[Port-Réal] [Event] Le Tournoi du Donjon Rouge - Jour 2

Aelinor ne fut pas convaincue le moins du monde par les explications de Nymeros et elle voulut demander s’il y aurait deux cadeaux. Cependant, les trompettes annonçant le but de la joute l’en empêchèrent et elle regarda l’échange avec la plus grande attention, mais cependant sans le moindre mouvement, se tenant telle une statue de marbre, même lorsque son oncle reçut un premier coup, même lorsqu’il frappa à son tour. Elle se garda de montrer un quelconque signe de déception lorsque Humfrey finit par être jeté au sol par Andar, se contentant de jeter un regard à Desmera en se levant pour applaudir le vainqueur du jour.


C’est alors qu’Andar s’approcha de la tribune pour désigner Megalis comme Reine d’amour et de Beauté. Un large sourire se dessina sur ses lèvres et elle posa son regard sur la Farman inclinant la tête un instant pour admettre sa défaite. Elle applaudit la Farman comme elle le méritait pour cette couronne de fleurs qui ornait désormais sa tête. La blonde regarda quelqu’un dans la tribune royale, mais la brune n’eut pas le loisir de suivre son regard et de se retourner brusquement pour voir qui elle regardait précisément. Ça n'était pas moins intrigant pour autant.


La Hightower avait toujours convoité ce titre, tout comme la blonde. Cette dernière l’avait donc eu et elle allait en entendre parler. Mais en ce jour elle avait reçu une toute autre bénédiction et si son géniteur qui, après avoir observé la défaite de son frère à un pouce de la victoire, s'était remis à la regarder de travers, elle avait néanmoins gagné la partie.


Désormais, grâce à Edmund, elle avait tout le temps d’attendre qu’Aegon revienne et pose sur son front une véritable couronne. Ainsi, même si elle se moquait de lui, elle lui était infiniment reconnaissante et son aide ne serait pas oubliée, pas plus que ne serait oublié le sauvetage de Jonas, ni la proposition d’Alceaerys, ni le fait que Megalis n’avait rien fait pour elle. Elle l’applaudit longtemps, elle l’applaudissait encore, la regardant avec un sourire amical, alors que tout le monde s’était rassit et avait cessé d’applaudir. Andar avait quitté la lice et Humfrey aussi, depuis longtemps. Alors seulement, elle reposa son noble séant sur le siège prévu à cet effet.

Humfrey avait rapidement quitté la lice, non seulement parce qu’il n’avait aucune gloire à trouver là où il n’avait été que second et qu’il avait un peu honte de n’avoir pas pu couronner Desmera Reine d’Amour et de Beauté, laissant le choix au soudard Valois. Mais également parce que le concours de tir à l'arc n’allait pas tarder et qu’il ne participerait pas en armure de plate, mais dans des vêtements beaucoup plus léger. Ainsi, quand Desmera souleva le pan de tissu de sa tente pour entrer, son écuyer avait terminé de défaire toute l’armure et il était sorti pour s’occuper d’Ebène. Le Hightower venait d’enlever son gambison et ne portait plus qu’une chemise de lin clair un peu humide du fait de son effort. Il fut surpris que la rousse jouvencelle lui rende visite si tôt, était-ce pour le baiser ? Si oui, il espérait ne pas sentir trop mauvais après s'être tant dépensé durant la joute. Il sourit en se tournant vers elle qui s’approcha rapidement et mit la main sur sa bouche. Il décida donc de ne rien dire. Pourtant il avait envie de lui dire qu’il ne méritait pas ce baiser parce qu’il avait perdu et qu’il était désolé de sentir un peu trop l’homme pour le nez fin d’une douce jouvencelle amatrice de bons vins. Mais il se tut et se contenta de plonger ses prunelles dans ses yeux vairons. Il ne bougea pas d’un pouce alors qu’elle retirait sa main de sa bouche, mais son regard glissa sur sa bouche sans qu’il puisse le retenir et la furieuse envie de l’embrasser qu’il avait le reprit. Mais ce fut-elle qui se hissa sur la pointe des pieds pour venir poser ses lèvres sur les siennes.


Alors, il prit tendrement son visage entre ses mains et tandis qu’elle fermait les yeux, il se mit à dévorer sa bouche avec passion avant qu’elle ne sursaute et s’écarte de lui. Trop vite à son goût, il aurait bien prolongé ce baiser encore un peu. Mais il la laissa mettre une distance raisonnable entre eux et mit ses mains derrière le dos pour être sûr de ne faire aucun geste déplacé à son égard. Il souriait jusqu’aux oreilles, ravi qu’elle soit venue, ravie d’avoir goûté ses lèvres, même s’il continuait de penser qu’il ne le méritait pas.

__ Merci à vous madame, de m’avoir fait l'honneur de vos couleurs et la grâce d’un baiser. J’espère me montrer à la hauteur de l’affection que vous me témoignez et des sentiments que j'éprouve pour vous.


Fit-il en s'inclinant avant qu’elle ne prenne congé. Il resta un moment sans bouger en regardant la porte et inspirant profondément avant de fermer les yeux pour graver ce baiser dans sa mémoire. Le premier baiser échangé la femme qu’il voulait protéger de tous les danger., qu’il voulait chérir jusqu’à ce que la mort les sépare et qu’il espérait faire sienne pour la vie dans les liens sacrés du mariage. Mais d’abord, il devait s’en montrer digne et aller gagner ce concours de tir à l’arc. Après tout s’il devenait son maître pour lui enseigner l’art de l'archerie, autant qu’il soit aussi son champion en la matière a défaut d’avoir remporté la joute et de lui avoir posé la couronne de fleurs sur la tête.


Il termina donc de se préparer, changeant de chemise, constant sans surprise que les assauts d’Andar avaient laissé de beaux bleus et enfilant un long gambison blanc brodé d’entrelacs et de tours d’argent. Il y ajouta un brassard de cuir noir avec une plaque d’argent finement ciselée d’élégants motifs floraux. Après l’avoir soigneusement lacé, il boucla une ceinture de cuir noir avec une boucle frappée de la tour de Villevieille avec sa flamme. Il sortit avec son arc et son carquois pour se diriger vers le pas de tir.

__ Dame Cendrgué ? Vous participez au concours de tir à l'arc ?


Demanda-t-il surprit de voir une dame, qui plus est une bieffoise se montrer sur la lice royale avec une arme. Il s'inclina avec un sourire tout en espérant qu'elle n'ait pas vu Desmera entrer ou sortir de la tente grise à l'entrée ornée d'oriflammes Hightower.

La nouvelle Reine d’Amour et de Beauté rendit son sourire à Aelinor qui cessa bientôt de battre des mains. Elle venait de se rassoir quand elle entendit la voix de Bronn juste à côté d’elle. Elle sursauta avant de se tourner vers lui en affichant son plus beau sourire.

__ Lord La Néra, quelle joie de vous y croiser.


Répondit-elle, toujours armée d’un simple sourire, la voix assurée et même joviale, trop contente de son coup de maître pour qu’il en soit autrement. Et pourtant, son cœur battait à tout rompre, elle avait l’impression que tout le monde allait l’entendre. Seule sa respiration un peu haletante et le gonflement exagéré de sa poitrine trahissait son état. Elle empêcha son regard de glisser vers Edmund pour l’appeler à l’aide, au lieu de cela, elle regarda le bras qu’il lui proposait et plongea ses yeux dans ceux du reître, papillonnant des cils pour chasser la peur de ses prunelles azur.

__ Nous ne pourrons plus nous promener au bras l’un de l'autre mon cher, je le crains. Je suis fiancée à présent.


Aelinor sourit, aussi calme que possible et désigna Edmund d’un geste de la main en profitant de ce geste pour enfin, pouvoir le regarder lui, le suppliant du regard de ne pas la lâcher maintenant.

__ Je vais épouser Lord Damion Gargalen, le frère de son Altesse le Prince de Dorne Edmund Gargalen.


Tandis qu’elle priait la mère pour sa miséricorde et la jouvencelle de la garder de Bronn, elle aperçut son père qui la regardait au bas de la tribune. Car pendant ce temps, Baelor avait quitté à son tour la tribune de la noblesse pour attendre sa fille au pied de l’escalier menant à la tribune royale. Il était furieux, mais lui aussi souriait pour donner le change, inclinant la tête et saluant les hommes et les femmes qui avaient l’honneur de prendre place aux côtés du Roi. Il était suffisamment près pour avoir saisi ce que disait Aelinor, suffisamment en public pour ne pas l'attraper par les cheveux pour lui mettre la rouste de sa vie et trop loin cependant pour la forcer à le suivre et avoir une petite discussion avec elle en privé. Pour autant, s’il avait bien entendu, elle avait mis en place un plan qui avait une chance, non seulement de contrer Bronn, mais également de l'empêcher de refuser le mariage bien qu’il ne soit ni prononcé ni consommé.

En vérité, rien ne sonnait bien avec Gargalen, il fallait bien l’avouer, mais la jouvencelle faisait contre mauvaise fortune bon cœur et après tout elle aurait été prête à s'appeler véritablement Aelinor Gargalen pour le titre de Princesse. Elle pouvait bien porter ce nom pour échapper à un mariage forcé avec Bronn la Néra le cancrelat. Desserre les mâchoires, il va voir que tu le hais. Sourire, toujours sourire. Et discuter comme si de rien n’était, comme s’il n’avait pas emprisonné Baelor à Hautjardin deux ans plus tôt. Tout le monde se souvenait, chaque Hightower, chaque seigneur du Bief, chaque personne un tant soit peu attachée à la grandeur de cette région et à l’histoire de Villevieille et de Hautjardin. Et Bronn également, bien sûr, même s’il faisait mine de rien. Tous savaient la pièce qui était en train de se jouer ici.

__ Lady Aelinor Gargalen, Dame de Salrivage…


Prononça-t-elle en faisant mine de réfléchir à l’harmonie des sonorités dégagées par ce titre, dodelinant de la tête et agitant ses doigts comme si elle avait une lyre entre les mains, avant que son sourire se fasse plus espiègle.

__ Oui, cela sonne très bien vous avez raison ! Moi qui pensais que vous n’y connaissiez rien en musique.


Edmund je t’en supplie dis quelque chose. Bronn n’avait pas compris que ses vassaux ne lui obéiraient que s’il gagnait en légitimité et qu’il aurait eu une chance, après la rébellion des Peake de gagner cette légitimité en gagnant le soutien des Hightower. Ce jour-là, il avait raté une bonne occasion de se mettre Baelor dans la poche et de mettre Aelinor dans son lit. S’il n'avait point été trop gourmand et arrogant et avait su accepter de restituer les fiefs des vassaux rebelles à Villevieille, il aurait sans doute fait l’affaire du siècle. Il aurait alors pu avoir le soutien de l’une des plus riches et plus puissantes familles de Westeros, les faiseurs de roi. Il aurait eu des enfants au sang d’un bleu d’une pureté de saphirs, des troupes, un port, la plus grande et la plus ancienne cité du continent à son service. Mais plus il se montrait tyrannique dans ses actes et irrespectueux dans ses paroles, plus il perdait des soutiens et plus les Hightower en gagnaient…

__ Tout l’honneur est pour moi Lord La Néra.


Répondit donc l'aîné des Hightower du bas de l’escalier avant d’y monter prudemment de peur que les gardes ne l’arrêtent. Ser Garth se tenait, stoïque, auprès du Roi des Six Couronnes, non loin de là. Il reprit.

__ Mais bien évidemment Lord La Néra, nous avons toujours à cœur de préserver la paix du Roi.


Qu’avait promis Aelinor au Prince de Dorne pour arriver à lui faire signer des fiançailles avec son frère. Comptait-elle vraiment se marier avec Lord Damion juste pour faire enrager son paternel ou voulait-elle le soutien de Dorne pour d'autres raisons plus obscures ?

__ La paix et le commerce bien sûr.


Ajouta Baelor en regardant Edmund avec un sourire. Connaissant sa fille, elle avait négocié une alliance commerciale entre Villevieille et Lancehélion en échange de ce mariage. Une bonne chose pour eux tous, sur ce point il ne pouvait que cautionner son action.

Humfrey se demanda s’il n’avait pas effrayé Ombeline, mais il n’eut pas le temps de comprendre pourquoi elle avait tressailli qu’il croisa le regard de son demi-frère. Pourquoi tant de haine dans le regard de Duncan Flowers le bâtard de Cendregué ? Le chevalier était surpris, mais se contenta de sourire en retour à ce regard noir qu’il ne comprenait pas, pas plus que sa réplique d’ailleurs.

__ Nullement Ser Duncan. Si les femmes avaient le droit d'apprendre à se défendre, le Bief ne s'en porterait que mieux.


Pour celui qui prétendait à un mariage matrilinéaire basé sur l'amour et le respect, il n'y avait pas le moindre doute sur la capacité des femmes à tirer à l'arc ainsi qu'à gouverner. Son frère n'aurait peut-être pas été en accord avec lui, mais Baelor n'était pas là pour le contredire et il avait laissé les mains libres à sa fille sur bien des aspects, donc il ne pouvait pas être convaincu que le soit disant sexe faible n'était bon qu'à se taire et engendrer des héritiers. Par contre il était moins adepte des combats au corps à corps pour les femmes il aurait beaucoup de mal à en combattre une et encore plus à en laisser une s'exposer autant. On ne se refait pas, on est protecteur où on ne l'est pas.

__ Mais je dois avouer que j'ignore à quoi nous pourrions encore servir et comment nous pourrions encore justifier notre préséance.


Le chevalier se mit à rire en espérant détendre un peu l'atmosphère emplie de la colère du jeune homme. Il s'inclina et ajouta :

__ Je vous souhaite bonne chance Dame Ombeline et à vous aussi Ser Duncan.


Au fait de femme qui apprenait à se défendre, il avait oublié de mettre le ruban de Desmera sur son gambison. Diantre ! Il retourna immédiatement à sa tente pour réparer son erreur puis alla se placer sur la lice. De là il aperçut le manège qui se jouait dans la tribune royale. Bronn était bien trop près d'Aelinor à son goût. Il passa la main au-dessus de son carquois et se ravisa, cherchant la Redwyne du regard pour s'assurer qu'elle était en sécurité. Dandelion se tenait avec elle et il posa sur son chevalier un regard entendu. Sa nièce avait avec elle son père, son oncle Garth et des hommes de Grand Tour non loin. L'épée lige de la rousse jouvencelle ne devait en aucun cas la laisser.


Très calmement, il posa son carquois rempli de flèches empennées de deux plumes blanches et d'une noire à côté de lui, au plus près de ses doigts, tenant l'arc dans la main gauche.