lui. Elle avait bien essayé de vivre pour elle-même, c’était l’objet de son affection pour Nymeros. Oui et quoi ? Qu'est ce que cela lui avait apporté à part une immense déception et son premier chagrin d'amour ? Avant, quand elle n’avait ni désir ni d'ambition, au moins, son cœur ne pouvait pas être blessé. Mais elle savait que pour satisfaire Maegor elle ne pouvait pas dire non, alors, même si elle ignorait ce qu'il avait derrière la tête, elle se contenta de sourire

Rowena Farman
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Ce fut comme une lame. Une lame aussi tremblante qu’une feuille qui le transperça. Guerrier qu’il était, Maegor avait subit de nombreuses blessures, la plus grave ayant été un coup d’épée qui l’avait fendu de haut en bas. Trois semaines alité. Une sensation de déchirure, la douleur de sentir la chair de ressouder.

Mais ce que venait de lui infliger Rowena, c’était bien pire. Pour la première fois de la soirée, elle le fit hésiter.

- Je…

Le moindre de ces mots, de ces questions, semblaient la martyrisaient. Ce n’était pas son intention, même si, au début, il n’avait vu en elle qu’une blondinette avec laquelle jouer. Pouvait-il se doutait que la belle était porteuse d’un tel message, et par la même occasion, seulement l’instrument d’une machination ? Lui ne pouvait le concevoir ; ne pouvait concevoir qu’on se battait pour une cause autrement que pour tirer l’épée et défendre ce qui nous semblait juste. Elle… elle faisait ce qu’on attendait d’elle. Par amour.

Maegor lança un regard noir au Farman qui se détacha de l’ombre, Jon derrière lui.

Elle lui pleurait à la gueule la seule chose qu’il n’avait pu ni avoir, ni accomplir.

- Séchez vos larmes, ou votre frère aura une bien piètre opinion de moi.

Il lui sourit. Ca lui revenait. Tout ce qu’il s’appliquait à oublier, à mettre de côté. Certains auraient pu dire que les malheurs conjugaux du Seigneur Desdaings alimentaient sa rancune et sa soif guerrière, d’autres que l’état de sa femme et de son fils le poussait aux quatre coins de son domaine.

Son mariage, à quoi, seize ans ; son fils, infirme, inutile ; sa femme, autrefois aimante et audacieuse, une simple coquille vide maladive. Non pas qu’il était plus facile de passer un homme au fil de l’épée que de prendre soin de sa famille, non. Pas d’une telle famille ; car si Maegor leur portait autant de rancune c’était parce que les Dieux lui avaient pissé dessus, et, lorsque ce genre de malheur s’abat sur une famille, la seule chose qu’un seigneur peut attendre est leur intervention.

Vainement.

- Dame, puissiez-vous pardonnez le mécréant que je suis. Si votre réponse me rend aigri, c’est qu’elle représente la seule chose que je n’ai pas. Chérir une femme, les enfants… Voilà une chose qui ne se gagne pas par l'épée, et c'est tout ce qu'on m'a appris à être. Vous ne voulez que le bonheur des vôtres, je ne sais que fendre des crânes. La maison Desdaings servira cette cause du mieux qu'elle le pourra.

Boulets inutiles que les siens. Si seulement...

- La seule chose que je puisse faire, c’est partir à la guerre pour protéger un idéal que je n’aurai jamais. Alors, permettez…

Il saisit le fin menton de la blondinette et posa un baiser sur ses lèvres sans lui demander son reste.

Derrière lui, des bruits de pas. Etait-ce le frère qui voulait protéger la lady ? Maegor n’en avait cure. Au moins, il avait ainsi goûter à son futur bonheur, avant d’aller répandre le sang pour qu’elle puisse le conserver. Rowena l’avait d’abord ébloui, ennuyé, surpris, contenté. Si la rébellion qui s’annonçait était aussi douce que ses lèvres, Maegor pourrait s’y plonger à corps perdu.
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