Les gardes laissèrent Baelor monter les premières marches menant à la tribune mais l’arrêtèrent avant qu’il ait pu atteindre sa fille, Bronn et le Prince, il continua cependant la discussion.

__ Nous éclairons la voie votre Altesse, celle vers la paix et la prospérité pour le Bief, mais également pour tous ceux qui vivent dans la lumière des Sept. Puissions nous montrer l’exemple et faire montre d’honneur...


Il posa les yeux sur Aelinor, toujours souriant, mais son regard aussi froid que celui de sa fille quand elle était en colère.

__ Et d'obéissance envers les enseignements divins.


Baelor reporta son attention vers Edmund.

__ Je viendrais avec plaisir, excepté si Villevieille est attaquée par les Fer-Nés, j’espère alors que vous ne me tiendrez pas rigueur de mon absence.


Un Hérault annonça le concours du tir à l’arc et désigna le terrain, Baelor profita du mouvement de foule pour saisir Aelinor par le bras. Cette dernière essaya de se dégager et il serra plus fort ses mains calleuses de chevalier ayant maintes fois jouté et maintes fois guerroyer sur la frêle jouvencelle qui retint un gémissement. Pour autant, il ne dit rien, trop d’oreilles indiscrètes pourraient les entendre malgré le brouhaha de la masse des spectateurs. La brune qui commençait à avoir des fourmis dans le bras et serrait les dents sous le coup de la douleur, souffla cependant :

__ Père vous me faites mal.
__ Tais toi et n’essaye même pas de me fausser compagnie. Si je dois envoyer mes hommes te chercher ce sera par la peau des fesses et cette fois je ne t’épargnerais pas une humiliation publique.


Aelinor n’essaya plus de s’extirper, ni ne broncha, ni ne pleura, ni ne tenta quoi que ce soit pour s’éloigner de son seigneur et père. Entendit seulement l'ignoble chanson du barde tandis qu'ils s'éloignaient de la délégation dornienne et du terrain par la même occasion.

Les deux Hightower se retournèrent en entendant Bronn les interpeller, la surprise se lisant sur leurs deux visages Baelor lâcha précipitamment le bras de sa fille qui resta néanmoins à côté de lui sans oser poser les yeux ni sur son père, ni sur le reître. C’est plutôt l'éloignement avec Grand-Tour qui a fait perdre le nord et toute notion d'obéissance filiale à Aelinor. se dit le Sire de Villevieille en serrant les dents. Mais il ne pouvait décemment pas avouer au gouverneur de Hautjardin que la brune avait désobéit et signé un contrat de fiançailles auprès d'un homme sans en parler au préalable avec son père et sans se soucier de ce que ce dernier avait déjà pu signer avec Lorent Caswell alors qu’elle savait parfaitement quelle était précisément la volonté de son géniteur. Un sourire se dessina donc sur son visage et un mensonge sortit de sa bouche.

__ Aelinor se sentait mal, je l’accompagnais à ma tente pour qu’elle se repose.


Cette dernière ferma les yeux, le moindre regard au Lord La Néra de sa part ne ferait qu’empirer l’ire de son paternel et ne pouvait rien apporter de bon. Si Baelor dérapait dans ses propos et dévoilait qu’il n’avait pas approuvé le mariage, s’en était fini de son plan pour lui échapper. Si Bronn se rendait compte de la supercherie, elle serait piégée. Alors valait il mieux affronter la colère de son père qui n’avait jamais été violent envers elle avant ce jour ou être tirée de là par un homme qui avait osé emprisonner un Hightower, le menacé d’être exécuté et se comportait comme un rustre. Cet élan chevaleresque, elle n’y croyait pas un instant, le reître voulait juste fourre son nez dans leurs affaires de famille.

__ Père… Je…


Elle parla d’un voix faiblarde et posa la main sur l’épaule du Hightower.

__ Je crois que je vais m’évanouir…


Fit elle avant de trébucher pour tomber dans les bras de Baelor afin de ne pas salir LA robe. Ce dernier connaissait suffisamment bien sa fille pour savoir qu’elle jouait probablement la comédie, mais il la prit dans ses bras, la portant comme une princesse pendant qu’elle passait ses bras autour de lui et enfouissait son visage dans son cou. Elle murmura :

__ Je suis désolée.


Une étreinte qui eut le don de le calmer. Il grogna un peu, il était toujours furieux de sa désobéissance et ne comptait pas laisser cela impuni, mais c’était sa fille, il l’aimait, et toute la violence qu’il avait envers elle quelques instants plus tôt commençait à quitter son corps. Alors oui, Bronn La Néra, l’homme que tous les Hightower haïssaient, venait de rendre un immense service à Aelinor et probablement à toute la famille. Baelor n’avait pas pour habitude de lever la main sur les femmes et il avait ne mesurait pas sa force, il aurait pu la blesser sérieusement, il s’en rendait compte maintenant et s’en voulait d’avoir voulu la corriger avant même d’avoir entendu ses explications.

Baelor mentait sans aucun doute, s’il avait voulu aider sa fille à marcher, il ne lui aurait pas broyé le bras tant et si bien qu’elle avait toujours mal et porterait probablement un hématome pendant plusieurs jours. Mais l’intervention de Bronn avait eu le don de resserrer les liens qui l’unissaient à Aelinor et de lui donner le temps de réfléchir à ce qu’il avait eu l’intention faire en premier lieu. En un sens, il aurait pu lui en être reconnaissant, et la brune encore plus car cela lui avait évité de devoir mettre de la poudre sur son visage marqué pour dissimuler le coup d’un père furieux pendant le reste de la semaine. Mais avec les antécédents entre leurs deux maisons, il n’y avait ni négociation ni pardon possible à moins que ce dernier ne commence par s’excuser.


Le Hightower porta donc sa fille vers sa tente. Celle-ci entendit Bronn dire qu’il allait les accompagner et le Sire de Villevieille ne l’en empêcha pas. Elle devrait jouer la comédie plus longtemps que prévu. Mais à ce moment-là il y eut une autre voix qu’elle ne reconnut pas et elle ne pouvait pas lever la tête pour voir qui s’adressait à son père. Ce dernier se retourna.

__ Lord Cendregué. Bonjour.


Tu es inconsciente, tu es inconsciente, ferme la et ne bouge pas. se dit la jouvencelle

__ Je lui ferai passer le message quand elle ira mieux. Elle se fera certainement une joie.


Est-ce que tout le monde avait l’intention de l’interrompre ainsi ? Aelinor était menue, mais elle n’était plus une enfant de dix ans qu’on porte si aisément et il ne pourrait pas rester ainsi des heures à discutailler.

__ C’est très aimable à vous, mais j’ai mon propre Mestre. Aelinor enverra un message à Lady Cendregué pour convenir de la rencontre dès qu’elle le pourra.


Cette fois, il était bien décidé à aller jusqu’à sa tente et à poser Aelinor sur son lit et c’est ce qu’il fit. Les gardes Hightower s’agitèrent quelque peu en voyant le Sire de Villevieille débarquer avec sa fille inconsciente dans les bras et suivi par le Grand Argentier. L‘un d’eux écarta le pan de la porte pour que son seigneur puisse s’y introduire et ce dernier lui donna l’ordre de laisser entrer Bronn La Néra et d’appeler le Mestre avec des sels. Enfin, il put poser la brune sur son lit. Brune qui garda les yeux fermés, respirant calmement pendant que Baelor posait une couverture sur elle.